Les Somnambules : Le livre de Chuck Wendig

Ce livre dormait (je n’ai pas pu résister !) dans ma PAL depuis un moment quand Yvan du blog « EmOtionS, blog littéraire » en a reparlé avec enthousiasme dernièrement dans une de ses chroniques dont il a le secret… Merci à toi ! Du coup, cela m’a donné envie de découvrir ce pavé post apocalyptique original de 1165 pages. Je me suis fait happer par ce récit choral tout à la fois terrifiant, dur mais également très fort humainement. L’histoire démarre presque comme un roman de zombies. Nessie, une jeune américaine de quinze ans, quitte soudainement la ferme familiale pour marcher droit devant elle. S’apercevant de son absence, sa sœur aînée, Shana, 18 ans, se lance à sa poursuite et tente en vain de la faire revenir à la maison. Nessie qui se tient très raide ne répond pas à sa sœur, ses yeux sont grand ouverts, immobiles et morts. Quand Shana essaie de la forcer à s’arrêter, la température de Nessie monte en flèche et elle commence à convulser… Shana après avoir prévenu leur père, n’a d’autre choix que de la suivre. Nessie est ainsi la première « somnambule » à s’être mise en marche, elle sera bientôt rejointe par de nombreux autres marcheurs. Petit à petit, ils vont former un troupeau de plusieurs centaines de personnes qui semblent ne plus être vraiment là et n’avoir qu’un objectif : marcher sans s’arrêter. Avec chaque somnambule, un ou plusieurs membres de sa famille se mettent généralement à les suivre pour les protéger et s’en occuper. On finira par les appeler les bergers. Des médecins et des scientifiques vont venir également suivre ces somnambules pour tenter de comprendre ce phénomène tellement étrange et pour beaucoup effrayant. Dans une Amérique divisée, où les suprématistes blancs veulent absolument prendre le pouvoir, les citoyens prennent peur et ne savent plus à quel saint se vouer. Dans ce contexte difficile, un pasteur se retrouve sous influence d’un suprématiste blanc, Ozark Stover, homme violent et charismatique, trafiquant de drogues et préparant une insurrection. Ce pasteur, Matthew Bird, diffusera presqu’à son corps défendant, des messages de haine contre ces « pèlerins du diable », ce qui déclenchera des évènements dramatiques en cascade. Les ennuis arrivant rarement seuls, une pandémie incontrôlable, le masque blanc, apparaît et décime dans la violence et la folie, la population. L’humanité est en grand danger. Pour information, ce livre a été écrit avant la Covid, qui paraît paradoxalement vraiment infime par rapport à ce terrible masque blanc. Si si je vous assure ! La folie règne en maître sur la planète et en particulier aux Etats-Unis. Dans ce récit passionnant et haletant, des personnages forts résonnent plus particulièrement au fil de toutes ces pages… Certains pour leur bonté, leur empathie, leur intelligence et leur courage, d’autres au contraire pour leur lâcheté, leur malveillance et leur cruauté. L’auteur décrit avec finesse et brio une Amérique aux prises avec le racisme, la violence et la division. Ce portrait des Etats-Unis ressemble furieusement à la société actuelle avec au programme le réchauffement climatique, l’intelligence artificielle, le racisme, les pandémies etc. J’ai beaucoup aimé ce roman puissant, intelligent, humain et instructif. Certains personnages m’ont particulièrement touché comme Shana, jeune femme au fort tempérament avec beaucoup d’amour pour sa jeune sœur, Arav, jeune scientifique au cœur bon, Marcy, femme cabossée par la vie mais avec une bienveillance et un courage incroyable, et Benji médecin scientifique brillant avec beaucoup d’empathie et de charisme. Sans m’y attacher, j’ai été aussi touchée par le parcours chaotique du pasteur et sa rédemption finale. Bref, vous l’aurez sans doute compris, j’ai beaucoup aimé « Les Somnambules » avec une toute fin inattendue. Je ne m’attendais vraiment pas à cela… J’aurais sans doute préféré une fin moins ouverte mais pas grave, ce livre est excellent de bout en bout et je vous encourage vivement à le lire. N’ayez pas peur du nombre de pages, vous ne les verrez pas passer. Les personnages et l’histoire de ces somnambules vont rester longtemps dans ma mémoire.

C'est une sacrée claque. J'ai un peu hésité devant lanmonguzur du texte (pas loin de 1300 pages !), et au final, ça se dévore. L'intrigue se dévide tout doucement, on voit les connexions de faire, tout en suivant une foule de personnages divers, joliment construits. Une belle traversée de l'Amérique capitaliste en déliquescence, un roman apocalyptique intelligent et mené de main de maître.

Les somnambules est mon défi lecture de l’année. Je le gardais bien au chaud dans ma pile à lire, à l’affût du meilleur moment pour me lancer. Parce qu’avant de lire un pavé de 1 300 pages, il fallait que je me prépare psychologiquement. Je m’étais donné un mois pour en venir à bout. Bilan : vingt jours ont suffi. Ce qui traduit mon engouement pour cette lecture. Par où commencer la critique d’un roman si dense ? Tout d’abord, je dois préciser que je suis un grand fan de Stephen King. C’est d’ailleurs pour ses similitudes avec le Fléau que j’ai décidé de le lire. S’il y a en effet des ressemblances avec les oeuvres de King, la comparaison s’arrête là. Chuck Wendig emprunte la voie de la science-fiction (pas si éloignée de notre réalité) plutôt que celle du fantastique. Au fil des chapitres de longueur variable mais toujours bien rythmés, nous faisons la connaissance des personnages qui peuplent ce récit. Là fut ma première surprise : ils ne sont pas si nombreux que ce à quoi je m’attendais. Je pensais en effet que le début serait laborieux, le temps d’introduire tous les protagonistes. Finalement, les somnambules se mettent rapidement en marche et les personnages principaux arrivent petit à petit au fil du récit. Ce stratagème est efficace car il nous permet de prendre le temps de découvrir chaque personnage et de nous attacher à eux. L’écriture est sensible et respectueuse, Chuck Wendig brosse un tableau de personnages aux traits variés et crédibles. Il y a toujours des rebondissements à des moments clés de l’histoire faisant en sorte que l’intérêt ne se perd jamais. Les ellipses temporelles sont elles aussi bien amenées et fluidifient la lecture. Je n’en dévoilerai pas plus sur l’histoire par crainte d’évoquer des spoilers, mais contrairement au Fléau, je n’ai jamais ressenti de longueur. Chuck Wendig réalise l’exploit de ne jamais lasser son lecteur. L’histoire n’est pas sans nous rappeler celle que nous avons vécu avec le COVID-19. C’est assez fou de réaliser que le roman est paru en juillet 2019 tant les faits évoqués se rapprochent des faits avérés de cette période. La variété des personnages apportent un large spectre des réactions humaines face à ce phénomène, ce qui crédibilise d’autant plus l’intrigue. Naissent des théories du complot dont certains se servent pour manipuler les masses et prendre le pouvoir. Tout cela en abordant des thématiques actuelles telles que les dérives de l’intelligence artificielle ou la suprématie blanche. Des petits moments m’ont semblé un peu moins crédibles. J’ai parfois eu l’impression que les personnages se retenaient d’agir pour que l’intrigue continue sur sa lancée. Mais sur une telle longueur, ce n’est pas dérangeant. Surtout que au début, on n’a aucune idée de là où nous emmène l’auteur. On se sent comme ces bergers cheminant aux côtés des somnambules vers une destination inconnue. L’immersion est totale. Une épopée à travers l’Amérique qui en révèle toute la beauté et la laideur. Je ne suis pas prêt d’oublier ce roman. J’espère que la suite sera traduite en français.

J'ai mis 4 étoiles pour l'écriture de l'auteur. La fluidité des phrases. Pour cette histoire très bien construite. Pour les personnages auxquels je me suis attachée, à leurs défauts, leur mentalité initiale et surtout leur évolution. Mais à partir de la fin du 1er tiers, j'ai ramé. Des détails, parfois vraiment trop de détails. Du sang, de la douleur, des coups, des violences... pour moi c'était trop. Je ne suis pas naïve, l'humain n'est pas parfait, mais ce livre me laisse un goût triste dans la bouche. Peut être est ce le but.