L'Horloger : Le livre de Jérémie Claes

Jacob Dreyfus, universitaire New-Yorkais, est futé, passionné. Il a passé une année infiltré dans une dangereuse milice de suprémacistes blancs qu’il parvient à faire tomber grâce à un travail méthodique et un sang-froid remarquable. Un prodigieux scandale, impliquant un sénateur, éclate donc et fait grand bruit ! C’était indéniablement courageux de la part de Jacob. Mais le retour de manivelle est sévère : En représailles, les néonazis exécutent son épouse. Ce drame fait basculer sa vie dans un cauchemar sans fin car, à partir de là, Jacob et son fils sont obligés d’intégrer le programme de protection des témoins. Ils abandonnent tout et sont exilés en Provence, sous la protection de Bernard Solane. Solane est un vieux flic bon vivant, au flair aussi aiguisé que son goût pour le bon vin. Dix ans plus tard, tout ce qu’il reste de famille à Jacob décède. Aux quatre coins du monde. À la même seconde. À nouveau chassé, Jacob n’a plus qu’une seule alternative : aller de lui-même au-devant de son destin, avec l’aide de Solane. Toute l’intrigue est dense et captivante. Le début démarre en trombe, alors que les suprémacistes sont arrêtés, ce qui est le point de départ du cauchemar de Jacob. La fuite de Jacob, ce repli dans un coin calme de France, après une vie new-yorkaise trépidante, est une partie presque reposante. Presque. Car, sous-jacent, on sait le danger présent. On le sent. Quand le destin se remet à vouloir contrôler la vie de Jacob, tout s’accélère à nouveau et, pour le lecteur, le sac de nœuds est franchement impossible à détricoter ! Et c’est frustrant ! Mais par quelle diablerie ces événements peuvent-ils avoir eu lieu simultanément ? Cette synchronisation machiavélique défie clairement toute logique ! Ce casse-tête pousse le lecteur à enchaîner les pages. S’agissant d’un premier roman, on pourrait s’attendre à une écriture assez sobre. Loin s’en faut ! Le texte est extrêmement bien travaillé, avec une précision d’orfèvre, d’horloger, oserais-je dire ! Soigné dans les moindres détails, comme l’est l’illustration de la couverture ! Pour permettre au rythme de ne jamais faiblir, l’auteur nous balade avec habilité dans plusieurs décors, mais aussi dans plusieurs temporalités, puisque nous irons même jusqu’au camp d’Auschwitz-Birkenau en 1942, ce qui ajoute une dimension à la fois historique, mais aussi émotionnelle à l’intrigue. Enfin, la conclusion, bien qu’elle bascule dans le surnaturel, ne manque pas de force. Si ce choix peut diviser les lecteurs, et j’admets volontiers ne pas être forcément fan d’un basculement en dernière ligne droite, j’avoue cependant que cette fois, ça m’a plu ! Un parti pris de l’auteur audacieux qui apporte une conclusion dramatique et mémorable. Je retiens particulièrement que j’ai littéralement dévoré cette lecture, la savourant tantôt frénétiquement, tantôt plus lascivement, comme un grand cru qu’on prend le temps d’apprécier. Ne vous y trompez pas, je n’y connais rien en vin ! Mais en littérature, c’est autre chose, et ce cru-ci est excellent ! Et local, en plus, puisque Jérémie Claes est un compatriote !

La lecture après un énorme coup de cœur est souvent voire toujours compliquée, laborieuse. C’est ce qui s’est passé pour « L’Horloger ». Le début a donc été un peu difficile, je trouvais l’écriture assez vulgaire. Mais c’était la voix d’un suprématiste crasse et sans doute fallait-il en passer par là pour bien cerner le personnage. Ensuite petit à petit l’histoire se met en place. Jacob Dreyfus, un jeune Juif très diplômé, a infiltré durant un an une bande de suprématistes blancs bien dégénérés et dangereux afin de démanteler leur milice et de faire tomber les têtes dont un sénateur républicain particulièrement malveillant. Immédiatement après, sa tête est mise à prix et son épouse est assassinée à l’hôpital où elle travaille. Jacob et son fils David sont alors placés sous protection et changent d’identité pour leur sécurité. C’est donc sous l’identité de Cyril et Pierre Buissière qu’ils atterrissent en France et s’établissent à Gourdon dans les Alpes-Maritimes sous la protection rapprochée de Solane, un vieux flic expérimenté. Commencent alors le deuil et l’apprentissage de l’exil et d’une nouvelle vie. Dix ans ont passé. Contre toute attente, après un calme relatif, la traque reprend. Toute la famille Dreyfus est assassinée un certain 31 décembre à minuit. Tous sauf Jacob/Cyril qui se retrouve seul, désespéré, inconsolable. Heureusement, Solane et Lucie, sa nouvelle compagne, et sa famille veillent sur lui. Qui se trouve derrière cette machination diabolique ? On parle d’un maître des machines et d’un Horloger. Solane et Jacob/Cyril vont avoir besoin de beaucoup de courage et de détermination pour aller au bout de leur quête, aidés par quelques hommes qui ont encore des valeurs. Après un départ un peu mitigé, le rythme et les personnages ont fini par me prendre par la main et au final j’ai tout de même apprécié ce thriller au suspense bien mené et avec des personnages hauts en couleurs et attachants. J’ai particulièrement aimé le vieux flic épicurien, Bernard Solane, Judith la tante de Jacob/Cyril, Colin Travis, le grand boss de la protection aux USA, le shérif Jason Dumont et paradoxalement le tueur surnommé le scorpion. J’ai eu plus de mal à m’attacher à Jacob/Cyril même si j’ai ressenti de l’empathie pour les drames qu’il a vécus. J’avoue que j’ai aussi bien apprécié les coups de griffe de l’auteur contre Trump et tous ces racistes américains. Les descriptions de Gourdon et de la nature dans les Alpes-Maritimes sont superbes et donnent vraiment envie d’aller s’y perdre. Tout au long du récit, l’ombre du camp d’Auschwitz-Birkenau avec Mengele plane. La traque et le mystère autour du maître des machines et surtout de l’Horloger m’ont tenu en haleine. Mais une fois leurs identités révélées, surtout celle de l’Horloger, la suite m’a relativement déçue et l’explication finale ne m’a pas convaincue. Trop tirée par les cheveux. Bref, pour moi une fin un peu bâclée et en deçà de mes attentes. Mais la note sur Babélio et les chroniques en général sont bonnes, alors je vous conseille de vous faire votre propre avis en lisant « L’Horloger ». Je pense que je lirai son deuxième roman intitulé « Solane » pour avoir le plaisir de retrouver ce vieux flic fort attachant.

Un universitaire new-yorkais infiltre un groupe de suprématistes et fait tomber leur leader. Le prix à payer sera colossal... Un an d'infiltration a permis à Jacob Dreyfus, jeune universitaire new-yorkais, de faire tomber le plus gros réseau néonazi des États-Unis. Un exploit qui lui a valu la plus prestigieuse des récompenses, le prix Pulitzer, et le plus lourd tribut à payer, l'assassinat de sa femme. Dix ans plus tard, c'est sous une nouvelle identité qu'il vit, comme témoin protégé, dans le sud de la France, avec son fils. Mais le malheur n'en a pas fini avec lui et frappe au coeur, à nouveau. Face au sort qui s'acharne contre sa famille, Jacob n'a plus qu'une option, de proie, devenir chasseur. Et découvrir qui se cache derrière cette machination aux ramifications tentaculaires, qui opère sous la férule du mystérieux Horloger... Un thriller est tout simplement fascinant et captivant de la première à la dernière page. Le premier roman du belge Jérémie Claes n'est pas passé inaperçu chez les fans de grands frissons. Autant vous dire que pour un premier essai, c'est un coup de maître ! Son protagoniste principal, Jacob Dreyfus, est un journaliste américain qui, durant plus d’un an, a infiltré une milice suprématiste, les Aryan’s Blood. Celle-ci est occupée et protégée par les plus hautes sphères du pouvoir américain. Mais le revers de la médaille est que sa tête ainsi que celles de ses proches sont mises à prix, les obligeant à fuir et se cacher, une cible sur le dos… Un étourdissant thriller qui nous conduit en Provence, à Bruxelles et sur plusieurs autres continents. Une intrigue époustouflante et diablement bien construite, l’auteur prend son temps pour bien poser ce dernier, avec une grande originalité l’auteur maîtrise et restitue parfaitement les codes du genre. Une histoire très sombre et lumineuse à la fois, c'est rare. L’auteur a construit son histoire comme un horloger le fait avec un mécanisme de montre. Les chapitres sont assez longs, mais ils sont divisés en sous parties qui donnent du rythme à la lecture. L’auteur joue en plus sur une triple temporalité, en 2009 avant l’attestation des malfrats, au présent en 2019 où on suit Cyril et Solane, et enfin en 1942, au camp d’Auschwitz-Birkenau où on suit Adam, le grand-père de Cyril. Cette construction originale amène une dose de suspense supplémentaire, on n’a pas envie de quitter une époque avant de savoir ce qu’il va se passer. L’auteur parle très bien du racisme et de l’antisémitisme ambiant, des dérives des intelligences artificielles, du hacking, du complotisme, des thèmes vibrants qui donne une merveilleuse intensité et richesse à ce fascinant thriller. Quand à la plume, elle voltige, et l'écriture est très visuelle. Je vous invite à lire ces 450 pages, vous allez être transporté dans cette histoire très bien ficelée, un récit bluffant de maîtrise. Un cocktail explosif, une enquête à rebondissements écrite de façon magistrale. Superbe.

Que voilà un vrai bon thriller avec tout ce que ça comporte de suspense, d'action, de violence et de sang ! Les thématiques abordées sont actuelles - antisémitisme, complotisme, hacking, IA... -, les personnages, bien brossés et le style, enlevé, personnel, parfois fleuri. L'intrigue est captivante et le rythme haletant. Dans les deux premiers tiers, j'ai même pris un uppercut. L'histoire m'a tordu les tripes et fait monter plusieurs fois les larmes aux yeux, parce qu'elle est très dure et qu'on n'en finit pas de prendre des coups. Parfois, souvent, elle fait même froid dans le dos, notamment avec ce fil rouge glaçant dont on ne comprend pas vraiment les tenants et les aboutissants, même si on se doute bien qu'on en aura l'explication à la fin. Et puis, dans le dernier tiers, en rapport avec ce fil rouge, justement, l'intrigue prend un virage à 180°, loin d'être attendu. C'est même au contraire complètement inattendu et un peu déstabilisant. Une fois la nouvelle direction intégrée, je reconnais que j'ai apprécié l'histoire qu'elle développait, mais je comprends que certaines personnes aient été déroutées et n'y aient pas adhéré. Cependant, tout est maîtrisé, comme le travail de précision d'un bon horloger. Bravo, Jérémie, et à bientôt pour le prochain !