L'île des battements de coeur : Le livre de Laura Imai Messina

Avec ce roman Laura Imai Messina monte d'un cran. Si son précédent livre était sympathique, "L'île des battements de cœur" est d'une rare poésie. L'autrice écrit avec sensibilité sur le deuil, l'enfance, la relation à l'autre. On se laisse bercer par cette histoire où, pour une fois, le chemin compte bien plus que la destination. Un petit moment de lecture tout doux.

A l'instar de l'insolite " Téléphone du Vent" , le "héros" du 1er roman de Laura Imai Messina, le lieu qui sert de cadre à ce livre est isolé et singulier. C'est " le Musée des Archives" situé sur une petite île du Sud-Ouest du Japon, qui abrite dans ses murs le son des battements des coeurs humains, et permet à ceux qui le visitent, d'enregistrer les leurs, et de rentrer en contact avec des milliers d'autres. Un livre un peu déstabilisant au départ, mais qui mérite toutefois de dépasser cette 1ère impression, et de se laisser gagner par les messages qu'il véhicule. C'est un roman sur le souvenir par l'évocation d'un lieu de mémoire, sur le resserrement des liens familiaux et intergénérationnels. C'est un lieu d'apaisement et de thérapie contre la solitude et les ravages des deuils. C'est aussi un hymne à la beauté, à travers la poésie des mots, des sons, des couleurs et des senteurs. C'est un hymne à l'imagination qui est le moteur de la transmission.

Un roman qui m’a touchée du fait des thèmes abordés - le deuil, la culpabilité - mais également par la douceur, la pudeur, la belle humanité qui s’en dégagent. Shûichi revient dans la maison familiale après le décès de sa mère, avec le projet de la vendre. Il range, trie, jette, habité par le souvenir d’une maman tendre et attentive. Il s’aperçoit au fil des jours que des objets disparaissent et ne tarde pas à découvrir l’identité du voleur : il s’agit du jeune Kenta, âgé de 8 ans, un habitué de la maison où il tenait fréquemment compagnie à la vieille dame. Entre l’enfant et Shûichi, une relation amicale se noue, presque filiale. Chacun porte des blessures, des souffrances et tait ce qui fait douleur. Autour du cœur - l’organe et le siège des émotions - l’auteur tricote une histoire sensible, émouvante, traversée par des anecdotes et de menus événements dont l’enseignement est le suivant : si l’on veut éprouver de la joie, du bonheur, il faut accepter son corollaire, la peine et le chagrin. Shûichi a vécu un cataclysme dans sa vie et s’est fermé à toute relation, à tout événement susceptible de l’exposer une nouvelle fois à la détresse. Le rencontre avec Kenta va opérer comme une réparation et permettre au dessinateur de s’ouvrir à la vie, à l’amour. Un tel pitch pourrait sembler mièvre. Pourtant, la poésie est partout, de la description des kanji (signes de l’écriture japonaise) aux couleurs de la palette de Shûichi ; de la pudeur des sentiments entre les personnages à la découverte que le jeune homme va faire sur l’île de Teshima. Laura Imai Messina nous invite aussi à découvrir l’œuvre de Christian Boltanski, notamment Les archives du cœur, dont j’ignorais l’existence. Lire, c’est aussi voyager, apprendre, s’enrichir d’autres cultures. C’est ce que nous offre l’auteur avec ce roman.

huichi, illustrateur de livres pour enfants, souffre d'une maladie de coeur. Il vérifie donc régulièrement les battements de son cœur. Battements qui s'accélèrent quand quelque chose le tracasse mais aussi tous les souvenirs douloureux de son passé. Quand sa mère décède, il décide de prendre possession de la maison, il se rend compte que celle-ci est visitée. Il va donc retrouver l'intrus qui n'est autre que Kenta, un petit garçon d'une dizaine d'années avec qui, au fil du temps,il va tisser des liens assez forts. Et c'est ensemble qu'ils découvriront l'île de Teshima. A travers ce roman, l'auteur va aborder des sujets difficiles tels que la mort, le deuil, la séparation mais aussi existentiels comme le temps qui s'écoule, ce que nous sommes, comment on se perpétue..mais avec beaucoup de délicatesse, de poésie. On va aussi découvrir une grande bienveillance entre les personnages et ce malgré une farouche volonté de se protéger, par un refus tacite de la souffrance. Ce roman évoque aussi l'amour filial et la difficulté de communication du fait de la timidité, de la pudeur, mais aussi par volonté de ne pas gêner l'autre. Ce livre est un bonbon qui se déguste car il est tout en douceur, tranquille et qui se savoure à un rythme lent comme si on souhaitait rester le plus longtemps possible avec les personnages. Un presque coup de coeur https://quandsylit.over-blog.com/2025/09/l-ile-des-battements-de-coeur-laura-imai-messina.html