L'Île : Le livre de Vincent Villeminot

Bon, comme d'habitude, je ne vais pas y aller par 4 chemins : je n'ai pas été embarquée. Ce n'est pas pour autant que vous devez passez vous, votre chemin. Je crois comme diraient des consultants en marketing, que je ne suis pas dans la cible. Ce roman est palpitant, c'est un fait. Il est plein de rebondissements, de mystères. Il titille nos souvenirs de confinement et surtout de la peur de l'autre qui était le corollaire de l'épidémie. Je me souviens avec émotion de ce jour où sur un marché, au lieu de ramasser le parapluie qu'une vieille dame avait laissé tomber par mégarde, je l'ai laissée se débrouiller. Ce moment m'a vraiment marquée. L'autre était devenu un ennemi, un danger potentiel. Combien de fois ensuite pendant mon heure de sortie autorisée, flanquée de mon attestation, j'ai changé de trottoir pour ne pas passer trop près d'autres gens. C'était devenu un nouveau réflexe, mais tellement inhumain, et pourtant qui a peut-être permis de sauver quelques vies en empêchant le virus de plus se propager. Bref, vous l'aurez compris : le confinement m'a traumatisée. L'auteur qui a écrit ce roman pendant le Covid (non je n'arrive pas à dire la Covid), a certainement été influencé par ce qu'il vivait. Il en résulte un texte où l'horizon est bas : le futur se résume à la nuit et la journée suivante. Ensuite, dans 2 ou 3 mois, c'est trop loin, trop incertain pour se prononcer, alors on n'y pense pas. D'où cette impression d'étouffer dans l'ignorance, le manque de perspective. C'est aussi une fable sur la violence humaine. A quelle point elle est intrinsèque, à quelle point elle peut être provoquée par l'environnement, l'incompréhension, les quiproquos. Comment la société qui nous entoure, de près ou de loin, peut nous aider à endiguer cette force obsure. Comment un groupe d'humain décide d'agir à un moment où le monde change et devient aussi nouveau que dangereux. Tous ces éléments sont traités dans le roman et plutôt bien. Mais le défaut que je pointe et qui m'a fait moyennement apprécier ce roman, c'est l'action tout le temps, avec une approche psychologique des personnages vraiment trop en surface. On effleure à peine l'iceberg, alors qu'en dessous, quand un jeune perd une personne proche, c'est un bouleversement effroyable. Alors, faut-il le lire ? Si vous voulez. Avec mon grand âge approchant le demi-siècle (d'adore dire ça), je pense que c'est trop simpliste pour moi. Mais pour les ados et jeunes adultes, cette lecture interroge sur sa responsabilité et son rapport à la violence. Et si vous aimez la plume de cet auteur, tentez aussi l'excellente série U4, des romans post-apocalyptiques écrits quatre auteurs différents. Les quatre tomes sont excellents. Vincent Villeminot avait écrit Stéphane.