L'Invention de Morel : Le livre de Adolfo Bioy Casares

Poche

Robert Laffont

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Le chef d'oeuvre de Bioy Casares.

Parfois, on pense trouver refuge, alors que le cauchemar ne fait que commencer.
C'est ce dont Luis a fait l'expérience, le jour où il a débarqué sur une plage en apparence déserte, après avoir échappé à la police à coups de rame désespérés. Alors qu'il pensait avoir trouvé refuge sur une île inhabitée, ses explorations lui dévoilent en réalité un lieu étrange, dominé par une villa à la fois somptueuse et inquiétante. Il y découvre d'autres hommes et femmes, avec lesquels aucune communication n'est possible, tant ils sont plongés dans les scènes du quotidien qu'ils répètent inlassablement, chaque semaine, sans lui prêter attention. Sont-ils fous ou bien le dénommé Morel, qui les a réunis, a-t-il quelque chose à voir avec ces étranges comportements ?

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" Situé au Paraguay, ce fruit d'une imagination fantastique est une œuvre réaliste aux accents curieusement surréalistes. Je ne pense pas que ce soit imprécis ou hyperbolique de le qualifier de parfait. " Jorge Luis Borges

De (auteur) : Adolfo Bioy Casares
Traduit par : Armand Pierhal

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Rachel2112

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Avec cette préface de Borges pour entrée en matière, on se doute bien que ce bref roman ne va pas être une partie de cartes commode à jouer. De préférence un jeu de poker où les adversaires ne laissent que peu d’émoi se refléter sur leur minois… En cavale, ce criminel, dont on ne saura jamais le délit dont il est inculpé, ni le prénom, a décidé de venir s'isoler sur un îlot mystérieux construit en 1924 par des Blancs. C'est un Italien qui bradait des carpettes à Calcutta qui lui a donné l'idée de venir se tapir sur celle-ci pour échapper à la juridiction. Cette île qui a mauvaise presse auprès des marins, étant d’après les ouï-dire le foyer d'une étrange maladie qui ferait tomber les ongles et les cheveux, comporte un muséum insalubre, une piscine qui aurait bien besoin d'un coup de nettoyage et une chapelle délaissée. Sur cet archipel austère et désolé, cet exilé se bat contre les éléments, les plantes non comestibles, les marées capricieuses. En quête d'aliments pour se sustenter, l'existence pour ce Robinson en herbe est compliquée. Et puis, il y a les étranges estivants de cette île qui semblent disparaître et ressurgir à leur guise et qui perturbent son isolement forcé. Des individus insolites qui ne paraissent pas l’apercevoir. Sont-ils présents sur cette île pour le dénoncer ? Ce protagoniste sans appellation qui n'existe dans le regard de personne, particulièrement pour la suave Faustine dont il s'est entiché, existe-t-il réellement ? L'invention de Morel, court classique de la littérature argentine, rédigé en 1940, est un texte surprenant. Il faut accepter de pénétrer dans l'encéphale d'un individu paranoïaque qui déambule vertigineusement sur la corde raide de ses pensées. Il y est question de l'immortalité, de la solitude des êtres, des obsessions. Délicat d'en dire trop sans gâter le plaisir d'un éventuel lecteur. De la même façon que ce protagoniste, nous sommes pris au piège de cette île et de ces étranges émergences. Remous d'angoisse et d'ambiguïté : est-on rentré dans les délires fabulateurs d'un homme en fuite et qui veut échapper à une justice implacable ? Vous aurez la réponse à cette question, ou probablement pas, si vous acceptez de vous introduire dans ce texte…

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GrenouilleDePluie

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Très souvent conseillé à la lecture grâce à son côté marquant malgré le peu de pages, je me suis enfin laissée tenter par L'invention de Morel. Il est d'abord un peu compliqué et désarmant de se plonger dans le récit, que l'on semble aborder en cours de route ; mais très vite, on est pris dans le mystère de cette île et de ce cher Morel. J'ai trouvé le dénouement un poil évident sans pour autant l'être vraiment : si l'on comprend le sujet principal, il est moins clair d'en deviner les détails ([masquer]je m'attendais à ce que cette invention ait un lien avec l'immortalité, mais pas de cette manière-là[/masquer]). Cependant, il est clair que ce "mystère" n'est pas le point d'orgue du roman ; ce serait plutôt les sentiments du narrateurs, ses angoisses, son amour pour Faustine. Et c'est là que L'invention de Morel faiblit un peu : j'ai trouvé que Faustine était trop effacée et l'amour que le narrateur lui porte trop rapide et superficiel. C'est dommage, car c'est cet amour qui donne tout son poids à la fin. Mais comme la relation ne semble pas assez aboutie et ressemble davantage à une obsession malsaine qu'à un véritable coup de cœur, la fin en pâtit, bien qu'elle n'en reste néanmoins belle et donne à réfléchir. L'invention de Morel ne m'aura donc pas tant que ça convaincue mais il reste un roman intéressant et à lire au moins une fois dans sa vie.

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yanelis

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

À ma presque grande honte, je n’avais jamais entendu parler de « La Invención de Morel », pourtant considérée comme un chef-d’œuvre de la littérature sud-américaine, plus précisément argentine ! C’est donc sans le moindre parti-pris que je suis entré dans ce livre étrange. Étrange, tout d’abord, par le comportement du narrateur sur cette île où il est parvenu dans des circonstances elles-mêmes peu claires, étrange ensuite par ce qu’il nous raconte, sous forme de journal, de l’île elle-même avec ses trois constructions, étrange toujours par le comportement des autres personnages qui peuplent le décor et particulièrement celui de cette mystérieuse Faustine, si inaccessible à notre héros, jusqu’à la clé, surprenante et dérangeante, de ce mystère. . . Du récit, je ne dirai rien de plus, car ce serait comme livrer la solution d’une énigme avant de l’avoir connue ! J’en recommande toutefois chaudement la lecture ! Perso, je me soucie fort peu d’improbables réflexions « qui-sommes-nous-d’où-sommes-nous-et-dans-quel-étagère », cette histoire ne m’a plongé dans aucune interrogation métaphysique, mais le récit tel qu’il est m’a séduit et l’ingéniosité du scénario élaboré par Bioy Casares m’a absolument bluffé. Jorge Luis Borges, dans le prologue, s’est fendu à propos de la trame de l’histoire d’un compliment à faire rougir l’auteur : qu’il ne lui paraissait pas «una imprecisión o una hipérbole calificarla de perfecta». Pas mieux. À noter que certains prêtent à Silvina Ocampo, l’écrivaine argentine épouse de Bioy Casares, une coparticipation à l’écriture du roman, mais je n’ai rien trouvé de formel sur le thème. . .

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Thaddeus

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Il est des livres qui, sans jamais se croiser, semblent rêver l’un de l’autre. L’Invention de Morel d’Adolfo Bioy Casares et Au Château d’Argol de Julien Gracq ne partagent ni la même langue, ni la même géographie, ni les mêmes traditions littéraires. Pourtant, chacun semble incarner une forme de livre-oracle, ces textes qui ne livrent leurs vérités qu’à ceux qui y consentent un abandon total, dans la solitude et l’obsession. Chez Gracq, un château perdu dans les brumes bretonnes devient le théâtre d’une logique sacrée, presque gothique, où les personnages évoluent selon les lois impénétrables du mythe. Chez Bioy Casares, c’est une île hors du monde, livrée à une mystérieuse répétition d’images, où la passion s’éprouve comme un piège technologique et métaphysique. Mais dans les deux cas, c’est un lieu clos — château ou île — qui génère l’envoûtement. L'espace agit ici comme une machine à hantise, une matrice d’illusions où le réel s’abolit au profit d’un rêve toujours plus lucide. Il est tentant de lire L’Invention de Morel comme une variation sud-américaine du gothique gracquien, débarrassée de ses ornements symbolistes, mais nourrie de la même fascination pour les figures spectrales : la femme insaisissable, l’architecture obsessionnelle, le temps suspendu. Faustine répond à Heide ; Morel à Albert ; l’île répond au château comme un négatif photographique, inversant les tropes mais prolongeant l’envoûtement. Et si ces deux livres n’étaient que les deux moitiés d’un même ouvrage invisible, dispersé à travers les continents, que seuls les lecteurs hantés peuvent reconstituer ? Une machine de lecture en miroir, que l’on active en lisant Gracq à la lumière de Bioy, ou Bioy à travers les vitraux noirs d’Argol.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221280737
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    160
  • Dimensions
    184 x 126 mm

L'auteur

Adolfo Bioy Casares

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