L'Invention de Morel : Le livre de Adolfo Bioy Casares

Poche

Robert Laffont

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Le chef d'oeuvre de Bioy Casares.

Parfois, on pense trouver refuge, alors que le cauchemar ne fait que commencer.
C'est ce dont Luis a fait l'expérience, le jour où il a débarqué sur une plage en apparence déserte, après avoir échappé à la police à coups de rame désespérés. Alors qu'il pensait avoir trouvé refuge sur une île inhabitée, ses explorations lui dévoilent en réalité un lieu étrange, dominé par une villa à la fois somptueuse et inquiétante. Il y découvre d'autres hommes et femmes, avec lesquels aucune communication n'est possible, tant ils sont plongés dans les scènes du quotidien qu'ils répètent inlassablement, chaque semaine, sans lui prêter attention. Sont-ils fous ou bien le dénommé Morel, qui les a réunis, a-t-il quelque chose à voir avec ces étranges comportements ?

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" Situé au Paraguay, ce fruit d'une imagination fantastique est une œuvre réaliste aux accents curieusement surréalistes. Je ne pense pas que ce soit imprécis ou hyperbolique de le qualifier de parfait. " Jorge Luis Borges

De (auteur) : Adolfo Bioy Casares
Traduit par : Armand Pierhal

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Expérience de lecture

Avis Babelio

yanelis

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 jours

À ma presque grande honte, je n’avais jamais entendu parler de « La Invención de Morel », pourtant considérée comme un chef-d’œuvre de la littérature sud-américaine, plus précisément argentine ! C’est donc sans le moindre parti-pris que je suis entré dans ce livre étrange. Étrange, tout d’abord, par le comportement du narrateur sur cette île où il est parvenu dans des circonstances elles-mêmes peu claires, étrange ensuite par ce qu’il nous raconte, sous forme de journal, de l’île elle-même avec ses trois constructions, étrange toujours par le comportement des autres personnages qui peuplent le décor et particulièrement celui de cette mystérieuse Faustine, si inaccessible à notre héros, jusqu’à la clé, surprenante et dérangeante, de ce mystère. . . Du récit, je ne dirai rien de plus, car ce serait comme livrer la solution d’une énigme avant de l’avoir connue ! J’en recommande toutefois chaudement la lecture ! Perso, je me soucie fort peu d’improbables réflexions « qui-sommes-nous-d’où-sommes-nous-et-dans-quel-étagère », cette histoire ne m’a plongé dans aucune interrogation métaphysique, mais le récit tel qu’il est m’a séduit et l’ingéniosité du scénario élaboré par Bioy Casares m’a absolument bluffé. Jorge Luis Borges, dans le prologue, s’est fendu à propos de la trame de l’histoire d’un compliment à faire rougir l’auteur : qu’il ne lui paraissait pas «una imprecisión o una hipérbole calificarla de perfecta». Pas mieux. À noter que certains prêtent à Silvina Ocampo, l’écrivaine argentine épouse de Bioy Casares, une coparticipation à l’écriture du roman, mais je n’ai rien trouvé de formel sur le thème. . .

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Thaddeus

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 jours

Il est des livres qui, sans jamais se croiser, semblent rêver l’un de l’autre. L’Invention de Morel d’Adolfo Bioy Casares et Au Château d’Argol de Julien Gracq ne partagent ni la même langue, ni la même géographie, ni les mêmes traditions littéraires. Pourtant, chacun semble incarner une forme de livre-oracle, ces textes qui ne livrent leurs vérités qu’à ceux qui y consentent un abandon total, dans la solitude et l’obsession. Chez Gracq, un château perdu dans les brumes bretonnes devient le théâtre d’une logique sacrée, presque gothique, où les personnages évoluent selon les lois impénétrables du mythe. Chez Bioy Casares, c’est une île hors du monde, livrée à une mystérieuse répétition d’images, où la passion s’éprouve comme un piège technologique et métaphysique. Mais dans les deux cas, c’est un lieu clos — château ou île — qui génère l’envoûtement. L'espace agit ici comme une machine à hantise, une matrice d’illusions où le réel s’abolit au profit d’un rêve toujours plus lucide. Il est tentant de lire L’Invention de Morel comme une variation sud-américaine du gothique gracquien, débarrassée de ses ornements symbolistes, mais nourrie de la même fascination pour les figures spectrales : la femme insaisissable, l’architecture obsessionnelle, le temps suspendu. Faustine répond à Heide ; Morel à Albert ; l’île répond au château comme un négatif photographique, inversant les tropes mais prolongeant l’envoûtement. Et si ces deux livres n’étaient que les deux moitiés d’un même ouvrage invisible, dispersé à travers les continents, que seuls les lecteurs hantés peuvent reconstituer ? Une machine de lecture en miroir, que l’on active en lisant Gracq à la lumière de Bioy, ou Bioy à travers les vitraux noirs d’Argol.

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colka

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Quel curieux roman que celui de Adolfo Bioy Casares ; L'invention de Morel ! L'étrangeté nous la rencontrons dès le début du récit dont le narrateur nous signale qu'il s'agit d'un journal destiné à ceux qui le découvriront sur cette île où il a échoué après un périple en mer sur un canot à rames, pour échapper à une milice militaire lancée à sa poursuite après un procès dont on ne saura rien... Nous sommes plongés d'emblée dans un univers totalement dépaysant, inhospitalier où tout ce qui est vivant, animaux et plantes, sont soit envahissants, soit en décomposition ou morts. Le cadre de vie du narrateur n'est pas moins inquiétant ; une chapelle, une piscine, un "musée" dont il découvrira au fur et à mesure de ses pérégrinations sur l'île la structure labyrinthique. Mais il n'est pas au bout de ses découvertes et nous non plus, car il se rend vite compte que l'île abrite d'étranges habitants dont la présence va déclencher chez lui une véritable paranoïa. Il n'en sera délivré que lorsqu'il aura la clé de leur séjour dans ces lieux. Petit à petit, nous découvrons grâce à de subtiles indices glissés par le narrateur qu'ils ne vivent pas dans la même temporalité que lui. Va-t-on pour autant plonger dans un récit fantastique ? Pas du tout ! Et l'auteur via le narrateur va très habilement nous faire découvrir la fameuse "invention de Morel". Cette découverte occupe toute la seconde partie du roman qui - à mes yeux du moins - va revêtir la forme d'un récit parabolique car le héros de cette étrange histoire va être confronté à des problèmes existentiels et métaphysiques comme : l'Immortalité, la Réalité et la Mort. Personnellement ceux qui m'ont le plus interpellée sont les deux derniers, notamment ses interrogations sur la notion de Réalité et la perception qu'il en a. A plusieurs reprises, il se demande s'il est déjà mort ou bien si les habitants de l'île et lui vivent sur des plans distincts. Une déréalisation provoquée par un vécu trop angoissant ? C'est en tout cas la question qu'il se pose et nous aussi. Mais la mort omniprésente dans le roman ne va pas venir sous la forme qu'il envisage c'est-à-dire le suicide car l'invention de Morel dont il va découvrir le secret va l'entraîner dans une relation mortifère avec une réalité virtuelle qu'il va d'abord rejeter puis qui va le fasciner puisqu'elle va lui permettre de rejoindre pour l'éternité la femme aimée Faustine, au prix de sa propre destruction physique. Comment ne pas trouver remarquable cette odyssée singulière rédigée en 1940 et qui pose déjà en filigrane les questionnements qui sont les nôtres, face à une réalité virtuelle qui nous dépasse parfois et qui pourrait devenir hors contrôle avec les progrès fulgurants de l'I.A. J'avoue que j'ai d'abord été un peu désemparée par le style de l'auteur qui se cantonne souvent dans une écriture très factuelle, un peu froide. J'aurais préféré que les questionnements métaphysiques qui sont les siens soient plus incarnés, comme au début du récit et dans les très belles pages de la fin. Mais cet roman restera dans mon esprit et continuera sans doute de me faire réfléchir sur le monde dans lequel nous allons vivre...

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Philine

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Ce court roman nous invite aux cotés d'un homme en cavale pour un crime qu'il dit ne pas avoir commis. Il s'exile sur une île inhabitée, sur laquelle reste les vestige d'un musée, d'une chapelle et d'une piscine. Il y survit plus qu'il ne vit. Mais des phénomènes étranges se renouvellent : l'homme observe des humains qui s'amusent et passent du bon temps sur cette île qu'il pensait déserte. L'étrange ne s'arrête pas là, puisque ces gens disparaissent parfois et... semblent ne pas le voir... Une idée originale pour un roman au rythme assez lent. Il y a eu du positif et du moins positif dans ma lecture. D'abord, je dois souligner qu'Adolfo Bioy Casares a attisé ma curiosité, je voulais comprendre, comme le narrateur. J'ai également beaucoup aimé ce personnage tout aussi étrange que son histoire, sur lequel l'on ne sait pas grand chose, à part qu'il s'agit d'un fugitif, mais l'on ne sait quel crime lui a été imputé, ni qui il est réellement. Ensuite, la résolution du mystère m'a beaucoup plue, j'ai trouvé cette "invention de Morel" poétique et admirable, elle tiens du génie. Cependant, j'ai été ralentie dans ma lecture (de ce roman pourtant bref) par les descriptions permanentes des faits et gestes de chacun, de l'environnement et des marées, malgré une tension permanente dans ce faux huis-clos, qui m'a parfois fait me sentir mal dans ma lecture. Le roman aborde aussi le thème de la folie, ce qui se ressent dans l'écriture parfois décousue de ce qui est censé être un journal, mais qui m'a parfois perdue. En définitive, un roman original, tout aussi poétique qu'effrayant, mais qui a manqué d'un petit quelque chose pour réellement me toucher.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221280737
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    160
  • Dimensions
    184 x 126 mm

L'auteur

Adolfo Bioy Casares

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