L'Invention de Morel : Le livre de Adolfo Bioy Casares
Parfois, on pense trouver refuge, alors que le cauchemar ne fait que commencer.
C'est ce dont Luis a fait l'expérience, le jour où il a débarqué sur une plage en apparence déserte, après avoir échappé à la police à coups de rame désespérés. Alors qu'il pensait avoir trouvé refuge sur une île inhabitée, ses explorations lui dévoilent en réalité un lieu étrange, dominé par une villa à la fois somptueuse et inquiétante. Il y découvre d'autres hommes et femmes, avec lesquels aucune communication n'est possible, tant ils sont plongés dans les scènes du quotidien qu'ils répètent inlassablement, chaque semaine, sans lui prêter attention. Sont-ils fous ou bien le dénommé Morel, qui les a réunis, a-t-il quelque chose à voir avec ces étranges comportements ?
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" Situé au Paraguay, ce fruit d'une imagination fantastique est une œuvre réaliste aux accents curieusement surréalistes. Je ne pense pas que ce soit imprécis ou hyperbolique de le qualifier de parfait. " Jorge Luis Borges
De (auteur) : Adolfo Bioy Casares
Traduit par : Armand Pierhal
Expérience de lecture
Avis Babelio
colka
• Il y a 3 semaines
Quel curieux roman que celui de Adolfo Bioy Casares ; L'invention de Morel ! L'étrangeté nous la rencontrons dès le début du récit dont le narrateur nous signale qu'il s'agit d'un journal destiné à ceux qui le découvriront sur cette île où il a échoué après un périple en mer sur un canot à rames, pour échapper à une milice militaire lancée à sa poursuite après un procès dont on ne saura rien... Nous sommes plongés d'emblée dans un univers totalement dépaysant, inhospitalier où tout ce qui est vivant, animaux et plantes, sont soit envahissants, soit en décomposition ou morts. Le cadre de vie du narrateur n'est pas moins inquiétant ; une chapelle, une piscine, un "musée" dont il découvrira au fur et à mesure de ses pérégrinations sur l'île la structure labyrinthique. Mais il n'est pas au bout de ses découvertes et nous non plus, car il se rend vite compte que l'île abrite d'étranges habitants dont la présence va déclencher chez lui une véritable paranoïa. Il n'en sera délivré que lorsqu'il aura la clé de leur séjour dans ces lieux. Petit à petit, nous découvrons grâce à de subtiles indices glissés par le narrateur qu'ils ne vivent pas dans la même temporalité que lui. Va-t-on pour autant plonger dans un récit fantastique ? Pas du tout ! Et l'auteur via le narrateur va très habilement nous faire découvrir la fameuse "invention de Morel". Cette découverte occupe toute la seconde partie du roman qui - à mes yeux du moins - va revêtir la forme d'un récit parabolique car le héros de cette étrange histoire va être confronté à des problèmes existentiels et métaphysiques comme : l'Immortalité, la Réalité et la Mort. Personnellement ceux qui m'ont le plus interpellée sont les deux derniers, notamment ses interrogations sur la notion de Réalité et la perception qu'il en a. A plusieurs reprises, il se demande s'il est déjà mort ou bien si les habitants de l'île et lui vivent sur des plans distincts. Une déréalisation provoquée par un vécu trop angoissant ? C'est en tout cas la question qu'il se pose et nous aussi. Mais la mort omniprésente dans le roman ne va pas venir sous la forme qu'il envisage c'est-à-dire le suicide car l'invention de Morel dont il va découvrir le secret va l'entraîner dans une relation mortifère avec une réalité virtuelle qu'il va d'abord rejeter puis qui va le fasciner puisqu'elle va lui permettre de rejoindre pour l'éternité la femme aimée Faustine, au prix de sa propre destruction physique. Comment ne pas trouver remarquable cette odyssée singulière rédigée en 1940 et qui pose déjà en filigrane les questionnements qui sont les nôtres, face à une réalité virtuelle qui nous dépasse parfois et qui pourrait devenir hors contrôle avec les progrès fulgurants de l'I.A. J'avoue que j'ai d'abord été un peu désemparée par le style de l'auteur qui se cantonne souvent dans une écriture très factuelle, un peu froide. J'aurais préféré que les questionnements métaphysiques qui sont les siens soient plus incarnés, comme au début du récit et dans les très belles pages de la fin. Mais cet roman restera dans mon esprit et continuera sans doute de me faire réfléchir sur le monde dans lequel nous allons vivre...
Philine
• Il y a 3 mois
Ce court roman nous invite aux cotés d'un homme en cavale pour un crime qu'il dit ne pas avoir commis. Il s'exile sur une île inhabitée, sur laquelle reste les vestige d'un musée, d'une chapelle et d'une piscine. Il y survit plus qu'il ne vit. Mais des phénomènes étranges se renouvellent : l'homme observe des humains qui s'amusent et passent du bon temps sur cette île qu'il pensait déserte. L'étrange ne s'arrête pas là, puisque ces gens disparaissent parfois et... semblent ne pas le voir... Une idée originale pour un roman au rythme assez lent. Il y a eu du positif et du moins positif dans ma lecture. D'abord, je dois souligner qu'Adolfo Bioy Casares a attisé ma curiosité, je voulais comprendre, comme le narrateur. J'ai également beaucoup aimé ce personnage tout aussi étrange que son histoire, sur lequel l'on ne sait pas grand chose, à part qu'il s'agit d'un fugitif, mais l'on ne sait quel crime lui a été imputé, ni qui il est réellement. Ensuite, la résolution du mystère m'a beaucoup plue, j'ai trouvé cette "invention de Morel" poétique et admirable, elle tiens du génie. Cependant, j'ai été ralentie dans ma lecture (de ce roman pourtant bref) par les descriptions permanentes des faits et gestes de chacun, de l'environnement et des marées, malgré une tension permanente dans ce faux huis-clos, qui m'a parfois fait me sentir mal dans ma lecture. Le roman aborde aussi le thème de la folie, ce qui se ressent dans l'écriture parfois décousue de ce qui est censé être un journal, mais qui m'a parfois perdue. En définitive, un roman original, tout aussi poétique qu'effrayant, mais qui a manqué d'un petit quelque chose pour réellement me toucher.
isakaede
• Il y a 4 mois
Il est difficile de s’attaquer à un chef d’œuvre aussi court soit-il. Dans sa préface dithyrambique, Jorge Luis Borges nous enjoint à lire et relire cette nouvelle fantastique et affirme qu’il s’agit d’un des grands écrits du 20eme siècle. Le protagoniste, condamné pour un crime au Venezuela dont on ne saura rien, échoue dans une île qu’il pense inhabitée. C’est avec stupeur qu’il se rend compte que la seule construction de l’île est envahie régulièrement par un groupe de personnes qui lui inspirent tour à tour peur, curiosité et même amour. L’atmosphère du livre est étouffante à l’image de la moiteur de l’île et de l’incompréhension première du narrateur. L’ amour y est décrit comme un « hors de soi » proche de la folie . Enfin, le choix radical du héros à la fin de la nouvelle est dans la lignée d’une narration dense, entre tension et réflexion.
Vavatitine
• Il y a 7 mois
Un homme fuit et se réfugie sur une île maudite. Obligé de se cacher quand il entend d'autres personnes, il les observe de loin et vit dans les marécages. Intrigué autant que terrifié par ces habitants qui ne semblent pas le voir, ce qu'il va découvrir de la vérité de cette île déterminera son destin. Un roman d'anticipation franchement avant-gardiste quand on sait qu'il a été écrit dans les années 1940. Bien écrit, on suit le narrateur et l'on comprend petit à petit la réalité de cette île en même temps que lui.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782221280737
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- Collection ou Série
- Pavillons Poche
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 160
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- Dimensions
- 184 x 126 mm
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9,50 € Poche 160 pages