L'oeil de l'Etat - Moderniser, uniformiser, détruire : Le livre de James C. Scott
Pourquoi, malgré des intentions parfois sincères et orientées vers le bien-être de leurs populations, les États modernes les ont-ils si souvent malmenées, voire meurtries ? Pourquoi, malgré les moyens colossaux mis en œuvre, les grands projets de développement ont-ils si tragiquement échoué et ravagé l'environnement ? Dans cette recherche foisonnante, James Scott démonte les logiques bureaucratiques et scientifiques au fondement de ces projets " haut-modernistes ", poussant à toujours plus de lisibilité et de contrôle sur la nature et les sociétés humaines.
À partir d'une large palette d'études de cas allant de la foresterie scientifique à la création des premiers recensements et des noms propres, de la doctrine révolutionnaire de Lénine à celle de Le Corbusier en matière d'urbanisme, et de la collectivisation de l'agriculture soviétique aux politiques de villagisation en Tanzanie et ailleurs, Scott dénonce ces entreprises de planification autoritaire qui finissent par appauvrir et étouffer le monde physique et social.
En appuyant leur pouvoir sur des formes de classification, de standardisation et d'abstraction, ces projets tendent tous à négliger les mécanismes et les processus informels d'ajustement pourtant essentiels à la préservation d'ordres sociaux viables. Ils échouent aussi car ils marginalisent les savoirs locaux de celles et ceux qu'ils ciblent. À l'encontre de ces approches autoritaires centralisées et surplombantes, Scott défend le rôle de formes de savoirs plus modestes, étroitement liées à l'expérience pratique et davantage capables d'adaptation au gré des circonstances.
De (auteur) : James C. Scott
Traduit par : Olivier Ruchet
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
jeremyabn
• Il y a 1 mois
Une lecture absolument essentielle pour quiconque, comme moi, croit à la planification mais se méfie de l'État. Ce livre est un avertissement. Scott montre, avec des exemples terrifiants (de l'urbanisme de Le Corbusier aux fermes collectives soviétiques), comment les grands projets étatiques, même quand ils partent d'une bonne intention, finissent souvent en désastre. Pourquoi ? Parce que l'État a une vision simplificatrice, "lisible", qui ignore la complexité du réel et les savoirs locaux des gens. C'est une critique libertaire brillante de la bureaucratie et de l'arrogance technocratique. Ce livre ne m'a pas rendu anti-planification, il m'a rendu pro-planification démocratique. Il prouve que toute transformation doit se faire avec le peuple, et non sur lui. Une lecture qui m'a vacciné à vie contre la tentation de l'avant-garde éclairée.
BEBEANTOINE
• Il y a 4 ans
Jusqu'il y a peu, James C, Scott était un nom comme un autre -celui d'un universitaire savant, dont les travaux sur les origines des civilisations humaines n'intéressaient guère que ses collègues directs, fascinés ou irrités par ses thèses iconoclastes. Mais le succès de Zomia (La Découverte, 2013), son livre consacré aux territoires vivant à l'écart de toute mainmise étatique, puis de Homo Domesticus (La Découverte. 2019), sa relecture incendiaire de la "révolution néolithique", ont changé la donne. Soudain, Scott est devenu une des figures chéries de ceux qui s'interrogent sur les raisons pour lesquelles i l y a quelque chose de pourri dans notre monde.
ErnestLONDON
• Il y a 4 ans
Dans son soucis d’accroitre la lisibilité et la simplification de manière à faciliter la levée de l’impôt, la conscription et la prévention des révoltes, l’État, dans l’Europe du début de l’ère moderne, s’est appliqué « à rationaliser et standardiser ce qui n’était auparavant qu’une sorte de hiéroglyphe social » (la langue, les noms de famille, les unités de mesure, les villes et les transports, les propriétés, les registres de population et les cadastres, etc). James C. Scott étudie les logiques bureaucratiques et scientifiques de projets « haut-modernistes » choisis parmi un vaste champ d’exemple de cette « ingénierie sociale », de la foresterie scientifique à l’urbanisme planifiée Le Corbusier, en passant par la planification autoritaire en Tanzanie et la collectivisation de l’agriculture soviétique. Tous ont échoué. À l’encontre de ces « approches autoritaires centralisées et surplombantes », il défend le rôle de formes de savoirs pratiques qu’il nomme « m#275;tis ». (...) Impressionnant par l’ampleur des champs étudiés, cet ouvrage est en réquisitoire implacable contre « l’impérialisme » de la planification étatique, bureaucratique et capitaliste, un vibrant hommage à l’intelligence collective, une preuve de confiance en ceux qui pensent que « le chemin se créé en marchant », comme dit le poète. Article (très) complet sur le blog :
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Sciences Politiques
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- EAN
- 9782348057359
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 546
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- Dimensions
- 241 x 155 mm
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28,00 € Grand format 546 pages