Lorenzaccio : Le livre de Alfred de Musset

Poche

Pocket

0 personnes ont réagi

Édition présentée et commentée par Gérard Gengembre (université de Caen) et Emmanuel Martin (université de Paris XIII).



" Le vice a été pour moi un vêtement ; maintenant il me colle à la peau. " Ce Lorenzo de Médicis, jeune noble florentin, le peuple le nomme Lorenzaccio, par mépris pour sa faiblesse et sa lâcheté. Par calcul, il est devenu l'âme damnée de son cousin Alexandre, qui règne sur la ville par la terreur. Corrompu lui-même mais clairvoyant dans son ignominie, Lorenzo entend se racheter par un acte dont il devine à l'avance l'inutilité : assassiner ce tyran.

Les contemporains de Musset ignoraient son théâtre, qu'ils jugeaient frivole ou injouable. Aujourd'hui, Lorenzaccio a presque rejoint Hamlet sur toutes les scènes du monde.



Lire avec le texte intégral et la préface présentant l'œuvre et son auteur.

Comprendre avec " Les clés de l'œuvre " : 26 pages pour aller à l'essentiel ; 62 pages pour approfondir.

De (auteur) : Alfred de Musset
Préface de : Emmanuel Martin

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

LaLisiere

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

"Lorenzaccio", pièce écrite en 1834 par Alfred de Musset, s’inscrit dans le courant du théâtre romantique par son sujet historique, sa construction éclatée, son héroïsme paradoxal et sa langue vibrante. S'inspirant d’un fait réel – l’assassinat d’Alexandre de Médicis par son cousin Lorenzo en 1537 –, Musset en fait le support d’une méditation politique, existentielle et esthétique d’une grande profondeur. Écrite pour la lecture plutôt que pour la scène (comme la plupart des pièces de Musset à cette époque), "Lorenzaccio" dépasse le cadre de la reconstitution historique pour interroger les rapports entre l’individu, la société et l’action. Le Florence de la Renaissance devient ainsi un miroir de la France post-révolutionnaire de 1830 : une société gangrenée par la compromission, la peur, le conformisme bourgeois, où la grandeur ne trouve plus sa place. Lorenzo de Médicis, dit « Lorenzaccio », est l’un des personnages les plus complexes du théâtre romantique. À la fois justicier, traître, libertin, patriote, nihiliste, il incarne la figure du héros désabusé, à l’âme déchirée. Pour mieux approcher Alexandre de Médicis et le tuer, il feint la débauche, la compromission, la dissolution morale – jusqu’à ne plus savoir lui-même qui il est. « Je suis le plus lâche des hommes. Mais j’ai tué un tyran. » Par cette phrase emblématique, Lorenzo dévoile la contradiction fondamentale du héros romantique : agir au nom d’un idéal dans un monde qui a perdu tout sens. En adoptant les masques de la corruption, Lorenzo devient lui-même l’instrument du mal qu’il combat. Cette tension entre apparence et vérité, masque et sincérité, structure toute la pièce. Il est un Hamlet italien, mais sans l’élan tragique de la vengeance ni le soulagement de la mort noble. Lorenzo est seul, radicalement. L’assassinat du duc ne déclenche pas la révolte populaire qu’il espérait : la pièce se clôt sur le retour du pouvoir tyrannique, preuve que le geste héroïque est sans conséquence dans une société anesthésiée. Le Florence de "Lorenzaccio" est une cité en ruine morale. Tout y est théâtre : les conspirateurs parlent, les républicains tergiversent, les nobles pactisent. Personne n'agit, sinon pour préserver ses intérêts. Musset dresse ainsi un tableau au vitriol de la société, et de la lâcheté des élites intellectuelles et politiques. La pièce est une critique lucide de l’illusion révolutionnaire : à quoi bon renverser un tyran si le peuple n’est pas prêt à changer ? Musset ne condamne pas la révolte, mais il en révèle l’inanité lorsque le socle moral et collectif fait défaut. Florence devient alors l’allégorie d’une société post-idéaliste, où les mots ont perdu leur pouvoir, où la mémoire des grandes luttes est devenue un discours vide, et où l’action isolée du héros est vouée à l’oubli ou à la récupération. Musset, influencé par Shakespeare, rompt avec l’unité de lieu, de temps et d’action. "Lorenzaccio" offre une structure éclatée, où s’alternent scènes de palais, de rue, de cabarets, de chambres privées. Cette composition en mosaïque renforce la sensation de chaos moral et politique. La langue est à la fois lyrique et ironique, traversée de monologues puissants, de dialogues brillants, de moments de pure poésie. Musset fait de son théâtre un lieu de pensée vivante, où la beauté des mots contraste avec la vacuité des actes. Si la pièce fut d’abord conçue pour être lue, elle s’est imposée au XXe siècle comme un chef-d'œuvre scénique, notamment grâce aux interprétations d’acteurs comme Gérard Philipe ou Francis Huster, qui ont redonné chair à ce Lorenzo hanté par l’impossibilité d’un idéal. "Lorenzaccio" est bien plus qu’un drame historique : c’est une tragédie politique, métaphysique et poétique, qui place Musset au cœur des préoccupations modernes. Il y interroge la vanité de l’action dans une société amorale, la solitude du sujet face à la compromission collective, et le désespoir d’une époque où l’idéal semble n’avoir plus de prise. Cette œuvre fulgurante, nourrie d’une sensibilité romantique intense, reste aujourd’hui d’une actualité saisissante : que peut le geste individuel dans une société désabusée ? Peut-on encore croire en l’héroïsme, ou n’est-il qu’un simulacre ?

Signaler

MarineBvB94

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Un drame romantique aussi intense que désenchanté Avec Lorenzaccio, Alfred de Musset signe une œuvre à la fois sombre, flamboyante et profondément lucide. Derrière le masque du drame historique se cache un texte d’une modernité frappante, où les idéaux se heurtent à la corruption, l’action à l’impuissance, et l’héroïsme au désespoir. Inspiré d’un fait réel, le meurtre du tyran Alexandre de Médicis par son cousin Lorenzo, la pièce nous entraîne dans une Florence rongée par l’immobilisme et la lâcheté. Lorenzo, personnage fascinant, s’y consume dans un double jeu tragique : il joue les débauchés pour approcher sa cible, mais ce rôle finit par le hanter. Tout en lui vacille entre le cynisme et la révolte, la fatigue morale et l’élan romantique. La langue de Musset est superbe : vive, mordante, parfois lyrique, toujours juste. Le texte, écrit pour être lu plus que joué, regorge de tirades brillantes et de dialogues acérés. Et derrière le théâtre politique, se dessine une méditation amère sur l’échec des grandes idées, sur la solitude du héros et sur le poids des masques qu’on endosse. Lorenzaccio n’est pas une pièce facile : elle est dense, exigeante, mais incroyablement riche. Une œuvre qui m’a marquée par son intensité et son pessimisme lucide.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Théatre
  • EAN
    9782266199841
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    352
  • Dimensions
    178 x 110 mm

L'auteur

Alfred de Musset

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

4,20 € Poche 352 pages