On ne badine pas avec l'amour : Le livre de Alfred de Musset

Cette pièce magistrale s’impose comme un véritable oracle. Entre ivresse amoureuse, amertume et duplicité, Musset brandit un avertissement contre l’artifice et la vengeance de l’homme ulcéré par la défiance d’une femme. Dans ces jeux d’illusions, où l’on travestit l’amour en masque éclatant pour mieux trahir, la séduction se transmue en poison, se gorge de vice et finit par se consumer dans le drame. Musset laisse entendre qu’il est périlleux, presque funeste, de jouer avec la flamme des sentiments, de profaner l’offrande d’un cœur sincère. Ce joli théâtre nous heurte, nous secoue, avec un sublime esthétique.

[masquer]Camille et Perdican se retrouvent après avoir été séparés 10 ans dans le domaine où ils ont grandi, celui du Baron, père de Perdican qui souhaite les marier. Tous deux s’aiment profondément. Mais Camille, tout juste sortie du couvent et nourrie de discours religieux, semble en quête d’un amour absolu et éternel, qu’elle pense ne pouvoir trouver qu’en Dieu. Par peur de souffrir, par crainte du caractère inconstant des sentiments, elle repousse les avances de Perdican, qui lui est tout dévoué à la cause de l’amour mais sans forcément le comprendre réellement. Tous deux camperont alors sur leurs positions, joueront de mots et de masques, sans jamais tomber d’accord. Perdican par dépit, séduira l’innocente et sincère Rosette. S’en suivra une issue tragique mais qui pourtant fera éclater la vérité chez nos deux personnages principaux. D’autres personnages émailleront aussi l’intrigue de traits plus humoristiques et burlesques voire anticléricaux. J’ai beaucoup aimé lire cette courte pièce aux apparences légères qui évolue progressivement vers une dimension plus tragique et profonde. Elle rappelle que les mots, sous le poids de l’orgueil peuvent devenir venin et que l’on peut vite se mentir à soi-même si l’on écoute ses certitudes plutôt que son coeur. En cela, cette oeuvre demeure profondément romantique et intemporelle ! [/masquer]

Grâce à ma fille qui entre en première, je redécouvre des classiques. Dans le cas présent, cette pièce est aisée et plaisante à lire. La dénonciation du pouvoir de l'église et de son poids sur l'éducation des jeunes filles est éclatante. Lors de l'écriture de cette pièce, Musset souffre de sa rupture avec George Sand à qu'il fait également des reproches par texte interposé. Cette pièce, écrite suite à la commande de son éditeur, est in fine une grande réussite. Pas seulement par le caractère comique de certains personnages, ni par la moralité émise mais par ce style si puissant, qui permet de dénoncer tout en énonçant des a-prioris sur les 2 sexes... De tous les textes obligatoires de cette année, c'est sans aucun doute le plus aisé à appréhender pour les élèves...

Je continue ma lecture de classiques avec une première pièce de théâtre que je n'ai jamais ouverte durant mes études littéraires. Le titre me parlait évidemment... Avec un regard de l'époque, j'aurais sans doute jugé cette histoire comme très bonne : quelques personnages tout à fait idiots (donc amusants), de la haine, de l'amour et de la tragédie. Avec mon regard du 21e siècle, je dois dire que je me suis plutôt ennuyée. De plus, C et P se jouent l'un de l'autre et des autres et sont, pour utiliser une expression d'aujourd'hui, bien toxiques. Une ode à ça ? Non merci.