Madame Bovary : Le livre de Gustave Flaubert

Madame Bovary suit Emma, prisonnière d’une vie monotone et de rêves inaccessibles. Son mal-être et ses illusions rappellent nos luttes face à la routine et aux images idéalisées des réseaux sociaux par exemple. Le roman interroge aussi les attentes sociales envers les femmes et la quête parfois destructrice du bonheur parfait. Un classique toujours très actuel.

A lire et à relire, encore et encore. L'histoire d'Emma Bovary est connue, certes. Et pourtant, à chaque relecture on découvre quelque chose de nouveau. Pour soi. Sur soi. C'est là la force des grandes oeuvres. Elles nous apprennent à nous connaître nous-mêmes.

Un classique qui me faisait un peu peur au départ… et pourtant, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’ambiance du roman est immersive, entre la campagne normande et les salons, mais ce qui m’a surtout marquée, c’est Emma. Emma Bovary, c’est une femme qui refuse d’accepter la vie toute tracée qu’on lui impose. À une époque où les femmes devaient juste être de bonnes épouses et des mères modèles, elle, elle veut plus. Elle rêve de passion, d’intensité, … Elle est clairement en avance sur son temps, et c’est aussi ce qui la rend si tragique. Par contre, les hommes dans ce roman… Entre Charles, son mari, qui est sûrement la personne la plus gentille mais aussi la plus aveugle du monde, et les autres qui sont juste des lâches…. J'ai adoré

Le bovarysme, ou l'incompréhension d'un roman Madame Bovary, roman qui n'est plus à présenter (mais qui reste sans doute à lire), a eu un impact tel que la langue française en a tiré un substantif pour décrire le thème général qu'il aborde. Le terme bovarysme né sous la plume de Jules de Gaultier en 1892, décrit "un état ou un sentiment d'insatisfaction, caractéristique du personnage d'Emma Bovary, héroïne du roman de Flaubert, Madame Bovary", peut-on lire sur Wikipédia. Sur lettres.org, le bovarysme est défini comme « un état d’insatisfaction, sur les plans affectifs et sociaux, qui se rencontre en particulier chez certaines jeunes personnes névrosées, et qui se traduit par des ambitions vaines et démesurées, une fuite dans l’imaginaire et le romanesque » Ou : « Affection dont est atteinte l'héroïne du roman de Flaubert, Emma Bovary, et qui consiste à construire sa vision du monde à partir de la lecture de romans. L'invalidité des univers romanesques à servir de modèles au monde réel entraîne une série de désillusions. Par extension, le terme désigne une pathologie de la lecture. » (Christine Montalbetti, La Fiction) Je n'irai pas par quatre chemins: je trouve que tout ceci est du pur bullshit. Lorsqu'on lit réellement Madame Bovary, on comprend que le désespoir de cette femme n'est pas lié, comme certains veulent le faire croire, à une lecture excessive d'histoires à l'eau de rose , ni d'ailleurs à une insatisfaction structurelle de la psychologie d'Emma. Bien plus simplement, Flaubert nous raconte ici l'histoire d'une femme qui, comme tout le monde, cherche à éprouver de l'amour pour un homme, et dont le seul malheur est d'avoir épousé la mauvaise personne (pour elle) A partir de là, toute tentative d'extraire de l'histoire d'Emma des concepts théoriques d'insatisfaction perpétuelle me paraît de la plus haute escroquerie intellectuelle. Il est vrai qu' Emma rêve de l'amour qu'elle n'a pas. Mais qui de nous ne cherche point à être heureux dans sa vie? Loin d'être éternellement insatisfaite, le lecteur de Madame Bovary comprendra qu'Emma était en réalité prête à être heureuse, que ce soit avec Rodolphe ou Léon, et que son malheur ne tient pas tant à elle-même qu'aux hommes qu'elle rencontre, que ce soit ceux qui la manipulent (Rodolphe), ou ceux qui ne peuvent pas construire leur vie avec elle (on voit mal Léon, en effet, qui est d'ailleurs bien plus jeune qu'Emma, renoncer à sa carrière pour elle, et prolonger une relation potentiellement nuisible avec une femme mariée). Sur Wikipédia, on peut lire : "Finalement, la déception d'Emma par rapport à sa vie la mène au suicide", formulation qui ne saurait être plus fausse... car elle oublie que le suicide d'Emma est une conséquence de sa ruine financière, et non de sa déception par rapport aux hommes. Il me semble que Madame Bovary est donc davantage une réflexion sur la condition des femmes à cette époque (pour lesquelles il est difficile de s'échapper d'une situation conjugale), que sur le sentiment d'insatisfaction, de rêverie et d'illusion. Les illusions d'Emma sont tout à fait normales, et sa déconvenue avec Rodolphe était prévisible (c'est en quelque sorte, une relation initiatique). Son amour pour Léon était sincère mais s'est heurté à l'inconfort d'une situation adultère. Sa seule véritable erreur est d'avoir été financièrement manipulée par le marchand Lheureux qui l'a conduite à sa ruine. Gardons-nous donc des généralisations et des substantivation trompeuses. Madame Bovary est avant tout une excellente histoire, écrite dans un style remarquable.