Salammbô : Le livre de Gustave Flaubert

Poche

Pocket

0 personnes ont réagi

Un épisode de l'histoire de Carthage (la guerre des mercenaires) rapporté par Polybe inspira à Flaubert la vision de tout un monde antique.

" C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar... "
Un festin immense est organisé par le général Hamilcar. Il a convié ses mercenaires, mais, ivres de vin et de colère, ils sont des centaines de Numides, de Gaulois ou encore de Libyens à ravager les jardins et, bientôt, à marcher sur la ville elle-même... Détruire Carthage : voilà leur seul but à présent. Et ni Salammbô, la fille sublime du général punique, ni le chef barbare Mâtho, qui la désire si ardemment, n'échapperont à la fureur du carnage.
Une lune voilée de rouge se lève sur un Orient violent, sensuel et passionné, et pas un mur de la cité éternelle ne doit rester debout.

De (auteur) : Gustave Flaubert

Fermer
 

Avis Babelio

Tricape

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 semaines

"C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar." Aussitôt rentré d'un séjour en Tunisie et après avoir visité le site et les environs de Tunis, Carthage et Utique compris, je me suis lancé dans la lecture de salammbô.> Impression générale : l'écriture, le vocabulaire, l'allant et le souffle m'ont fait penser à la fois à Chateaubriand, à ses phrases souveraines et ses Martyrs, à Victor Hugo avec son inspiration, son emphase et ses visions poétiques, et, par anticipation, à Huysmans et à la surabondance étincelante de son vocabulaire. L'édition (due à Pierre Moreau) a beau contenir une préface doublée d'une introduction et être suivie d'un dossier d'une soixantaine de pages contenant un glossaire, le lecteur contemporain risque fort d'être confronté à des termes qui lui sont peu familiers, voire inconnus. Plusieurs fois, je n'ai pas trouvé dans le glossaire la signification d'un mot utilisé par Flaubert. C'est que le troisième siècle avant notre ère raconté par un homme du dix-neuvième sent un peu le musée archéologique et fait appel à des références historiques qui nous sont peu familières. Chez Flaubert, Carthage rime fort avec carnage. (dans une lettre à Feydeau, Flaubert avoue à propos de Salammbô qu'il est entrain d'écrire : "Je crois qu'il y a trop de troupiers"). Ce ne sont en effet, pour l'essentiel, que combats, batailles, sièges et campagnes militaires avec leurs embuscades, rébellions et trahisons. le tour de force de l'auteur (qui avait visité les lieux auparavant) est de faire revivre d'une manière plausible un épisode historique collant d'aussi près que possible avec les invariants que sont la géographie et la topologie des lieux, les sources historiques et les traces archéologiques. Par son génie, les vieilles pierres que l'on peut encore apercevoir aujourd'hui #8213;bien que les Romains les aient bousculées et enfouies un siècle et demi après la période d'Hamilcar et de sa fille Salammbô#8213;, les ruines, stèles et urnes funéraires nous parlent comme si l'écrivain était un reporter de guerre tout juste rentré du champ de bataille. Comme il le reconnaît lui-même dans sa réponse à Sainte-Beuve, Flaubert trouve son oeuvre mal équilibrée : le piédestal qu'il a construit pour y ériger la statue de Salammbô est disproportionné par rapport à la place somme toute limitée qu'il réserve à son héroïne. On se rend bien compte également que la finesse de l'expression des sentiments que l'on avait tant appréciée dans son Madame Bovary a été ici volontairement occultée. Flaubert ne voulait pas d'un deuxième procès. le chapitre relatant la bataille de Macar m'a tout particulièrement impressionné : le lecteur y est entraîné dans un maelstrom étourdissant d'où on ne ressort qu'à la dernière ligne. On se croirait au cinéma (odeurs en plus des images et du son) quand les Barbares campés à Utique ont vu quelque chose apparaître à l'horizon : "à cause des cornes dressées au bord des casques, les uns croyaient apercevoir un troupeau de boeufs ; d'autres, trompés par l'agitation des manteaux, prétendaient distinguer des ailes, et ceux qui avaient beaucoup voyagé, haussant les épaules, expliquaient tout par les illusions du mirage. Cependant quelque chose d'énorme continuait d'avancer." C'était l'armée d'Hamilcar ! On s'y croirait n'est-ce pas ? La critique de Salammbô formulée par Sainte-Beuve et l'éblouissante réponse que lui fait Flaubert récompensent et éclairent a posteriori le lecteur : on comprend que l'auteur a voulu créer du "vrai" à partir du très large éventail des possibles.

Signaler

Ngc

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Loin de Madame Bovary ou de L'Education sentimentale (ce qu'on lui a d'ailleurs ardemment reproché), Flaubert s'est essayé au roman historique avec Salammbô, sans chercher à être dans une fidélité factuelle totalement irréprochable (autre reproche, notamment de Sainte-Beuve) mais avec malgré tout assez de rigueur et surtout assez de talent pour nous immerger dans une région à l 'exotisme exacerbé. Cela passe par un style où les couleurs prennent de l'importance, où l'exhalaison des parfums et des senteurs ressort de chaque sentence, où la profusion des noms de peuples, tribus et régions nous font perdre la tête et créent un univers lointain par le temps et l'espace. Flaubert narre les guerres de Carthages, les manipulations politiques, les manœuvres militaires (on se croirait parfois dans le seigneur des anneaux, constat amusant pour le lecteur d'aujourd'hui) et les troubles de l'âme à travers le destin de Mâtho et de Salammbô. Bien sûr il y a quelques longueurs difficiles à nier, des chapitres un peu redondants où l'on se demande quand telle armée ayant pris le dessus va enfin se décider à mettre un terme au combat, mais l'écriture de Flaubert est si magnifique qu'elle parvient quasiment à elle seule à faire tenir le roman. Et puis malgré la profusion de personnages beaucoup parviennent à se détacher, dans un cadre à la fois "prétexte à joyaux et à rêves" tout autant prétexte à une barbarie cruelle qui ne provient pas que de ceux qu'on appelle justement barbares. Salammbô est un voyage vraiment dépaysant, où l'Orient (certes peut-être fantasmé) offre au lecteur des sensation inhabituelles portées par la plume d'un écrivain qui use de géniales techniques pour offrir un texte d'une beauté quasi inégalable, aux confins du roman et de la poésie.

Signaler

kapacontrol

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Je viens de refermer Salammbô. Lecture scolaire imposée et douloureuse, qui m'avait laissé le souvenir d'un ennui profond. J'étais totalement passé à coté. Dès l’ouverture, avec cette scène à Mégara, dans les jardins d’Hamilcar, j’ai senti que Flaubert allait me plonger dans un monde à la fois somptueux et inquiétant. Ce n’était pas un roman historique ordinaire : chaque détail, chaque mot semblait avoir été ciselé pour ressusciter Carthage dans sa splendeur et sa cruauté. La violence de ce livre m’a surpris par sa constance. Les corps suppliciés, les batailles, les sacrifices, tout y est décrit avec une minutie qui glace autant qu’elle fascine. J’ai parfois eu besoin de suspendre ma lecture, non pas pour reprendre souffle mais pour me laisser habiter par l’image : les guerriers qui se graissent la chevelure avant le combat, Salammbô qui prie devant les étoiles, Mathô consumé de désir et de délire. La beauté et l’horreur se mêlent sans cesse, et c’est précisément ce mélange qui donne au roman sa force unique. Salammbô m’est apparue comme une figure à la fois sacrée et inaccessible. Elle n’est pas seulement une héroïne de passion, elle est une prêtresse de l’excès, une incarnation du lien entre le politique et le religieux. Sa relation à Mathô, au-delà de l’amour, ressemble à une malédiction : une attraction fatale, où le sacré et l’érotisme se confondent, où le corps devient lui-même un champ de bataille. J’ai trouvé bouleversante cette façon qu’a Flaubert de faire de l’intime un reflet de la guerre et du destin collectif. Mais au-delà de ses personnages, c’est Carthage elle-même qui vit sous nos yeux. Les temples, les remparts, les jardins, les marchés, les rites sanglants, tout compose une fresque d’une densité extraordinaire. Lire ce roman, c’est presque sentir la chaleur des pierres, l’odeur des encens, l’éclat des métaux. Flaubert ne raconte pas, il convoque : on est dans la ville, on entend les cris, on voit la poussière des batailles. Impressionné par la démesure de ce projet, par la plume incisive, puissante et colorée de Flaubert. Plus qu'une fiction, une tragédie antique, d'une richesse foisonnante, écrite dans une prose d’une précision implacable.

Signaler

MarieDeBordeaux

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Habituée et adepte des classiques, j’ai pourtant trouvé que la lecture de « Salambô » n’était pas aisée, peut-être par manque de connaissance sur cette période historique. Le remarquable travail historique de Flaubert est indéniable et doit être souligné, bien qu’il soit, à mon goût, au détriment de l’intrigue romanesque. Mon avis est donc assez mitigé.

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266346801
  • Collection ou Série
    Littérature - Classiques
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    416
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Gustave Flaubert

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

6,80 € Poche 416 pages