Mademoiselle Papillon : Le livre de Alia Cardyn

Le lendemain je lis où je relis mademoiselle Papillon écrit par Alia Cardyn. Une histoire en double. La première partie se situe à notre époque en service de néonatalogie avec une infirmière en charge d’une partie du service. Elle a en particulier la responsabilité d’une salle occupée par cinq mères et leur enfant en couveuse. Par ailleurs il est question de mademoiselle papillon, infirmière dont la carrière débute dans les années 20 et qui, bouleversée par la fragilité et l’état de santé des enfants juste après la grande guerre va créer de toutes pièces une structure d’accueil dans l’abbaye de valloire qui se nomme préventorium et va travailler à accueillir des enfants pour lutter contre la tuberculose. Je ne me lasse pas des histoires de personnes qui créent un lieu au service des autres en s'y consacrant selon corps et âme. On entend également parler du nidcap, une association créée par Heideliese Als qui a mis au point un ensemble d’actions bienveillantes et humanistes, au service des soins en néonatalogie. Encore une personne à qui l’humanité doit tant et qui m’émeut. Comme toutes celles qui améliorent la situation des enfants pour une humanité plus humaniste et bienveillante.

Un roman court mais très touchant, qui en mêlant le passé et le présent, entrelace habilement l'histoire de deux femmes. J'ai adoré découvrir la vie de Thérèse Papillon dont j'ignorais totalement l'existence, je trouve que les romans sur un excellent support pour plonger dans l'Histoire et Alia Cardyn relève effectivement haut la main ce défi-là, son partage nous pousse à aller faire des recherches, en découvrir plus sur cette femme admirable.

Les enfants, au cœur de cette double histoire, en néonatalogie d'un côté, et protégés à l'abbaye de Valloires de l'autre. Évidemment, il y a un point commun ! Deux femmes totalement engagées dans leur passion d'accompagnement, volontaires, jusqu'à l'épuisement. Mlle Papillon, 'Juste parmi les nations', a bel et bien existé, même si l'auteur a romancé son histoire. Gabrielle est un personnage fictif, mais qui permet de découvrir le quotidien de ces services de soins intensifs où les vies ne tiennent qu'à un fil!

Petit roman par la taille (270 pages au format poche) et grand par la thématique proposée et par le talent de son auteure. Ce court roman traite de l’enfance et du milieu médical avec deux histoires entremêlées de façon un peu artificielle mais qui, malgré tout, nous touchent l’une et l’autre de différentes façons. De nos jours, dans un service de maternité dédié aux grands prématurés, Gabrielle, infirmière, totalement happée par son métier, est au bord du burn-out. Elle fait des heures à n’en plus finir, sa fatigue physique et émotionnelle est intense et elle se désespère de voir mourir régulièrement ces grands prématurés et les détresses des mères et parfois des pères qui s’effondrent devant elle. Sa mère, écrivaine, lui propose de lire le manuscrit du livre qu’elle vient de terminer, pour avis affirme-t-elle. Cette lecture va jouer un rôle positif dans la vie de Gabrielle. Il raconte le destin de mademoiselle Papillon, qui, au sortir de la Première Guerre mondiale, profondément bouleversé par le sort des orphelins de guerre, notamment des familles défavorisés, va décider d’agir plutôt que de subir et va mettre toute son énergie pour fonder un préventorium, une maison commune pour les prendre en charge et les protéger. Elle tombe sous le charme de l’abbaye de Valloires, dans les Alpes et se met en tête de convaincre des donateurs et va aller jusqu’au bout de sa mission quasi sacrée. Le roman d’Alia Cardyn navigue entre ces deux histoires. La force de caractère de mademoiselle Papillon, redonnant force, courage et goût de l’initiative à Gabrielle, qui décide elle aussi de prendre sa frustration en main et de mettre en place dans son service, de nouveaux process de prise en charge des prématurés. Elle s’informe et découvre des procédures nouvelles, originales, mais tellement plus humaines que celles dans lesquelles elle exerçait. Les chapitres sont courts. Dans ce genre de romans, cela perturbe parfois, car l’immersion, en début de livre en tout cas, est un peu difficile à se faire. Je suis rentré assez facilement dans la description de la vie de mademoiselle papillon, un peu plus difficilement dans celle de Gabrielle. Plus attiré sans doute par le versant historique de la destinée d’un personne ayant réellement existé. Mademoiselle Papillon est en effet une « juste parmi les nations ». Quand son centre pour orphelins est crée, on suit aussi ce qu’il se passe ensuite et notamment et surtout pendant la Seconde Guerre mondiale avec une garnison allemande à proximité et des enfants juifs mélangés aux orphelins afin de les sauver. Ce sont les passages les plus forts du livre à mon avis. Et j’ai souvent eu du mal à revenir à la vie de Gabrielle. Pourtant le combat de cette dernière pour améliorer les conditions d’accueil des prématurés, le rapport avec les parents, et en définitive sa volonté de remettre de l’humain dans des services qui n’étaient plus que médicaux, rend aussi son histoire de plus en plus passionnante. Une lecture qui, au fur et à mesure nous fait du bien, nous apprend beaucoup de choses, et devrait être proposée dans certaines études médicales en lien avec les enfants.