Rêves de Bunker Hill : Le livre de John Fante

Déjà ma troisième critique sur un livre de John Fante, j'imagine donc que la compagnie de cet auteur est bonne. Et plus spécifiquement, celle de Arturo Bandini qui est son double. Que ça soit avec l'auteur ou son personnage fictif (ce qui revient au même), on a l'impression de suivre les aventures d'un pote irrécupérable mais malgré tout attachant. Alors cet italien n'a pas sa langue dans sa poche, reluque un peu trop les femmes (il y a de quoi faire à Los Angeles) mais on a affaire à un personnage très humain, trop humain. Bandini a des propos déplacés mais quand il s'agit de démolir l'escroquerie hollywoodienne, il ne se gêne pas. En effet, dans le livre, il travaille comme scénariste dans un studio où il dira par exemple à un autre scénariste : " - Sur quoi travaillez-vous ? - Une connerie. - Pourquoi ne partez-vous pas d'ici ? - Pour l'argent. J'adore l'argent." Ses collègues comme lui ne se font aucune illusion sur la qualité de leurs scénarios. Mais c'est ce qui marche. Schématiquement, l'argent facile provient de scénarios reprenant toujours les mêmes schémas, les mêmes clichés. Peut-être qu'aujourd'hui, cela peut d'ailleurs nous rappeler les innombrables films de super-héros, toujours les mêmes. Seulement voilà, Bandini s'ennuie ferme car c'est un écrivain animé d'une véritable passion pour son art... Ne lui restent plus, alors, que le cynisme et la contemplation des femmes. Dans ce livre, vous suivrez donc les aventures de Bandini dans les studios américains, mais aussi des histoires d'amitié, d'écriture et enfin.... cette marque de fabrique de John Fante : la nostalgie que peut ressentir tout immigré pour son pays d'origine. Pour Fante (ou pour Bandini), il s'agit de ce charmant pays qu'est l'Italie... 180 pages écrites par un auteur avec de la personnalité et sans langue de bois. Très bon, encore une fois.