Servir les riches - Les domestiques chez les grandes fortunes : Le livre de Alizée Delpierre

Alizée Delpierre est sociologue. Elle enquête depuis des années sur les domestiques, les grandes fortunes et les travailleurs immigrés. L’auteure, à partir d’une immersion de plusieurs années, analyse les relations de domination, d’adhésion et de contrainte qui se jouent derrière les portes des demeures luxueuses. Grâce aux enquêté(e)s, nous comprenons mieux ce qui se joue derrière les cages dorées. Les domestiques acceptent souvent leur condition en échange d’avantages, tels que des salaires (pensent-ils) élevés, une vie dans le luxe, ou parfois des relations affectueuses avec leurs employeurs. Il est plus facile pour les riches de manipuler une jeune immigrée illettrée qu’une Française avec des diplômes. Ce rapport de domination se concrétise par un système hors de toutes lois de travail. Les heures non comptabilisées se traduisent par l’épuisement des corps. L’ordre social maintenu par les grandes fortunes autorise ces gens des pratiques au-delà de l’envisageable. Humiliation, sévices moraux et physiques. Sans que cela, mis à part quelques cas, soit dénoncé. Alizée Delpierre montre comment cette exploitation » dorée » est perçue par certains domestiques comme une opportunité d’ascension sociale, tout en étant une source de souffrance. Elle évoque aussi la question de la race et de l’exotisme prôné comme essentielle par la classe dominante. Cette analyse met en lumière la complexité des relations entre ceux qui dominent par leur fortune et ceux qui imaginent réussir par leur soumission. Ils me font penser aux papillons qui, par leur fascination pour la lumière, se brulent les ailes. J’ai vécu au Cameroun, où certains expatrié(e)s se comportent comme des colonistes qui appelaient leurs domestiques « mes boys ». Où les riches camerounais étaient odieux avec les domestiques noirs. Un livre que je recommande. Il en dit long sur la condition humaine. Claudia

Comme toujours avec les livres issus de la recherche : beaucoup de pages avec peu de trucs.

J’ai eu un peu de mal avec ce livre, d’un côté, le sujet était intéressant d’autant plus que l’auteure était en immersion dans le milieu des riches et des domestiques dont elle parle. Pourtant, l’écriture me semblait bancale, trop orientée, loin d’être neutre comme on l’attendrait d’une sociologue. De plus, il y a peu d’analyse et les explications ne sont que des transcriptions mot-à-mot des entretiens ce qui est parfois étrange. Un retravail des propos aurait été intéressant. Je trouve que certains sujets sont vraiment effleurés, que fait-on quand on veut arrêter ce métier ? Quelles autres options ? Quel avenir ? Quelle retraite ? Elle commence à en parler sans aller au bout de sa pensée. Je trouve son avis tres affirmé alors qu’il aurait été plus intéressant de laisser sa vision de côté pour que chacun se fasse son propre avis. De plus, elle parle très peu de son expérience alors qu’elle aurait être très intéressante elle aussi. Je sors mitigée de ce livre qui aurait pu être un essai passionnant, mais n’est qu’un recueil de témoignages recopiés mot pour mot et répétitif.

Une enquête sociologique et humaine passionnante, complète et bien étayée. On y retrouve des portrait très variés qui brossent un panorama de la domesticité aujourd'hui. Un livre très instructif mais aussi très agréable à lire (écouter) qui met en lumière une réalité qu'on oublie souvent et qui dit beaucoup des relations humaines et de la société.