Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon : Le livre de Jean-Paul Dubois, Jacques Gamblin

En vacances dans le Nord chez mon beau-père, je lui ai emprunté ce bouquin, car Goncourt ou pas, j'aime bien Jean-Paul Dubois. Je trouve que c'est un auteur qui relate merveilleusement les relations entre les gens, surtout dans les familles, il leur donne une vraie consistance, et il m'embarque toujours dans son univers. Son style peut être parfois un peu lent, mais sans longueurs pour autant, vous voyez la différence ? #x1f609 L'histoire : On fait connaissance au début du roman avec Paul Hansen, qui est en détention pour 2 ans dans une prison de Montréal, nous sommes en 2010. On n'apprendra qu'à la toute fin, la raison de son incarcération, mais on comprend très vite qu'il est seul dans sa vie, car tout le monde autour de lui est décédé. Ses parents, sa femme pilote de petits avions, et sa chienne qu'il adorait. Il les convoque régulièrement dans son esprit tous les soirs, pour réussir à supporter cette prison miteuse. Seul point positif, son colocataire, Patrick Horton, Hells Angel, est un personnage, et Dubois lui a donné magnifiquement vie. Sorte de grand molosse à qui on ne peut pas couper les cheveux sans qu'il tombe dans les pommes, ne rêvant que de sa moto, aimant dessiner naïvement, j'ai vraiment apprécié ce personnage. En parallèle de cette vie en prison, Paul nous relate sa vie à lui. Né à Toulouse d'un père danois, pasteur, et d'une mère magnifique qui tient le cinéma que ses parents avaient créé, il est fils unique. Il nous raconte sa vie entre ses parents vraiment très différents l'un de l'autre, et je me suis laissée bercer par ses voyages trop rares dans la famille de son père au Danemark, par la vie du petit cinéma de quartier jusqu'à ce jour où il accueille des films porno comme "Gorge profonde", (moment étonnant !), de ses études ratées pour finalement réussir de fil en aiguille à devenir l'intendant d'une grande copropriété d'une soixantaine d'appartements. Il a décidé de suivre son père au Canada au moment du divorce de ses parents, et c'est là qu'il habite. J'ai d'ailleurs apprécié le personnage de Johanes, le père, beau grand danois, pasteur à la foi défaillante, bourré de failles, homme doux et dévoué à ses ouailles. Superintendant, c'est autre chose qu'un concierge en France, c'est un gros boulot de chef d'entreprise. Et Paul y met du cœur car les résidents sont des personnes essentiellement à la retraite. Par humanité, il va leur tenir la main quand elles ont le moral en berne, leur répare plein de petites choses à la maison, et pour tout cela il n'est pas payé. Bref c'est quelqu'un qui a grand cœur. Mais un nouveau gérant arrive dans l'immeuble et tout va être bousculé... heureusement jusqu'au bout son ami Kieran Read, un des copropriétaires de l'immeuble, l'assistera. Il y a quelques pages amusantes sur l'histoire et le fonctionnement de l'orgue Hammond, que mon chéri musicien a appréciées ! C'est une écriture belle, souple, qui raconte l'histoire d'un homme entier, patient et généreux jusqu'à ce qu'on le cherche vraiment trop, éternel amoureux de sa femme, même après le décès de celle-ci. Un univers intime, raconté par Paul lui-même.

Un Goncourt à saveur très québécoise J'ai aimé me retrouver dans des lieux géographiques pas trop loin de chez moi (Ahuntsic). Une famille atypique que celle de Paul Hansen. On a tellement hâte de savoir pourquoi il a été incarcéré à Bordeaux alors qu'il s'agit d'un homme à première vue sans reproches. La relation qu'il entretient avec son coloc de cellule (un Hell's Angel) ne manquera pas d'intérêt. Tout au cours du roman, l'auteur met en évidence certaines périodes marquantes de l'histoire du Québec.

Un bon récit, émouvant, belle histoire bien servie par l'écriture quoique un peu conventionnelle... Je relirai probablement cet auteur... Au moins pour confirmer cette bonne impression Mais... Mais de là à en faire un Goncourt?! La disette littéraire était si grande cette année-là pour qu'un (bon, mais quand même) roman de gare soit sacré? C'est à n'y rien comprendre ... Oubliez ce prix qui le dessert, et profitez-en comme d'une petite douceur, une petite parenthèse qui fait du bien...

“Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon” de Jean-Paul Dubois est une œuvre littéraire remarquable qui se distingue par sa profonde humanité et son écriture sensible et perspicace. Dans ce récit, Dubois explore avec finesse et délicatesse les nuances de la condition humaine, s’attardant sur les thèmes de la liberté, de la perte, de l’amour et de la rédemption. L’histoire de Paul Hansen, le protagoniste, est racontée avec une voix narrative captivante qui navigue habilement entre le passé et le présent. La dualité de la narration, oscillant entre la vie de Hansen en prison et ses souvenirs, crée un contraste poignant qui enrichit l’expérience du lecteur. Cette structure narrative permet à Dubois de dévoiler progressivement la complexité de son personnage principal, révélant les couches de son histoire personnelle et les circonstances qui l’ont mené à sa situation actuelle. L’écriture de Dubois est à la fois élégante et accessible, caractérisée par des phrases soigneusement élaborées qui captent l’essence des expériences et des émotions de Hansen. L’auteur utilise la métaphore et la symbolique avec une grande habileté, permettant aux lecteurs de s’immerger pleinement dans le monde qu’il a créé. Les descriptions de Dubois sont vivantes et évocatrices, peignant des images claires des environnements et des situations, qu’il s’agisse de la beauté austère de la nature ou de la claustrophobie de la prison. Un aspect particulièrement remarquable du livre est la manière dont Dubois aborde les thèmes de l’amour et de la perte. L’histoire d’amour entre Paul et Winona est racontée avec une tendresse et une authenticité qui touchent profondément. La perte, tant celle de Winona que de la liberté de Paul, est traitée avec une empathie et une compréhension qui donnent au roman une profondeur émotionnelle. En résumé, “Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon” est une œuvre littéraire exceptionnelle, un récit puissant et émouvant qui résonne longtemps après avoir tourné la dernière page. Jean-Paul Dubois nous offre un roman riche et nuancé, un véritable chef-d’œuvre qui explore avec brio la complexité de l’âme humaine.