Vivante : Le livre de Clara Ysé

#129728;Chronique#129728; « Là où tu poses ton regard Des fleurs jaillissent et meurent à contre-courant » J’ai posé mon regard sur ce recueil Moins Vivante que sauvage Je fleure la nuit Et je reste là obstinée Obstinée à vouloir renaître De notre douceur en cendres Notre monde se meurt Dangereusement Et je reconnais bien celles qui s’y opposent Celles qui savent voir un oiseau l’orage le sang Clara mon nouveau soleil Clara Ysé qui en appelle à l’amour à la musique Clara qui en appelle aux sorcières amies Clara Ysé qui en appelle à notre entendement Pour réveiller des images d’un élan vital Viscéral volontaire vivifiant Même si la mélancolie n’est jamais loin Même si la réalité n’est jamais belle On va quand même y croire On va quand même mettre des mots Sur ce désordre ambiant Des petits conseils ici ou là Pour ne pas perdre pied Pour rester concentré.e Sur le Vivant L’invisible la beauté l’amour Cette nature qui n’en finit pas De nous fasciner Avec ces vibrations Les cris les murmures les appels les silences Cette nature qui n’en finit pas De nous rappeler Avec ces cycles Nos douleurs nos tristesses nos joies nos désirs Et de ces éléments se faire spectatrice Poétesse Chanteuse Voir le début et la fin de chaque chose Et rester quand même Vivante Dans tous ces éphémères Éphémères pensées sensations émotions Éphémères fleurs beautés vérités Aimer à mourir Ces quelques mots posés Qui nous échappent et nous agrippent Qui se souviennent et puis s’oublient Qui explosent et condensent leurs Puissances Aimer à en vivre Ces quelques vers incandescents Qui m’absorbent et me mordent Mieux que la louve qui veille en dedans Parce que quitte à devenir sourde Autant que mes yeux me permettent Encore d’appréhender cette poésie Si farouche si magique si vive Pour l’incanter derrière mon miroir De m’en faire un horizon mouvant Vers lequel je me dirige En courant Vêtue de mon manteau d’espoir En restant focus sur ma joie La joie d’un coup de cœur#129728; « Vous ne me ferez pas croire que la magie est morte »

[masquer]« Toute personne qui tombe a des ailes » Le livre s’appelle Vivante. Vivante grâce aux amies, grâce à l’amour et parfois la tristesse et la détresse nous prend et c’est le monde entier qui s’écroule puis peu à peu la vie revient à nouveau.

J’aime profondément la chanteuse, mais sur le papier, c’est un peu comme des mots qui frôlent sans toucher. Il y a la douleur, les gouffres , mais sans sa voix, il manque quelque chose du corps, de la tension. Ses poèmes sont là, présents, mais le reste demeure en suspens. Il y a des éclats à saisir, des fragments à retenir, mais ils ne s’ancrent pas. Sa musique les soulève, les arrache à l’air. Sur la page, c’est comme si tout attendait. Comme si les mots avaient besoin de souffle pour prendre feu. Ce recueil a quelque chose de douloureux dans son incomplétude. Il dévoile une facette intime, introspective, mais qui semble ne pouvoir s’épanouir que dans le chant. C’est comme si la poésie n’était qu’un avant-goût, une esquisse en attente d’être pleinement incarnée par la voix si puissante de Clara Ysé. Peut-être est-ce simplement parce que je ne peux m’empêcher d’entendre sa voix. La lire, après l’avoir écoutée, me laisse un goût d’inachevé.

Clara Ysé est une chanteuse reconnue de la scène française et également romancière et poétesse à ses heures. Ici, c'est sa poésie et son premier recueil qui nous intéresse, et dès les premiers vers, on est comme aspiré par la puissance émotionnelle et mélancolique de l'artiste, au travers d'une versification d'excellence, exacerbée par une sensibilité à fleur de peau. Avec une fulgurance poétique aux sonorités saccadées, mais cheminant sur un tempo crescendo, on s'envole avec elle jusqu'aux cieux chercher la transcendance ineffable, afin qu'après, on puisse redescendre tout en douceur sur des notes légères comme une cantate de Bach. L'autrice dans style métaphorique et incisif distille sa poésie magnifique, instants fugaces remplis d'images, qui défilent devant nos yeux médusés par cette beauté des mots, exhalant les réminiscences de l'enfance avec une nostalgie à peine dissimulée, les amours complexes, les moments de grande solitude, mais aussi des épisodes plus dramatiques, comme des allusions aux violences conjugales, aux gens négatifs et moroses qui peuvent vous noircir l'existence, alors qu'elle-même, ne rêve que d'amour, de joie et de bonheur intense. La poétesse avec justesse, oscille en permanence dans sa rhétorique poétique, entre espoir dans la vie et vision de l'avenir ou repli salvateur vers des bras protecteurs, voir carrément, en trouvant refuge dans la saveur de l'enfance. Clara Ysé avec sa poésie, confirme son grand talent aussi bien dans la chanson, que dans ses vers, revigorés par une écriture à la consonance percutante et musicale et des thèmes novateurs comme sa vision des rapports amoureux aux multiples visages, redéfinissant les notions de genre avec tolérance, sans en faire néanmoins, un leitmotiv absolu.