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Moins que zéro
Brice Matthieussent (traduit par)
Collection : Pavillons
Date de parution : 14/04/2016
Éditeurs :
Robert Laffont

Moins que zéro

Brice Matthieussent (traduit par)
Collection : Pavillons
Date de parution : 14/04/2016

En 1985, le roman d’un jeune homme de vingt et un ans prenait la température de l’Amérique. Et prédisait, avec l’autorité et la lucidité exceptionnellement accordées à la jeunesse, que...

En 1985, le roman d’un jeune homme de vingt et un ans prenait la température de l’Amérique. Et prédisait, avec l’autorité et la lucidité exceptionnellement accordées à la jeunesse, que le climat allait se refroidir.
Le livre, vite acclamé pour être plus vite encore réduit à une célébration du vide, décrivait...

En 1985, le roman d’un jeune homme de vingt et un ans prenait la température de l’Amérique. Et prédisait, avec l’autorité et la lucidité exceptionnellement accordées à la jeunesse, que le climat allait se refroidir.
Le livre, vite acclamé pour être plus vite encore réduit à une célébration du vide, décrivait en réalité, avec ironie et compassion, la misère de la jeunesse dorée de Beverly Hills ou de Bel Air. Misère de la drogue devenue pharmaceutique, du sexe cadenassé par la pornographie, de l’argent fétichisé, du langage édulcoré surtout. Jamais la richesse n’avait été aussi pauvre.

Mais, indifférent au sort des particules pétrifiées, trop savant pour se soucier de l’avenir, assez élégant pour dissimuler ses inspirations, Bret Easton Ellis détournait déjà son regard de la religion cathodique pour le poser ailleurs : « […] ils se retournaient pour lever les yeux vers l’écran monolithique sur lequel on balançait les images. Certains prononçaient les paroles de la chanson en cours. Mais je me concentrais sur ceux qui ne prononçaient pas les paroles ; sur ceux qui les avaient oubliées ; sur ceux qui ne les avaient peut-être jamais sues ».
Impassible, Bret Easton Ellis invite à le lire ceux qui savent se taire, ceux qui savent oublier, ceux qui n’ont jamais cru devoir apprendre.
Pierre Guglielmina

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EAN : 9782221123300
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782221123300
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Champdefaye 01/10/2022
    Bon. Avant que je vous parle vraiment du livre, et contrairement à mes convictions habituelles selon lesquelles on ne doit pas juger une œuvre d'après la vie ou la personnalité de son auteur, il faut que je vous parle un peu de Brett Easton Ellis. Rassurez-vous, ce sera court : BEE est né en 1964 dans la San Fernando Valley, à quelques miles au Nord des quartiers stars de Los Angeles, West Hollywood, Beverley Hills, Westwood. Il est encore étudiant en art quand, à 21 ans, il publie son premier roman, Less than zero, qui est tout de suite un succès, tiré à 50000 exemplaires la première année. (Pour ramener les choses à leur juste niveau, rappelons quand même que l'année même de la première parution de Bonjour tristesse, Sagan, qui n'avait que 17 ans, en avait vendu un million d'exemplaires. Non mais !) Il a aujourd'hui 55 ans et il est considéré comme un écrivain important. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me le représente comme Hank Moody, l'écrivain héros de la série télévisée Californication. Donc j'ai entamé ce bouquin d'un œil favorable et j'ai découvert dans un style très américain, sobre et précis, sans reproche, une histoire... Bon. Avant que je vous parle vraiment du livre, et contrairement à mes convictions habituelles selon lesquelles on ne doit pas juger une œuvre d'après la vie ou la personnalité de son auteur, il faut que je vous parle un peu de Brett Easton Ellis. Rassurez-vous, ce sera court : BEE est né en 1964 dans la San Fernando Valley, à quelques miles au Nord des quartiers stars de Los Angeles, West Hollywood, Beverley Hills, Westwood. Il est encore étudiant en art quand, à 21 ans, il publie son premier roman, Less than zero, qui est tout de suite un succès, tiré à 50000 exemplaires la première année. (Pour ramener les choses à leur juste niveau, rappelons quand même que l'année même de la première parution de Bonjour tristesse, Sagan, qui n'avait que 17 ans, en avait vendu un million d'exemplaires. Non mais !) Il a aujourd'hui 55 ans et il est considéré comme un écrivain important. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me le représente comme Hank Moody, l'écrivain héros de la série télévisée Californication. Donc j'ai entamé ce bouquin d'un œil favorable et j'ai découvert dans un style très américain, sobre et précis, sans reproche, une histoire de jeunes gens. Pour la plupart, ils ont autour de 18 ans. Ils vivent à Beverley Hill, Westwood ou West Hollywood, dans des familles absentes ou décomposées, ou les deux, mais toutes très riches. Les pères travaillent dans le cinéma, la musique ou pas loin. Leurs enfants se téléphonent, se rencontrent, ont des conversations hésitantes, inachevées et creuses dans lesquelles ils se demandent s'ils vont allez boire un verre ou se faire une ligne, dans quelle party ils vont aller passer la nuit, avec quelle fille ou avec quel garçon ils ont couché ou vont coucher. Ils partent en Porsche ou en Ferrari manger des sandwiches downtown ou à Malibu. Ils passent de villa en villa, de piscine en piscine jusqu'à l'aurore... Clay, le héros de cette histoire, arrive de son université du New Hampshire pour passer un mois de vacances chez lui, à Los Angeles. Il n'est pas différent de ses amis, mais le fait d'avoir quitté son milieu pour étudier à l'est semble lui avoir donné un peu de recul : il est à la fois acteur et observateur de cette vaine activité. Un exemple : "(...) Les deux filles nous observent. Je regarde la bouteille de Perrier vaguement gêné, puis je dis : "Ouais, je me rappelle." "J'adore cette chanson", dit-il. "Ouais, sublime", je dis. "Qu'as-tu fait d'autre ?" "Rien de bon", dit-il en riant. "Oh, je sais pas. J'te dis, j'ai traîné, j'ai zoné." "Tu as laissé un message chez moi, non ?" "Ah ouais." "Que voulais-tu me dire ?" "Oh, laisse tomber, rien d'important." "Allez, tu voulais me dire quoi ?" "Je te dis de laisser tomber, Clay." Il enlève ses lunettes noires, plisse les yeux. Son visage est inexpressif, et la seule chose que je trouve à dire est : "Comment était le concert ?" "Quoi ?" Il se met à ronger l'ongle de son pouce. "Le concert. C'était comment ?" Il regarde ailleurs. Les deux filles se lèvent et partent. "Un bide total. Vieux. Jamais vu concert plus merdique", finit-il par dire, puis il s'éloigne. "À plus tard." "Ouais, à plus tard", dis-je et quand je regarde de nouveau la Porsche j'ai la nette impression qu'il y a quelqu'un à l'intérieur. (...)" Après quelques dizaines de pages comme celle-ci, le lecteur — moi, en tout cas — se prend à détester ces tout petits personnages, riches, favorisés, égoïstes, qui errent sans but de rêves dorés en cauchemars acides, qui ne cherchent que leur plaisir immédiat, quel qu'en soit le coût, puisqu'ils ne paient pas, si ce n'est parfois de leur santé — une O.D. (overdose), ça n'arrive pas qu'aux autres. Et puis, petit à petit, sous la conduite subtile de l'auteur, on se prend d'affection pour Clay, ce fantôme transparent de retour parmi les zombies, qui ne comprend plus la société de ses amis, qui recherche vainement quelques souvenirs heureux de son enfance, son école, sa grand-mère, mais qui ne pourra que retomber parmi les morts-vivants s'il ne décide pas de retourner dans l'Est. Comme L'Attrape Cœurs pour Salinger, ou Bonjour Tristesse pour Sagan, ce premier roman a connu le succès et a rendu célèbre son auteur pour le restant de ses jours. L'Attrape Cœurs, Bonjour Tristesse, Moins que zéro, 1951, 1954, 1980, trois livres au style impeccable, trois livres de jeunesse fortunée, trois romans du désenchantement. Mais les ressemblances n'existent véritablement qu'entre L'Attrape Cœurs et Moins que zéro. Le passage qui suit devrait vous en convaincre ; vers la fin du livre, Clay se retrouve seul avec Blair qui a été sa petite amie : (...) Je la regarde en attendant qu'elle poursuive, puis lève les yeux vers le panneau de pub. Disparaître ici. "D'ailleurs, je ne sais pas si les autres gens avec qui je suis allée étaient vraiment là... mais au moins ils essayaient." Je regarde le menu ; éteins ma cigarette. "Toi, t'as jamais essayé. Les autres faisaient un effort, mais toi, tu... C'était au-delà de tes capacités." Elle boit encore une gorgée de vin. "Tu n'étais jamais là. Je t'ai plaint pendant un certain temps, et puis après j'ai trouvé ça trop difficile de te plaindre. Tu es beau garçon, Clay, mais c'est à peu près tout." Je regarde les voitures passer sur Sunset. "C'est difficile de plaindre quelqu'un qui s'en fout." "Ah ouais ?" je demande. "Qu'est-ce qui t'intéresse ? Qu'est-ce qui te rend heureux ?" "Rien. Rien ne me rend heureux. Rien ne me plait", je lui dis. "Ai-je jamais compté pour toi, Clay ?" Je ne réponds rien, me replonge dans le menu. "Ai-je jamais compté pour toi, Clay ?" elle me redemande. "Je ne veux pas de l'amour. Si je me mets à aimer des trucs, je sais que ça va être pire, que ce sera encore une chose qui me causera du souci. Tout est moins douloureux quand on n'aime pas." "Tu as compté pour moi, à une époque." Je ne réponds rien. (...)" Et voici, dans l'Attrape Coeurs, ce que dit Holden Caulfield en terminant son histoire : " (…) Je regrette d’en avoir tellement parlé. Les gens dont j’ai parlé, ça fait comme s’ils me manquaient à présent, c’est tout ce que je sais. Même le gars Stradlater par exemple, et Ackley. Et même, je crois bien, ce foutu Maurice. C’est drôle. Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer." C'est frappant, non ? François Beigbeder dit qu'il faut relire l'Attrape-Cœurs tous les ans. Vous pourrez quand même bien lire Moins que zéro une fois ? Mais bon sang ! Quelle vie !
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  • Laveze 19/09/2022
    MOINS QUE ZÉRO de BRET EASTON ELLIS Clay 18 ans revient en Californie pour un mois de vacances. Famille riche il a tout, comme ses copains et pourtant rien ne l'intéresse ! Ses journées sont vides. Il va de rendez vous creux en recherche de drogue. Peinture au vitriol d'une jeunesse dorée et paumée . Dans un style fait de phrases courtes et incisives Ellis est une vraie découverte pour moi. " suite impériale " reprend les mêmes 25 ans plus tard.
  • Valnoise 08/09/2022
    LA LITTÉRATURE ET LE MAL L'admiration que l'on ne manque pas d'éprouver devant le talent de narrateur si précoce dont fit preuve Bret Easton Ellis pour son premier roman le dispute au malaise que suscite la lecture de Moins que zéro. Son évocation glacée du monde désenchanté des jeunes superriches, sur la côte ouest des Etats-Unis, pourrait laisser de marbre : argent-roi, culte de la belle apparence, ludisme, jeunisme, fascination pour l'objet de grand luxe, consommation d'alcool et de drogue, prostitution, bain de musique, ennui. Un monde promis à une dégradation impitoyable. Toutes les barrières sautent, plus rien n'est respecté, pas même un cadavre de drogué. Se proposant de « nous faire voir le pire », Bret Easton Ellis nous rend voyeurs d'une scène où une fille de douze ans est droguée puis violentée, et de bien d'autres horreurs encore. Ce n'est évidemment pas avec de bons sentiments que l'on fait de la bonne littérature, et l'auteur est assurément un véritable écrivain. Il ne prêche ni ne se lamente, simplement raconte. Mais non sans une profonde ambiguïté, où se mêlent complaisance et cynisme (même fonds de commerce dans American Psycho). Pas de sentiment : « Tout est moins douloureux quand on n'aime pas.... LA LITTÉRATURE ET LE MAL L'admiration que l'on ne manque pas d'éprouver devant le talent de narrateur si précoce dont fit preuve Bret Easton Ellis pour son premier roman le dispute au malaise que suscite la lecture de Moins que zéro. Son évocation glacée du monde désenchanté des jeunes superriches, sur la côte ouest des Etats-Unis, pourrait laisser de marbre : argent-roi, culte de la belle apparence, ludisme, jeunisme, fascination pour l'objet de grand luxe, consommation d'alcool et de drogue, prostitution, bain de musique, ennui. Un monde promis à une dégradation impitoyable. Toutes les barrières sautent, plus rien n'est respecté, pas même un cadavre de drogué. Se proposant de « nous faire voir le pire », Bret Easton Ellis nous rend voyeurs d'une scène où une fille de douze ans est droguée puis violentée, et de bien d'autres horreurs encore. Ce n'est évidemment pas avec de bons sentiments que l'on fait de la bonne littérature, et l'auteur est assurément un véritable écrivain. Il ne prêche ni ne se lamente, simplement raconte. Mais non sans une profonde ambiguïté, où se mêlent complaisance et cynisme (même fonds de commerce dans American Psycho). Pas de sentiment : « Tout est moins douloureux quand on n'aime pas. » Reste finalement une profonde interrogation quant au statut de l'oeuvre littéraire, à sa finalité, son ambition, sa justification.
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  • Travis67 14/07/2022
    Retour de lecture sur "Moins que zéro" écrit en 1986 par Bret Easton Ellis. Dans ce livre l'auteur, alors âgé lui-même que de 21 ans peint le quotidien de la jeunesse dorée de Los Angeles au milieu des années 80. Ce quotidien est totalement désenchanté, désabusé, sans espoir et miné par une consommation de drogue quasi continuelle. L'originalité de ce roman est de raconter le néant de ces vies, dans un style particulier et très direct, brut, quelquefois trash, avec beaucoup de dialogues, de répétitions. C'est une écriture qui colle parfaitement à ce néant. Plus largement, c'est une réflexion sur cette partie de l'Amérique, ultra riche, qui a tout et pourtant évolue dans une vacuité totale. La peinture de ce milieu semble très juste et réaliste. Ce livre sans véritable histoire, de par le vide existentiel qu'il nous expose chez les protagonistes, qui sont tous sans intérêt et interchangeables, manque donc totalement de matière et de contenu pour nous rendre la lecture captivante. Mais ce n'est pas le but, le livre est surtout intéressant comme objet littéraire avec son portrait de cette classe sociale. C'est le néant à tous les niveaux, ce qui fait tout son intérêt, son originalité, et... Retour de lecture sur "Moins que zéro" écrit en 1986 par Bret Easton Ellis. Dans ce livre l'auteur, alors âgé lui-même que de 21 ans peint le quotidien de la jeunesse dorée de Los Angeles au milieu des années 80. Ce quotidien est totalement désenchanté, désabusé, sans espoir et miné par une consommation de drogue quasi continuelle. L'originalité de ce roman est de raconter le néant de ces vies, dans un style particulier et très direct, brut, quelquefois trash, avec beaucoup de dialogues, de répétitions. C'est une écriture qui colle parfaitement à ce néant. Plus largement, c'est une réflexion sur cette partie de l'Amérique, ultra riche, qui a tout et pourtant évolue dans une vacuité totale. La peinture de ce milieu semble très juste et réaliste. Ce livre sans véritable histoire, de par le vide existentiel qu'il nous expose chez les protagonistes, qui sont tous sans intérêt et interchangeables, manque donc totalement de matière et de contenu pour nous rendre la lecture captivante. Mais ce n'est pas le but, le livre est surtout intéressant comme objet littéraire avec son portrait de cette classe sociale. C'est le néant à tous les niveaux, ce qui fait tout son intérêt, son originalité, et du coup forcément son principal défaut. C'est une fois refermé qu'on l'apprécie le plus, en ressentant un certain vertige face à ce vide. A l'époque cette Amérique était déjà entre les mains d'un acteur de westerns de série B, le contexte a donc peu évolué, si ce n'est en pire, et on ne peut s'empêcher de penser à son histoire récente en grande partie pro-Trump. Ce livre atypique, tant par son contenu que par sa forme, est plus que jamais d'actualité.
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  • BlackRadis 02/07/2022
    C'est un auteur qui pour moi compte. Dans sa description du nihilisme de l'époque, sa superficialité, à travers, notamment la vacuité des dialogues. C'est la force du roman : il ne s'agit pas d'un cours de moral ayant pour thème "c'était mieux avant..." Il nous donne à voir notre époque. C'est très fort et surtout très flippant.
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  • News
    10/18

    "White" : un bilan corrosif signé Bret Easton Ellis

    Premier ouvrage ouvertement non-fictionnel signé de l'un des papes de la littérature américaine d'après Reagan, White (Robert Laffont) a su l'an dernier impressionner, ébahir, remuer voire scandaliser aficionados, simple amateurs et critiques acerbes de Bret Easton Ellis. A l'heure de sa parution au format poche, chez 10/18, retour sur un phénomène éditorial qui n'a sans doute pas encore livré tous ses secrets.

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