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Sodome et Gomorrhe
Date de parution : 23/11/2023
Éditeurs :
Pocket

Sodome et Gomorrhe

Date de parution : 23/11/2023
Tome le plus sulfureux de la Recherche du temps perdu, narrant notamment les passions « inverties » du baron de Charlus.
Le volume s’ouvre sur la scène la plus audacieuse de l’œuvre, lorsque le Narrateur assiste à la « parade nuptiale » et à l’accouplement du baron de Charlus vieillissant avec le tailleur... Le volume s’ouvre sur la scène la plus audacieuse de l’œuvre, lorsque le Narrateur assiste à la « parade nuptiale » et à l’accouplement du baron de Charlus vieillissant avec le tailleur Jupien dans la cour de l’hôtel de Guermantes.
C'est le prélude à une étude brûlante sur la descendance innombrable des habitants...
Le volume s’ouvre sur la scène la plus audacieuse de l’œuvre, lorsque le Narrateur assiste à la « parade nuptiale » et à l’accouplement du baron de Charlus vieillissant avec le tailleur Jupien dans la cour de l’hôtel de Guermantes.
C'est le prélude à une étude brûlante sur la descendance innombrable des habitants des cités bibliques à laquelle appartiennent presque tous les personnages de La Recherche. Ducs, princes, aristocrates et bourgeois, domestiques et gens du peuple, entrent dans l’immense colonie alors clandestine. Albertine n’y échappe pas, lesbienne secrète, dont les mœurs sont le motif principal de la jalousie névrotique de Marcel. Mais aucun vice, aucune malédiction ne saurait leur épargner l’enfer de la passion et ses terribles figures de « la Fureur, la Curiosité, l'Envie, la Haine, l’Orgueil, l’Épouvante », le supplice proustien de l’Amour transfiguré par le miracle de l’art, de l’intelligence et de la poésie.
 
Cet ouvrage rassemble :
Sodome et Gomorrhe I, Sodome et Gomorrhe II
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EAN : 9782266344159
Code sériel : 99999
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782266344159
Code sériel : 99999
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Kez 28/03/2024
    Et voilà j'ai fini le quatrième tome de La Recherche. Le plus sulfureux probablement. Le titre est clair. Les premières pages encore plus éclairantes. Mais ces premières pages qui racontent une rencontre entre le comte, si imbu de sa personne, et Jupien, le tailleur de l'hôtel de Guermantes, ces pages sont, à elles seules, un monument de littérature érotique dans tous le sens noble du terme. Et pas dans le sens que J. Teulé utilise dans Héloïse, ouille. Car tout est suggéré, délicat, ... Cette métaphore du bourdon et de l'orchidée est tout simplement extraordinaire. Car Proust doit être prudent en abordant cette question. Sachant que Proust est homosexuel, sa position est délicate. Ses personnages n'assument pas leur homosexualité. Ainsi Charlus, qui est tellement fier de ses origines, se cache pour être l'amant de Jupien, de Morel et d'autres encore. La question de la religion juive est régulièrement citée avec l'affaire Dreyfus et pour montrer l'hypocrisie des différents mondes que côtoie le narrateur. Et c’est sans doute cette hypocrisie que dénonce M Proust avec son personnage de Charlus. De même comme le narrateur s’affiche clairement comme hétérosexuel, il revendique une position de « non snob », qui est clairement aux antipodes de M. Proust. Un narrateur, sorte d’antithèse, de l’auteur sur certains aspects ? Un article : https://books.openedition.org/cdf/11825?lang=fr est particulièrement intéressant pour l’identité de M Proust sur les questions de l’homosexualité et de l’antisémitisme. Je vous le conseille. Mais s’il est question de Sodome, il est également question de Gomorrhe et dans ce texte, l’homosexualité féminine est beaucoup plus rare et n'est que le fait de quelques allusions. C'est plus sur le mode d'accusation, une façon pour les femmes concernées d'échapper à la main mise masculine. Enfin Sodome et Gomorrhe, ce n'est pas que la partie homosexuelle, juive mais également des réminiscences de sa grand-mère, le retour dans le salon de Mme Verdurin où le narrateur fait se rencontre la noblesse et la bourgeoisie car en Province, est acceptable ce qui ne le serait pas à Paris. Et on découvre à cette occasion la topologie des lieux normands. Comme un rappel des liens familiaux des nobles qui m'a lassé dans le tome précédent. Ici ces information linguistiques et géographiques étaient comme une litanie de pierres semée lors de ces incessants voyages en train sur la côte Normande. J'ai ainsi appris que "holm" voulait dire ile / ilot... Enfin je vous partage une question, somme toute dérisoire. Je m'interroge sur une image utilisée dans ce volume. " A cause de cette idée très Guermantes qu'il faut qu'un homme fasse quelque chose, qu'on ne vaut que par son talent, et que la noblesse ou l'argent sont simplement le zéro qui multiplie une valeur..." cette phrase me paraît étrange. Dans le sens où pour les Guermantes la noblesse est une notion essentielle (même s’ils clament le contraire) or si l'on multiplie par 0... on obtient 0. Cette image n’est-elle pas le contraire de ce que souhaitait dire l’auteur. Qu’en ont pensé les amateurs de Proust ? Bref un volume où il se passe beaucoup de choses et où le style de Proust est merveilleux, flamboyant, bien. Et voilà j'ai fini le quatrième tome de La Recherche. Le plus sulfureux probablement. Le titre est clair. Les premières pages encore plus éclairantes. Mais ces premières pages qui racontent une rencontre entre le comte, si imbu de sa personne, et Jupien, le tailleur de l'hôtel de Guermantes, ces pages sont, à elles seules, un monument de littérature érotique dans tous le sens noble du terme. Et pas dans le sens que J. Teulé utilise dans Héloïse, ouille. Car tout est suggéré, délicat, ... Cette métaphore du bourdon et de l'orchidée est tout simplement extraordinaire. Car Proust doit être prudent en abordant cette question. Sachant que Proust est homosexuel, sa position est délicate. Ses personnages n'assument pas leur homosexualité. Ainsi Charlus, qui est tellement fier de ses origines, se cache pour être l'amant de Jupien, de Morel et d'autres encore. La question de la religion juive est régulièrement citée avec l'affaire Dreyfus et pour montrer l'hypocrisie des différents mondes que côtoie le narrateur. Et c’est sans doute cette hypocrisie que dénonce M Proust avec son personnage de Charlus. De même comme le narrateur s’affiche clairement comme hétérosexuel, il revendique une position de « non snob », qui est clairement aux antipodes...
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  • berni_29 09/02/2024
    Je poursuis mon voyage en terre proustienne, continuant de me frayer un chemin dans la Recherche. Longtemps j'ai tourné autour de ce texte comme le bourdon attendu par l'orchidée. Ou bien c'était peut-être l'inverse, c'était ce texte qui se métamorphisait brusquement avec coquetterie en bourdon providentiel et venait me polliniser. Je ne vais pas tourner autour du pot, ceux qui connaissent Proust savent à quel passage j'emprunte cette délicieuse métaphore pour en faire mon miel. Je la dois à cet acte fondateur qui ouvre le bal de ce quatrième opus d'À la Recherche du temps perdu, la fameuse scène de séduction entre le baron de Charlus et le giletier Jupin dans sa boutique, sous l'oeil attentif et médusé du narrateur. Ce passage est un bijou littéraire à lui seul. Devenant voyeur dans l'oeil du narrateur je n'ai pas perdu une miette, prenant une leçon d'initiation à la vie... Comme lui, j'avais le sentiment qu'il se passait ici quelque chose de beau et de grand, je me suis demandé alors si l'auteur à travers le yeux du narrateur qui décidément lui ressemblait de plus en plus, ne cherchait pas à jouer avec le lecteur que j'étais. Dire qu'ici Marcel Proust enfin se lâche serait un doux euphémisme, quoique les aficionados du grand maître vous diront qu'il le faisait déjà depuis longtemps mais à mots peut-être couverts, depuis le début de cette oeuvre. Sodome et Gomorrhe, ce sont deux versants de l'homosexualité, deux versants inversés, invertis, l'un Sodome porté par un certain M. de Charlus depuis la cour de l'hôtel Guermantes et l'autre Gomorrhe par Albertine, fleurissant sur une plage de Balbec avec ses tendres amies. Entre ces deux pans qui tiennent la symétrie du roman, il y a simplement le théâtre du monde et le mouvement qui déplace les lignes, enroule les horloges, défait le temps. C'est la chronique satirique et mondaine, c'est le snobisme, c'est l'Affaire Dreyfus en filigrane, c'est le temps des mères profanées, c'est l'amour bien sûr, peut-être aussi son désespoir, forcément la jalousie et tout ceci tient dans un style éblouissant, emberlificoté et inimitable. Jamais texte n'aura mieux mérité le qualificatif de kaléidoscope. Il y a ici une esthétique du désir, sociale et philosophique. Est-ce l'audace de ce récit qui lui donne tant de rythme et de mouvement ? J'en aurai eu presque le tournis jusqu'à la fin, tant j'ai voyagé ici, en train, en voiture, à travers les lieux, les personnages et les intermittences du coeur : chez la Princesse de Guermantes, chez les Verdurin, à Balbec ... Parfois un aéroplane traverse le ciel, disparaissant aussitôt de l'autre côté du paysage, j'ai alors cru entrevoir le soir se perdant dans les yeux mouillés de l'écrivain... Convoquant la mémoire des sensations dans cette quête des souvenirs, Sodome et Gomorrhe est un voyage spatial, temporel et esthétique... Je ne résumerai pas ce quatrième tome à ce seul personnage à la richesse inépuisable, mais parmi la galerie de portraits savoureux qui s'y déploient, le baron de Charlus tient ici le haut du pavé. D'ailleurs n'est-il pas ce personnage qui évolue entre masculinité et féminité ? Grotesque au premier abord, narcissique, souvent méchant, il m'avait profondément agacé à cause justement de cette méchanceté ridicule et excessive lors du précédent tome, le côté de Guermantes. Ici il m'a tout simplement ému. Ne sachant jamais où se poser, il est émouvant, mouvant dans un clair-obscur instable qui permet de saisir sa complexité mais aussi son humanité. En lui se combat des forces tectoniques incroyables, des pulsions antagonistes, des tensions extrêmes qui le déchirent. Guignol sublime, être monstrueux, mais portant toutes les facettes de la profondeur humaine, il est un théâtre à lui tout seul, il est un personnage shakespearien, il est une diva. De manière paradoxale, je l'ai préféré au personnage d'Albertine parce qu'il est en proie à une terrible solitude, parce qu'il est un être mal-aimé, parce que peut-être n'est-il pas fait pour le grand amour, alors tout ceci en fait forcément à mes yeux un être qui souffre cruellement dans cette tragédie de ne pas être aimé. Il y a ici chez le baron de Charlus de la cruauté, de la souffrance, il y a le malentendu éternel des mal aimés. Alors forcément, vous comprenez... Mais revenant à l'idée que Proust avait peut-être cherché à écrire un plaidoyer pour l'homosexualité, je me suis alors demandé quelles étaient les intentions de l'auteur dans la construction d'un tel personnage, qui aux yeux de certains pourrait être perçu comme une caricature ? C'était comme si Proust cherchait à régler des comptes avec lui-même, avec l'image de son homosexualité qu'il acceptait peut-être mal ou plutôt parce qu'il souffrait de la perception du regard des autres ? Évoquant le rejet des « invertis », - c'est le mot usité par Proust, celui de l'époque, évoquant l'Affaire Dreyfus, l'homosexualité, tout comme la judéité, ne sont des problèmes pour le narrateur qu'à cause des sarcasmes et des propos discriminatoires qu'elles suscitent. Alors brusquement aux yeux du narrateur qui s'éclairent dans ce parcours initiatique, tout devient Sodome. S'agissant de Gomorrhe, quelques jeunes filles en fleurs et amies autour du corps aimé d'Albertine deviennent alors une tout autre évidence... Entre les deux versants, c'est le souvenir cruel de la mort de lla grand-mère du narrateur, déjà évoquée dans le précédent volume, mais qui refait surface ici, surgissant dans une chambre d'hôtel à Balbec, Est-ce à l'âge adulte qu'on est prêt à renoncer à jamais à ses dernières illusions ou du moins accepter de ne plus faire semblant d'être encore un enfant ? C'est le douloureux sentiment qui nous étreint, la conscience aiguë de savoir que l'on a perdu à jamais ceux que l'on aimait, qu'ils ne reviendront plus et que la mémoire résonnera désormais comme un chagrin. Jamais à mes yeux la prose de Proust n'aura été aussi poignante. J'effleure les dernières pages du livre. C'est comme une porte qui se referme peut-être à jamais sur les battements d'un coeur disloqué. Qui donc alors m'offrira le sésame qui la rouvrira ? Sodome et Gomorrhe est peut-être tout simplement un beau et grand roman sur l'amour. Je poursuis mon voyage en terre proustienne, continuant de me frayer un chemin dans la Recherche. Longtemps j'ai tourné autour de ce texte comme le bourdon attendu par l'orchidée. Ou bien c'était peut-être l'inverse, c'était ce texte qui se métamorphisait brusquement avec coquetterie en bourdon providentiel et venait me polliniser. Je ne vais pas tourner autour du pot, ceux qui connaissent Proust savent à quel passage j'emprunte cette délicieuse métaphore pour en faire mon miel. Je la dois à cet acte fondateur qui ouvre le bal de ce quatrième opus d'À la Recherche du temps perdu, la fameuse scène de séduction entre le baron de Charlus et le giletier Jupin dans sa boutique, sous l'oeil attentif et médusé du narrateur. Ce passage est un bijou littéraire à lui seul. Devenant voyeur dans l'oeil du narrateur je n'ai pas perdu une miette, prenant une leçon d'initiation à la vie... Comme lui, j'avais le sentiment qu'il se passait ici quelque chose de beau et de grand, je me suis demandé alors si l'auteur à travers le yeux du narrateur qui décidément lui ressemblait de plus en plus, ne cherchait pas à jouer avec le lecteur que j'étais. Dire qu'ici Marcel Proust enfin se lâche...
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  • ktylauney 02/02/2024
    C'est assez audacieux dès les premières pages d'assister à la parade amoureuse de Charlus et Jupien. Le gros bourdon excité va rejoindre la frêle fleur prête à l'accueillir, et pis tac tac ! Le narrateur, caché, n'aura pas assisté visuellement à l'accouplement mais en aura conclu " qu'il y a une chose aussi bruyante que la souffrance, c'est le plaisir ". Marcel Proust fait de M. de Charlus un personnage qui occupe une place centrale dans ce volume 4 de La Recherche. Charlus est donc un " homme-femme " tout en contradictions. Il est changeant, pouvant aussi bien être charmant qu'exercer sa verve insolente sur quelqu'un. Ses colères sont comme la tempête, elles se lèvent et retombent aussitôt. Impossible pour moi d'apprécier plus que ça ce personnage aux monstruosités verbales, non pas parce qu'il aime les hommes, mais à cause certainement d'une autre facette de lui dont je me méfie en le voyant reluquer les jeunes, voire aussi les enfants. Mais par moments il arrive tout de même à me faire sourire et j'ai même été jusqu'à compatir de le voir triste, de voir son amour bafoué par Morel. Instant de compassion qui n'a pas duré car il m'a vite énervée par sa lettre, ses mensonges et ses manigances faites uniquement pour le récupérer. Dans ce tome 4 le voilà donc amoureux de Morel, le violoniste ( qui n'est autre que le fils du valet de l'oncle Adolphe du narrateur, et il ne tient évidemment pas à ce que ça se sache ). Ce dernier le méprise, profitant juste des largesses de Charlus devenu son protecteur. Dans le cercle des Verdurin tout le monde se doute que Charlus est un inverti mais chacun dans ce monde bourgeois ferme les yeux, se contentant de sourire et d'en faire des blagues. « Oh ! chuchotait le sculpteur en voyant un jeune employé aux longs cils de bayadère et que M. de Charlus n’avait pu s’empêcher de dévisager, si le baron se met à faire de l’œil au contrôleur, nous ne sommes pas près d’arriver, le train va aller à reculons. Regardez-moi la manière dont il le regarde, ce n’est plus un petit chemin de fer où nous sommes, c’est un funiculeur. » ( Citation du livre ). Qui dit amour chez Proust dit jalousie, souffrance et doutes auxquels ils sont associés. Et pas uniquement chez Charlus car le narrateur est lui-même en proie aux doutes à cause d'une réflexion du Docteur Cottard lors d'un bal qui sous-entend qu'Albertine et Andrée sont lesbiennes en les voyant danser serrées poitrine contre poitrine. La jalousie, insidieuse, se glisse entre le jeune homme et Albertine. Devenu pire que ne l'était Swann, il fait dès lors tout pour l'empêcher d'approcher autant les jolies filles que les jeunes hommes, tel Robert de Saint-Loup avec qui elle pourrait bien se rapprocher. Pourtant Albertine déjoue plusieurs fois ses soupçons, ce qui le rend deux fois plus soupçonneux. C'est terrible une telle jalousie qui le fait se ronger de l'intérieur. Il multiplie les scénarios dans sa tête, l'imaginant avec d'autres pendant qu'il n'est pas avec elle. Il revoit le baiser dans le cou donné à Rosemonde, et les propres baisers qu'elle lui a donnés ne peuvent venir que d'une jeune fille qui a été initiée. Alors il pense fortement à la rupture, lui qui a tout de même bien profité aussi de la jeune fille. C'est tout de même fort de café ! Le narrateur, qui ne veut pas reproduire les erreurs faites avec Gilberte les reproduit une fois de plus en mentant à Albertine, en lui disant qu'il ne l'aime pas, alors qu'il passe le plus clair de son temps avec elle, lui offrant de nombreux cadeaux, non seulement pour lui faire plaisir mais pour se faire plaisir à lui et pouvoir se l'attacher. Cette relation n'est pas du goût de sa mère. D'ailleurs personne n'apprécie Albertine autour de lui. Sauraient-ils des choses concernant la jeune fille dont son cavalier n'aurait pas entendu parler ? A la recherche du temps perdu, tome 4 : Sodome et Gomorrhe est incontestablement un des meilleurs car il y a beaucoup d'humour et les voyages incessants dans le petit train, appelé le Tortillard pour ses nombreux détours ou Tacot car n'avançant que très lentement, donnent l'impression de mouvement, d'animation. En fait de train celui-ci était plutôt un tramway à vapeur parcourant la Côte Fleurie. Ces petits voyages qui mènent les invités à la Raspelière, villa louée par les Verdurin, ne sont pas dénués de romantisme. Les Verdurin, parlons-en de ceux-là même qui vous invitent avec une apparente bonté et n'hésiteraient pas à vous planter un couteau dans le dos. Il faut se rappeler comment ils avaient banni Swann de leur cercle, comment ils prennent Saniette comme souffre-douleur, un personnage certes ennuyeux mais surtout timide et mal à l'aise et qui se fait ridiculer et lyncher à chaque réunion. Ils oublient aussitôt un membre de leur cercle qui vient de mourir, sont jaloux, se croient au-dessus de tout le monde, critiquant les Cambremer et les absents. Le narrateur leur ayant présenté Albertine comme étant sa cousine, nul doute que lui aussi leur servira de cible quand ils sauront la vérité. Cette partie 4 de l'oeuvre de Proust m'a passionnée du début jusqu'à la fin, celle d'avant m'ayant un peu ennuyée. De plus je n'avais pas compris pourquoi le narrateur n'avait pas réagi plus que ça à la mort de sa grand-mère qu'il adorait. Tout s'éclaircit dans ce volume quand il s'aperçoit à son arrivée au Grand hôtel de Balbec qu'il est seul. Il réalise tardivement que sa grand-mère est partie pour toujours. Il se reproche alors des paroles méchantes, fait son mea-culpa, laisse couler ses larmes pour rester assez longtemps prostré dans le chagrin et réussit à faire son deuil. Vers la fin du récit le jeune homme s'était décidé à rompre avec Albertine mais certains éléments dévoilés par la jeune fille, renforçant pourtant sa jalousie l'ont renforcé à faire complètement le contraire. Ils repartent ensemble pour Paris. Pour le meilleur ou pour le pire ? C'est assez audacieux dès les premières pages d'assister à la parade amoureuse de Charlus et Jupien. Le gros bourdon excité va rejoindre la frêle fleur prête à l'accueillir, et pis tac tac ! Le narrateur, caché, n'aura pas assisté visuellement à l'accouplement mais en aura conclu " qu'il y a une chose aussi bruyante que la souffrance, c'est le plaisir ". Marcel Proust fait de M. de Charlus un personnage qui occupe une place centrale dans ce volume 4 de La Recherche. Charlus est donc un " homme-femme " tout en contradictions. Il est changeant, pouvant aussi bien être charmant qu'exercer sa verve insolente sur quelqu'un. Ses colères sont comme la tempête, elles se lèvent et retombent aussitôt. Impossible pour moi d'apprécier plus que ça ce personnage aux monstruosités verbales, non pas parce qu'il aime les hommes, mais à cause certainement d'une autre facette de lui dont je me méfie en le voyant reluquer les jeunes, voire aussi les enfants. Mais par moments il arrive tout de même à me faire sourire et j'ai même été jusqu'à compatir de le voir triste, de voir son amour bafoué par Morel. Instant de compassion qui n'a pas duré car il m'a vite énervée...
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  • Lydia4 23/12/2023
    Je viens de refermer ce quatrième tome de La Recherche et j'avoue que je suis encore sous le charme de l'écriture de Proust, de son humour assez dévastateur à certains moments, de l'émotion qui parfois nous étreint, notamment lorsque le narrateur se remémore les souvenirs de sa grand-mère décédée lorsqu'il retourne à Balbec avec sa mère. Il se passe tant de choses dans ce volume que je ne ferai pas une critique exhaustive sinon cette dernière serait beaucoup trop longue. Dans ce livre, Proust parle beaucoup des invertis, des hommes comme des femmes. L'homosexualité est omniprésente. Le narrateur voit, alors qu'il est caché, le baron Charlus avec Jupin dans leurs ébats. Il comprend alors que Charlus est un inverti, ce qui explique certains de ses comportements et attitudes. Il réalise que la vie des homosexuels est difficile car ils doivent dissmuler leur orientation sexuelle que la société condamne comme la justice. Ils ne peuvent même pas en parler à leur mère. Il fait un parallèle avec le sort fait aux juifs : homophobie, antisémitisme même combat. Ce que j'en retiens encore, c'est que le narrateur se complaît dans la vie mondaine des salons : celui de la princesse de Guermantes à Paris ou de Madame Verdurin à Balbec. Parfois il prend conscience de la vacuité de cette vie quelque peu artificielle mais, très vite, le tourbillon de cette existence le reprend. Concernant l'affaire Dreyfus, les pro et anti dreyfusards se croisent et essaient de s'éviter. Le narrateur croit que le prince et la princesse de Guermantes sont antisémites et donc antidreyfusards car ils ne souhaitent par recevoir Swann. Cependant, lors d'une soirée chez les Guermantes, Swann est présent et converse longuement avec le prince. Etonné, le narrateur apprend finalement, par Swann lui-même, que le prince de Guermantes doute de la culpabilité de Dreyfus, sa femme également. La relation du narrateur avec Albertine connaît des hauts et beaucoup de bas. Trop de jalousie de la part du jeune homme qui soupçonne sa compagne d'être lesbienne. Elle dément farouchement être attirée par les femmes mais le narrateur doute d'elle, surtout lorsqu'il la voit danser avec Andrée et que Cottard fait des allusions sur leur comportement. A Balbec, les deux jeunes gens se voient souvent. Le narrateur dépense beaucoup d'argent pour vêtir Albertine afin qu'elle brille dans les soirées du mercredi de Mme Verdurin, et l'amener se promener en voiture avec chauffeur. Lorsqu'Albertine est à ses côtés, le narrateur est parfois heureux, parfois indifférent voire cruel. Lorsqu'elle est absente, il se demande avec qui elle est et ses crises de jalousie se multiplient. Il décide de rompre avec elle et se promet de le lui annoncer. Il annonce cette nouvelle à sa mère qui est soulagée car elle n'est pas favorable à cette union bien qu'elle ait choisi de laisser son fils faire ses choix. Lorsqu'il apprend par Albertine qu'elle considère Mlle Vinteuil et sa compagne comme ses grandes soeurs, le narrateur décide de l'épouser et de l'amener chez lui à Paris. J'ai vraiment adoré ce volume qui me renforce dans ma détermination à continuer à me plonger dans cette grande oeuvre qu'est la recherche. Je viens de refermer ce quatrième tome de La Recherche et j'avoue que je suis encore sous le charme de l'écriture de Proust, de son humour assez dévastateur à certains moments, de l'émotion qui parfois nous étreint, notamment lorsque le narrateur se remémore les souvenirs de sa grand-mère décédée lorsqu'il retourne à Balbec avec sa mère. Il se passe tant de choses dans ce volume que je ne ferai pas une critique exhaustive sinon cette dernière serait beaucoup trop longue. Dans ce livre, Proust parle beaucoup des invertis, des hommes comme des femmes. L'homosexualité est omniprésente. Le narrateur voit, alors qu'il est caché, le baron Charlus avec Jupin dans leurs ébats. Il comprend alors que Charlus est un inverti, ce qui explique certains de ses comportements et attitudes. Il réalise que la vie des homosexuels est difficile car ils doivent dissmuler leur orientation sexuelle que la société condamne comme la justice. Ils ne peuvent même pas en parler à leur mère. Il fait un parallèle avec le sort fait aux juifs : homophobie, antisémitisme même combat. Ce que j'en retiens encore, c'est que le narrateur se complaît dans la vie mondaine des salons : celui de la princesse de Guermantes à Paris...
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  • 4bis 04/12/2023
    De tous les épisodes de La Recherche du temps perdu que je découvre depuis cet été, « Sodome et Gomorrhe » m'a paru le plus tonique, le plus alerte, le plus mouvementé. N'allez pas croire toutefois que les péripéties vous sautent à la figure toutes les trois lignes ! On reste chez Proust et ce tome, qui pourrait s'appeler « Marcel à la plage, saison 2 » reste dans la tonalité des précédents. J'ai d'ailleurs trouvé un plaisir nouveau à me couler dans La Recherche, à connaitre de ces après-midis interminables où on n'avance que si peu, solidement entourée que j'étais par les centaines de pages que je venais de parcourir et les tout autant qui m'attendaient encore, comme emmaillotée dans un amas de lignes qui opposaient à la réalité l'épaisseur massive de leur existence. Néanmoins, là où on ne quittait guère la digue, le grand-hôtel, Doncières au plus loin, dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, là où on ne faisait que quelques pas dans les rues parisiennes pour aller des quartiers de Mme de Villeparisis aux appartements d'Oriane de Guermantes, les nombreux déplacements de Sodome et Gomorrhe, en automobile ou en train nous donneraient presque le tournis. C'est que, à la fois pour occuper Albertine avec laquelle le narrateur a renoué, que pour poursuivre une vie mondaine dans un délicieux décalage avec ce qu'aurait interdit Paris mais qu'autorise une villégiature balnéaire, nous voilà entrainés aux mercredis des Verdurin qui, nouvellement enrichis, ont loué à un prix mirifique la propriété principale des Cambremer, aristocrates dont la fortune n'honore plus le nom. Verdurin qui tiennent donc salon, à leur manière informelle habituelle, se piquant de n'y avoir que le fin du fin et arguant que si certains n'en sont pas, c'est que l'on n'en a pas voulu. On découvre, sur le chemin emprunté par le petit train touristique où nous avons embarqué, paysages et petites églises dans le bocage environnant, bercés par le chef de gare égrenant la litanie des noms de lieux, ramassant son chapelet d'habitués, d'amis et de connaissances. Tchou tchou le p'tit train… Ambiance, ambiance. Albertine a reçu une jolie toque pour monter dans l'automobile que loue le narrateur presque chaque jour, un charmant nécessaire en or pour se refaire une beauté avant de descendre en gare, tout cela sent le plaisir et le charme innocent des amours de vacances. Il se dégage d'ailleurs de certaines pages le bonheur serein que j'avais en vain cherché dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, le contentement d'un narrateur enfin présent à ce qu'il vit, juste heureux de profiter d'instants où il n'est ni jaloux, ni inquiet, ni perdu dans un désir évanescent pour un objet inexistant. Cette énergie qui émane du texte tient peut-être aussi à ce que ce soit les Verdurin et leur cercle qui sont cette fois l'objet principal des observations du narrateur. N'ayant aucune connaissance des codes aristocratiques d'un monde qui ne les reçoit pas, ces hôtes nous épargnent les longues généalogies, le récit de tel blason déchu, de telles armes irrémédiablement corrompues par le déshonneur que leur aura infligé au su de tous, tel ou tel indigne descendant. A la place, nous aurons les clownesques Cottard et Sarriette, leurs ridicules de savants parvenus, les étymologies interminables de Bichot qui fascineront le narrateur, mais lui seul, les assoupissements de Mme Cottard juste après le déjeuner et le ridicule de M de Cambremer, le jeune, celui qui aura épousé une Legrandin pour sa fortune et ressassera à l'envie les deux seules fables De La Fontaine dont il soit capable de se souvenir. On le voit, le bouffon se fait davantage roturier et on y gagne une verdeur rapprochant certains portraits de ceux d'un Flaubert, proximité alors majorée par les paysages normands que ces deux auteurs ont en partage. A cette déportation du décor du côté des horizons bleus et verts de la côte fleurie s'adjoint un déplacement du registre métaphorique. Là où je riais de trouver un protozoaire, un poulpe ou un mammouth, j'ai admiré cette fois de lestes comparaisons de tel ou tel avec une fleur butinée, une tomate, une pomme ou encore une poire. du Museum d'histoire naturelle au verger, en somme. Et quoi que mon regard ait de taquin quant au projet proustien, je ne peux qu'admirer la manière dont, jusque dans les détails les plus anodins du texte, se retrouve un soin de cohérence apte à installer le lecteur dans une oeuvre totale. Quant à l'homosexualité enfin révélée de M de Charlus, au nombre sans cesse croissant des personnages dont les moeurs sont bien plus libertaires que ce que la bonne société autoriserait, y compris - surtout ? - parmi les plus huppés, on en vient rapidement accepter la démonstration qu'aucune situation sociale n'empêche l'explosion de désirs quels qu'ils soient et qu'aucune condition ne soustrait personne à la recherche de leur assouvissement. Qu'à ce compte, à l'hypocrisie d'un snobisme creux, à la bêtise d'un rang tenu sans culture ni profondeur s'ajoute le mensonge d'une vie sexuelle dont les apparences conformistes cachent le secret d'inclinaisons assumées mais publiquement réprouvées, moquées. Anna, qui lit la Recherche comme elle respire, me faisait remarquer qu'il serait intéressant de voir ce que cette oeuvre devait aux origines juives de Proust. J'ai compris sa remarque comme une invitation à chercher peut-être un mode d'écriture qui ait à voir avec l'exégèse et j'ai été alors plus attentive aux références qui auraient pu me conduire à de pareilles réflexions. La religion ne concerne, dans ce tome, quasiment que Charlus et exclusivement le dogme catholique. le baron voue un culte particulier aux archanges Michel, Gabriel et Raphaël « avec lesquels il [a] de fréquents entretiens pour qu'ils communiqu[ent] ses prière au Père éternel, devant le trône de qui ils se tiennent. » Dans cette foi faite de légende dorée, de héraldique et scènes représentées sur un vitrail ou le frontispice d'une église, je lis moins l'appel à une glose que le réconfort d'un conte berçant un grand enfant orgueilleux et fragile. Il ne me semble d'ailleurs pas avoir croisé de personnage dévot se rendant aux vêpres ou aux offices dans ces premiers tomes de la Recherche. Pas de révélation durant une messe de Noël comme ce sera le cas pour Claudel. La grand-mère du narrateur doit être chrétienne, mais ce sont les lettres de Mme de Sévigné à sa fille qu'elle ne quitte pas. Quand Balzac fait de la religion un prisme par lequel analyser et dépeindre la société, quand Hugo lui donne des accents confinant au sublime, Proust semble la contenir aux détails architecturaux de ses monuments et aux enjeux stratégiques d'un positionnement ad hoc concernant l'affaire Dreyfus. Laquelle affaire concerne d'ailleurs davantage l'armée que les Juifs dans son traitement ici. On n'a même pas à s'interroger sur la vacuité du ciel tant son accès semble empêché par tout le bruit occasionné par les discours de fidèles. On pourra me dire, et ça l'a été souvent affirmé, que Proust est le prêtre de sa propre religion, celle qui fonde l'écriture en dogme et la recherche d'un temps perdu en Dieu. Mais je ne suis pas sûre de cela non plus. J'ai l'impression au contraire que l'habile et interminable travail de l'écrivain n'est pas transcendé chez Proust. Il vaut pour ce qu'il est et ne gagne aucune autre hauteur symbolique. Les métaphores, les correspondances, les réminiscences posent un tissage horizontal, interrogent pour la nier systématiquement l'élévation d'une possible verticalité, pas plus qu'elles n'invitent à la révélation d'une immanence consolatrice. Proust parle de son oeuvre comme une robe qu'il assemble. A la fin, elle tient debout, mais elle reste robe. Ne dévoile rien d'autre que son harmonie, son goût exquis et son redoutable sens de l'observation. Sublime pour elle-même, elle se suffit et ne contient rien d'autre qu'elle. C'est peut-être pour cette raison aussi que, malgré le plaisir toujours plus important que je prends à ces lectures, je ne ferai pas de Proust mon auteur favori et qu'il restera pour moi une connaissance à la fréquentation de laquelle j'attache plaisir et intérêt mais pas de cette tendre et intime complicité que j'aurais pourtant - par snobisme ? - espérée. De tous les épisodes de La Recherche du temps perdu que je découvre depuis cet été, « Sodome et Gomorrhe » m'a paru le plus tonique, le plus alerte, le plus mouvementé. N'allez pas croire toutefois que les péripéties vous sautent à la figure toutes les trois lignes ! On reste chez Proust et ce tome, qui pourrait s'appeler « Marcel à la plage, saison 2 » reste dans la tonalité des précédents. J'ai d'ailleurs trouvé un plaisir nouveau à me couler dans La Recherche, à connaitre de ces après-midis interminables où on n'avance que si peu, solidement entourée que j'étais par les centaines de pages que je venais de parcourir et les tout autant qui m'attendaient encore, comme emmaillotée dans un amas de lignes qui opposaient à la réalité l'épaisseur massive de leur existence. Néanmoins, là où on ne quittait guère la digue, le grand-hôtel, Doncières au plus loin, dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, là où on ne faisait que quelques pas dans les rues parisiennes pour aller des quartiers de Mme de Villeparisis aux appartements d'Oriane de Guermantes, les nombreux déplacements de Sodome et Gomorrhe, en automobile ou en train nous donneraient presque le tournis....
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