Euphorie : Le livre de Elin Cullhed

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Poète admirée, épouse comblée et mère de famille, Sylvia Plath a tout ce à quoi une femme des années 60 aspire. Mais quand ses démons viennent la tourmenter, le masque tombe...
"Un roman-déflagration." Marie-Claire

À l'aube des années 1960, la jeune Sylvia fait déjà parler d'elle : poète admirée de ses contemporains, elle forme avec Ted le couple d'écrivains en vogue. Après une période difficile en hôpital psychiatrique, Sylvia aspire au bonheur et c'est dans la famille qu'elle le trouvera, affirme-t-elle : c'est elle qui insiste pour quitter Londres et s'installer à la campagne, la petite Frieda à son bras et Nicholas dans le ventre. Mais dans cet havre de paix, rien ne se passe comme elle l'avait prévu : accaparée par les tâches du quotidien, la pression familiale et ses propres obsessions, la jeune femme n'a plus le temps d'écrire. Et à mesure que la vie de Ted, de plus en plus demandé à Londres par ses éditeurs et ses maîtresses, prend un nouvel essor, celle de Sylvia se délite irrémédiablement...

Elin Cullhed imagine la dernière année de Sylvia Plath et épouse son style foudroyant, la noirceur lumineuse de la vie de l'écrivaine. Une oeuvre monumentale qui se fait le témoin d'un destin hautement symbolique : la " folie " de Plath n'est-elle pas, tout compte fait, celle du monde et de ses contradictions ?

" Ce n'est pas une biographie, c'est mieux : un voyage fusionnel dans l'âme de Plath. " Télérama
" Un roman-déflagration où charge mentale, affres de la création et fragilités psychiques s'entrechoquent à la manière d'une volée de cloches superbement dissonantes. " Marie Claire

Traduit du suédois par Anna Gibson

De (auteur) : Elin Cullhed
Traduit par : Anna Gibson

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Lucilou

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Longtemps, Sylvia Plath, poétesse et romancière américaine de génie, n'a pas été reconnue à sa juste valeur, parce qu'épouse d'un artiste presque aussi brillant qu'elle, parce que femme, parce que les années cinquante et soixante. Longtemps aussi, on a romantisé son destin, parce que tragique et fulgurant. Son suicide en 1963 a fait couler beaucoup d'encre et -comme souvent- de fantasmes. L'artiste maudit se donnant la mort, voilà qui émeut les foules, qui les secoue, qui les frappe, les bouleverse, surtout si l'artiste -et c'était le cas de Sylvia Plath- était jeune (trente et un ans!). Surtout si elle était belle... Et puis, les années ont passé et Sylvia Plath est devenue une légende. Une icône de la poésie et du féminisme. Un personnage plus qu'une personne. Une idole qui déchaîne les passions, les débats, les controverses. Sylvia Plath est devenue l'héroïne de sa propre histoire et qui pourrait dire laquelle est, parmi toutes ces Sylvia, la vraie... Je n'étais pas très emballée en parcourant la quatrième de couverture de "Euphorie" au moment de ma découverte de cet ouvrage d'Elin Cullhed paru dans une très belle édition chez "Les éditions de l'Observatoire", mais la curiosité l'a emportée. Parce que j'aime beaucoup Sylvia Plath en premier lieu, parce que les avis glanés au sujet de l'ouvrage étaient élogieux, parce qu'en ce moment, j'aime me plonger dans la vie et l'œuvre de femmes artistes et méconnues, parce qu'enfin les questions de création et de santé mentale m'intéressent presque tout autant que des interrogations plus féministes quant à la difficile réconciliation de la vie privée et de la vie professionnelle pour les femmes, notamment au mitan du XX°siècle. Et puis, soyons honnêtes: même si je déplore une romantisation de Sylvia Plath, je dois avouer que la portée tragique de sa vie lui confère un quelque chose de romanesque qui me fascine un peu malgré moi. Je n'étais pas très emballée, donc, mais tous les éléments étaient réunis pour me pousser à la lecture, comme d'autres au crime et je me suis finalement plongée dans ce texte d'Elin Cullhed -il s'agit du premier livre de cette autrice suédoise, aussi beau qu'ambitieux. Dans "Euphorie", cette dernière se propose en effet d'imaginer, à la première personne, la dernière année de vie de Sylvia Plath, non pas comme un exercice biographique mais bel et bien comme un roman. Ainsi, sous sa plume, la poétesse devient un être de fiction, tout comme celles et ceux qui l'entourent, tout comme ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent, ce qu'elle aime et ce qu'elle souffre. Pour autant, et c'est là la magie de la littérature, j'ai trouvé qu'à travers le prisme de la fiction, Elin Cullhed parvenait à restituer une Sylvia Plath fictive mais pourtant ô combien complète en ce qu'elle nous donne à voir l'artiste, l'amoureuse, la mère, la puissante, la souffrante, la vaincue, l'irréductible, la sage, la déraisonnable; en ce qu'elle semble réunir les facettes éparpillées de cette figure à la fois si lointaine et si iconique. Certes, qui dit fiction ne dit pas nécessairement invention et il me semble que l'autrice prouve par ce texte non seulement son excellente connaissance de son sujet mais aussi son affection pour Sylvia Plath, qu'elle parvient à peindre avec mesure, sans silencier à aucun moment les affres dans lesquelles elle se débattait... Le roman s'ouvre en 1962. Sylvia et son époux Ted Hugues viennent de s'installer dans le Devon, dans un presbytère coquet dont ils espèrent fleurir le jardin et faire résonner les murs des vers qu'ils composeront et des rires de leurs enfants. La petite Frieda est déjà de la partie et Sylvia ne tardera pas à tomber enceinte de Nicholas. Le tableau est idyllique. Trop parfait pour être vrai et déjà le vernis se craquèle pour Sylvia qui n'aspirait pourtant qu'au bonheur. Là, loin de Londres et de sa famille restée en Amérique, de sa mère en particulier, la jeune femme sent sa vie lui échapper: le quotidien la pressure et la dévore et elle n'a plus le temps d'écrire. Son livre, et ses poèmes l'appellent pourtant, mais des ronces entravent ses chevilles et sa plume tandis que ses propres obsessions reviennent et la grignotent insidieusement jusqu'à la précipiter dans une noirceur sans fond. Son mariage avec Ted se fragilise. Lui est resté un poète en vogue dans les sphères londoniennes et il quitte le Devon pour la capitale de plus en plus souvent, laissant Sylvia seule pour s'occuper de la maison et des enfants. Alors que sa carrière prend son essor, celle de son épouse reste au point mort. Pour elle, c'est une béance inextinguible, une blessure qu'alimentent encore ses peurs, ses angoisses, sa peur de la solitude et de l'abandon. Peu à peu, le feu s'éteint. Peu à peu, le manque de son père se fait plus prégnant. Peu à peu enfin l'indésir de Ted et sa cruauté se font poignards et suffocations. Peu à peu, Sylvia perd pied. Il émane du récit une noirceur lumineuse qui doit autant au style d'Elin Cullhed -qui mêle à son propre style des fulgurances de celui de Sylvia Plath- qu'à l'histoire qu'elle nous offre et qui nous place au plus près de son personnage. Le choix d'une narration à la première personne nous rapproche intimement du personnage de Sylvia Plath qui se livre alors à un long monologue dans lequel elle se livre quant à son quotidien si profondément insatisfaisant et duquel elle tente de s'échapper quand la souffrance est trop vive. Alors, elle se coupe du réel et se laisse aller à une euphorie, souvent créatrice, aussi porteuse que douloureuse, souvent déçue pourtant par les contingences du réel et les petitesses d'un époux et d'un mariage dont la beauté s'érode au fil du temps. Le portrait qui en découle est celui d'une Sylvia excessive, incandescente, qui danse et se balance sans cesse au bord du précipice. Une Sylvia intransigeante avec les autres mais surtout avec elle-même qui se voudrait brillante dans tous les aspects de sa vie. Une Sylvia paradoxale qui se désire femme -désirante et désirée-, épouse, mère mais aussi romancière, poétesse, artiste. En cela, elle est d'ailleurs incroyable de modernité tout en étant pourtant corsetée, conditionnée par son époque. Paradoxale aussi dans son rapport aux autres et particulièrement dans son rapport à sa mère ou à son mari, qu'on qualifierait aujourd'hui sans doute d'être toxique. Un des points forts de l'ouvrage tient dans le fait qu'il retranscrit tant et si bien les fluctuations de l'humeur de son personnage principal, dans un flux de pensée à la Virginia Woolf, qu'on en vient à vouloir se rapprocher aussi des autres personnages de l'histoire, alors même qu'on souffre et prend fait et cause pour Sylvia dont la descente aux Enfers se révèle douloureuse pour nous aussi. Oppressante. Au-delà de constituer un bel hommage en clair obscur et une entrée lumineuse vers l'œuvre de Sylvia Plath, "Euphorie" est un roman extrêmement moderne en ce qu'il interroge longuement des questions aussi vastes que la difficulté pour une femme de concilier sa vie de femme et d'artiste, que la place accordée aux femmes dans les sphères artistiques et dans la société en générale. Il ausculte aussi la santé mentale, la maternité, l'amour et le désir et plus largement le couple et les relations en ce qu'ils avoir de beau mais aussi et surtout de douloureux et d'aliénant. Un livre riche, peut-être un peu long, mais d'une beauté étrange et hypnotique, qui convoque à merveille le fantôme d'une grande poétesse mal connue .Un portrait dont il renoue les fils avec l'art de la littérature et la lumière assourdie, opalescente des nuits de lune pleine. Le puzzle est enfin complet, à la lumière aussi, des questions d'aujourd'hui. Sylvia Plath n'a jamais été si proche, tout en étant pourtant ici qu'un être de papier.

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Voyagelitteraire9

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Elin Cullhed vous propose de rentrer dans la tête de Sylvia Plath, lors de la dernière année de sa vie. La fabuleuse autrice de la Cloche de Détresse, est en pleine grossesse et dans une relation tumultueuse avec son mari Ted Hughes. L'écriture d'Elin Cullhed permet de retranscrire l'état euphorique et très changeant, de comprendre la noirceur de l'esprit de cette grande dame avant de se donner la mort. Un portrait de Sylvia Plath qui se veut bel et bien fictionnel mais qui, quoiqu'il en soit vous donnera envie de découvrir toute l'oeuvre de l'une des plus grandes écrivaines américaines du XXe siècle.

Spitfire89

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Roman que j'avais eu l'occasion de découvrir en 2022 lors des comités de lectures de Cultura. Littérature suédoise d'Elin Cullhed, c'est une biographie fictive sur Sylvia Plath. Une lecture qui aborde la santé mental avec la dépression, la maternité et le féminisme ainsi que le rapport avec son corps. L'autrice aborde aussi les dernières années relationnelle du couple. Des descriptions, des flots de pensés entre intimité, anxiété mais avec beaucoup de justesse et de contradiction. Un récit fictive qu'on aime ou pas mais d'une grande intensité de la folie et d'une noirceur lumineuse. Pression familiale, Couple, Obsessions et Premier roman.

AgnesdeC

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 8 mois

À l’hiver 1961-62, Sylvia Plath et Ted Hughes attendent leur deuxième enfant, Nicholas, et quittent Londres avec leur petite Frieda pour un ancien presbytère du Devon. Elin Culhed nous plonge dans ce qu’auraient pu être les pensées de Sylvia Plath lors de cette année qui précéda son suicide. L’installation du couple à la campagne est emplie de fantasmes de vie saine et idéale, de résolution des conflits du ménage et de répartition harmonieuse du temps entre les enfants et l’écriture. Las ! Que ce soit sous l’effet de sa bipolarité ou de la réalité crue, Sylvia doit déchanter devant l’accumulation des tâches dites féminines et l’égoïsme de son beau Ted. Ce dernier est particulièrement vulnérable aux autres regards féminins, et se laisse séduire… Elin Culhed réussit le tour de force d’être si proche du style de La Cloche de détresse que nous nous sentons parfaitement intégrés au flux de pensées parfois euphoriques, souvent dépressives de Sylvia. Plus fort encore, les réflexions de cette Sylvia de fiction résonnent à merveille avec les grands questionnements féministes qui traverseront les années 60-70 et qui trouvent ici leurs prémisses. J’ai lu ce roman sans m’arrêter tant les situations sont crédibles et attachantes. Est-ce que Sylvia n’était pas trop lucide au contraire d’être folle ? Un roman indispensable pour qui s’intéresse à la grande poétesse.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264082107
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    360
  • Dimensions
    180 x 110 mm

L'auteur

Elin Cullhed

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