Un titre de la collection Repères qui se lit comme un roman, c'est peu courant. Mais l'auteur de ce titre a bien connu Ivan Illich et plusieurs de ses amis. Il jalonne d'anecdotes éclairantes sa présentation synthétique de l'oeuvre et du cheminement de cet intellectuel, ancien prêtre et théologien, professeur itinérant, par ailleurs linguiste, philosophe, mais aussi historien. Loin de se contenter de sa proximité personnelle, Thierry Paquot a lu et relu son oeuvre dans son intégralité, des classiques (Libérer l'avenir, Une société sans école, La convivialité…) jusque et y compris des publications plus confidentielles. Il revient sur son évolution en distinguant deux périodes : la première (1951-1980), marquée par sa critique de la société industrielle, des institutions (l'Eglise, l'école, l'hôpital…) et des effets contre-productifs de leur extension ; la seconde (des années 1980 à sa mort, en 2002), où il met davantage l'accent sur les effets symboliques de ces institutions, tout en prenant acte du changement de contexte lié notamment à l'émergence d'Internet. Tout sauf hagiographique, cette introduction à une oeuvre foisonnante aide à comprendre pourquoi aujourd'hui encore, il importe de relire, sinon de lire, cet auteur inclassable, irréductible à toute idéologie et autres pensées en "isme".