Le Colonel Chabert : Le livre de Honoré de Balzac

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LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

Enseveli sous un monceau de cadavres, le colonel Chabert meurt une première fois à la bataille d'Eylau. Déterré vivant, il n'est plus, dix ans plus tard, qu'un fantôme, un survivant de l'épopée napoléonienne. Humilié, chassé : la société, la France de la Restauration, personne ne veut plus de lui ; sa femme elle-même, remariée à un aristocrate, refuse de reconnaître ce vaincu. Comment obtenir qu'on lui rende son épouse, sa dignité, son rang ? Telle est la tragédie de Chabert, face à la trahison et à l'infamie.
Ce drame d'un homme tiraillé entre sa force d'âme et sa faiblesse de coeur est de tous les temps. Si le colonel Chabert avait été tué à Eylau, il serait devenu un héros parmi d'autres. Ressuscité et misérable, tel que le génie de Balzac le montre, il entre dans l'immortalité.

@ Disponible chez 12-21
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE

De (auteur) : Honoré de Balzac
Préface de : Marc-Henri Arfeux

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Jusol

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Ce n’est pas un hasard si le titre originel du texte était La Transaction. Encore une histoire d’acte, ce moteur des déchirements familiaux, cette exaction légale, graine de tous les renoncements moraux. Comme dans le Père Goriot ou Le contrat de mariage, nous retrouvons ici un homme ruiné par la loi, par les fastes promis par une société où règne désormais l’argent, c’est-à-dire le pouvoir. La passion n’y est rien, le péché est monétaire et comptable, froid comme l’arithmétique. Le colonel Chabert est laissé pour mort à la bataille d’Eylau, au nord de la Prusse-Orientale, en 1807. Déclaré mort, il semble comme revenu d’outre-tombe quand il débarque à Paris dix ans plus tard. Le héros tombé pour la France n’est plus qu’un loqueux, un vieil homme usé par de longues pérégrinations et sans le sou. Or le monde a changé. L’Empire n’est plus, le roi est revenu, sa femme s’est remariée, sa fortune est confisquée et son hôtel a été détruit. À l’aide de l’avoué Derville, le colonel va tenter de faire valoir ses droits, de récupérer son dû. Mais il se confrontera à une administration sourde, à des lois absurdes, à un gouvernement qui souhaite oublié les vieux héros de l’Empire et à une femme qui a refait sa vie et qui jouit désormais d’une place confortable auprès de son nouveau mari, le comte Ferraud, bien vu du pouvoir en place. Le colonel Chabert, c’est l’échec de la loi, son utilisation à des fins privées, une nécessité aveugle quand elle devrait être éclairée. La femme de Chabert le reconnait, elle n’a qu’un mot à dire pour le sauver, lui rendre sa fortune et son rang ; elle ne le fera pas. L’avoué, face aux difficultés que représente un procès pour lui faire reconnaitre son identité, lui conseille la transaction : Chabert abandonnera son nom, mais sa femme le pourvoira d’une fortune à même de lui faire couler des derniers jours heureux. Mais cette dernière n’en veut pas. Elle le charme, joue la tendresse, lui donne l’illusion qu’elle fera ce qu’il veut à condition qu’il se désiste, qu’il avoue par écrit être un intrigant. Pris dans ses filets, Chabert hésite jusqu’à surprendre une discussion de sa femme avec son intendant qui lui fait comprendre qu’il est berné. Alors il la maudit, renonce à ses droits, aux hommes, au monde. « Quelle destinée ! Sorti de l'hospice des "Enfants trouvés”, il revient mourir à l’hospice de la "Vieillesse”, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe. » dira Derville. L’attrait de ces histoires de retour (on pense au film Le Retour de Martin Guerre), est qu’elles interrogent l’importance de notre identité sociale. À son retour en France, Chabert n’est rien, c’est un mort. S’il n’a plus ni droit, ni place, ce qu’il cherche avant tout c’est d’être reconnu. Tel une Cassandre moderne, Chabert crie a qui veut l’entendre qu’il est ce qu’il est, mais on n’impose jamais seul son identité. Sa quête est avant tout celle d’être reconnu pour ne pas devenir fou. Roman sur la rudesse de la loi, son implacable injustice, Le colonel Chabert est peut-être avant tout un roman sur l’animal politique humain. Cet animal capable de se sacrifier pour son chef, pour sa nation, pour une idée ; capable de traverser l’Europe pour être reconnu des siens ; réduit à l’état de néant quand dans les yeux des autres, c’est un fantôme qui se reflète. Chabert n’est ni vivant ni mort, il est au purgatoire social, dans une chambre d’attente administrative où, devenu ombre, il voit les vivants se repaître de son cadavre officiel. « « J’ai été enterré sous les morts ; mais, maintenant, je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre ! » hurlera-t-il à Derville. Alors oui, il est bon de lire Chabert, ce mort social au cœur pourtant bien vivant, cet homme fait spectre par l’administration et l’avarice, ce héros effacé par la grande Histoire des vainqueurs, ne serait-ce que pour se souvenir qu’entre identité personnelle et identité sociale, la frontière est mince, que l’on n’est jamais tout seul, que l’on est ce que le groupe fait de nous et qu’un coup de tampon suffit à nous réduire à l’ombre et au silence.

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Denis_76

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Roman de la Comédie Humaine, ce livre est surtout un pamphlet contre la Justice et l'avarice. Paris. Le roman débute par l'atmosphère crasseuse d'un cabinet d'avoué, Maître Derville, en 1816. Arrive un homme en guenilles dont les clercs se moquent ... A des milliers de kilomètres de là, et quelques années plus tôt, Hypolithe Chabert, colonel-héros de l'Empereur, ressuscite d'entre les morts sur le champ de bataille d'Eylau (1), en 1807. Blessé à la tête et en haillons, il essaye de trouver des témoins afin de confirmer qu'il est bien le colonel Chabert. Mais ... "-- Quand je m'élève, moi, mort, contre un acte de décès, un acte de mariage, ils m'éconduisent, soit avec un air froidement poli que vous savez prendre pour vous débarrasser d'un malheureux, soit brutalement, en gens qui croient rencontrer un intrigant ou un fou." N'ayant pas d'argent, il n'arrive pas à obtenir de papiers. Il met plusieurs années à rejoindre Paris, et atterrit dans le cabinet de l'avoué, affublé d'un carrick d'un autre siècle ou presque. Par chance, Maître Derville accepte d'écouter son aventure et le prend sous son aile : Chabert a fait la fortune de Rosine Chabert son épouse, mais celle-ci le croyant mort, a vite récupéré sa part d'héritage, s'est remariée à un puissant comte, et a deux enfants. Peut-être auraient-ils gagné une honorable transaction, moyennant frais d'avoué, bien sûr, sans le caractère impérieux de l'irrascible soldat, et sans l'avarice hypocrite de Rosine. Les méandres de la chicane sont toujours d'actualité, l'avarice de la belle madame (veuve) Chabert, qui lui joue la comédie alors que lui, vieux soldat naïf, l'aime encore, est un défaut humain loin d'être éteint. Elle profite de sa confiance pour mieux l'écraser. Ce livre m'en rappelle un autre, tout aussi émouvant, où le héros se casse aussi les dents contre la justice : L'or : La merveilleuse histoire du général Johann August Suter (1)NDL : Eylau me fait penser, sans aucun rapport, à la belle chanson de Beyonce : Halo. I can feel your halo (halo) halo I can see your halo (halo) halo I can feel your halo (halo) halo I can see your halo (halo) halo

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martrv31

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

J’avais commencé la lecture du Colonel Chabert de Balzac il y’a plusieurs années mais j’avais assez vite arrêté ; grave erreur. Cela reste assez dur de rentrer dans l’histoire avec cette interminable mais chirurgicale description du cabinet d’avocat. Mais ce qui est déconcertant au départ devient en fait la plus grande force du roman : l’art de la description et de la précision. Balzac dénonce la société bourgeoise parisienne sous la restauration. Chabert, homme d’empire qui a monté les échelons par sa seule bravoure est trahi par sa femme, une ancienne prostituée qui s’est enrichit grâce à son héritage et en se rapprochant de la nouvelle aristocratie proche de Louis XVIII. Chabert préfère alors tourner le dos à cette société qui le méprise pour garder son honneur. Le livre est porté par des personnages très forts avec des grandes valeurs ; le colonel et Derville. Entrée parfaite dans l’œuvre de Balzac.

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UnKaPart

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

La Restauration, c'est tout nase et ses élites nobiliaires ne valent pas un pet de lapin au regard de celles du glorieux Empire, voilà ce qui ressort de cet opus. Bah non, c'est ni mieux ni pire, suffit d'ouvrir n'importe quel livre d'histoire pour en avoir la confirmation. Le roman est court, ce qui présente deux avantages. D'une, on n'a pas le temps de s'ennuyer comme souvent dans les textes de Nono où les descriptions interminables rivalisent avec les dialogues dont on ne voit pas le bout. De deux, on n'a pas le temps non plus de mourir étouffé sous la mauvaise foi napoléonophile du machin. La veuve Chabert est une vile intrigante parce que veuve Chabert. L'histoire se déroulerait dix ans plus tôt, Balzac nous l'aurait présentée comme un modèle d'ascension sociale rendue possible grâce à la main généreuse du Palpatine de l'époque, souverain parfait d'un Empire tout en aigles et dorures, genre de Jérusalem céleste bling-bling à la française. Mais non, nous sommes en 1817, Napo a été viré à Sainte-Hélène à coups de pompes dans l'oignon, Ma'ame Chabert fricote avec l'ancienne noblesse, donc c'est une méchante. Face à elle, le preux colon, fier guerrier de l'armée impériale (même si on se demande où y a à se sentir fier de dézinguer des gens à tour de bras...). Ce pauvre héros vient nous parler d'honneur, lui qui a passé des années à servir un régime autoritaire et a contribué à la mise à feu et à sang de toute l'Europe. L'honneur, donc. Bon, c'est pas trop la définition que j'en avais... Après, c'est pas une surprise non plus, Balzac est connu pour vouer une admiration sans bornes au prince du bicorne et, en bon fanboy, on peut compter sur lui pour passer la brosse à reluire avec autant d'aveuglement que de mauvaise foi, le tout dans la plus parfaite décontraction. Entre les deux maître Derville, avocat qu'est loin d'être une flèche. Il est surtout là pour servir de témoin “““objectif””” avec beaucoup de guillemets, tant le parti pris de l'auteur biaise le regard porté sur l'affaire Chabert pour qu'on empathise à mort avec le revenant d'Eylau (le soleil brille, ajouterait Annie Cordy). L'astuce peut prendre si on ne sait rien de l'histoire du Premier Empire. Quand on connaît un peu les réalités de l'ambiance du règne napoléonien qui n'a rien à envier à l'Ancien Régime en matière d'arbitraire et de pouvoir absolu pas super éclairé, dur de se laisser prendre par l'illusion du pauvre petit gars Chabert, mi-Connor MacLeod, mi-Caliméro. Moins manichéen et plus nuancé, j'aurais pu adhérer au projet. Là, bon, cette lecture m'en a touché une sans remuer l'autre, j'ai passé l'âge de me laisser éblouir par le mirage du mythe napoléonien.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266296182
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    96
  • Dimensions
    178 x 109 mm

L'auteur

Honoré de Balzac

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