Si c'est un homme - Nouvelle édition 2017 : Le livre de Primo Levi
" Si la géographie des bourreaux a permis l'extermination de millions d'êtres humains, il ne reste d'elle que ruines et musées. À l'opposé, la géographie du texte de Si c'est un homme ne cesse de vivre et de vivre encore, à mesure que des mains de lecteurs se saisissent du livre, et le lisent, s'en saisiront dans le futur et le liront, géographie donc ô combien vivante, innervée, nourrie, palpitante, humaine.
Humaine parce que jamais le texte ne parle d'autre chose, même en creux, que d'humanité. C'est l'humanité qui s'enfuit. C'est l'humanité que l'on malmène. C'est l'humanité que l'on broie comme un grain dans un mortier. C'est l'humanité que l'on nie. C'est l'humanité que l'on tente d'effacer, mais c'est l'humanité qui demeure. Elle demeure dans la voix de Primo Levi qui ne cède que rarement à la colère et qui fait le choix d'une description posée des faits, des actes, des lieux, des états et des sentiments.
Exempt de hargne, vide de rage et d'esprit de vengeance, le récit accueille les ombres, les silhouettes, les visages, les souffrances de ceux dont "la vie est courte mais le nombre infini'. "
Philippe Claudel
De (auteur) : Primo Levi
Traduit par : Philippe Claudel, Martine Schruoffeneger
Expérience de lecture
Avis Babelio
selvaeric
• Il y a 1 semaine
[masquer] Si c’est un homme est comme je l'ai lu l’un des récits les plus puissants et lucides jamais écrits sur l’univers concentrationnaire nazi. Primo Levi, chimiste juif italien, y raconte avec une précision clinique et une retenue poignante son internement à Auschwitz entre 1944 et 1945. Ce n’est pas un cri de vengeance, ni un plaidoyer émotionnel : c’est un travail de mémoire et de compréhension, à hauteur d’homme. Difficile à lire, parce qu'il faut regarder l'horreur en face Le texte ne cherche pas à édulcorer la réalité. Les scènes de violence, de déshumanisation, de faim, de froid, de peur y sont décrites dans toute leur brutalité ordinaire. Levi n'exagère rien, et c’est ce qui rend sa lecture si troublante. Le lecteur se retrouve confronté à des questions éthiques fondamentales : comment garder son humanité quand tout autour pousse à la barbarie ? À quel moment cesse-t-on d’être un homme ? Incroyable par la clarté du regard et la force de la raison Ce qui est incroyable, c’est la lucidité avec laquelle Levi analyse les mécanismes du camp. Malgré la souffrance, il reste un observateur rigoureux, presque scientifique. Il décrit non seulement les faits, mais aussi les comportements humains, les stratégies de survie, les rapports de pouvoir entre prisonniers, l’impact psychologique de la déshumanisation. À travers cela, il offre une réflexion profonde sur la nature humaine. Et pourtant… un livre qu’il faut lire Et pourtant, malgré la difficulté, c’est un livre essentiel. Parce qu’il transmet une vérité brute, parce qu’il éduque sans moraliser, parce qu’il rend hommage aux morts et aux survivants. Levi n’écrit pas pour choquer, mais pour témoigner, pour que l’oubli ne gagne jamais. C’est un appel à la vigilance, à la mémoire, à l’humanité. Souhaitez-vous une version plus courte ou adaptée pour un devoir scolaire ? Souhaitez-vous une version plus courte ou adaptée pour un devoir scolaire ? [/masquer]
Annezzo
• Il y a 1 mois
Je découvre. Primo Levi. J'avoue, je ne comprends pas bien le titre. Mais c'est bien un homme que je découvre. Un homme délicat. Un homme qui veut mettre sur papier son expérience, qui veut raconter quelque chose de passablement irracontable, avec une délicatesse folle envers celui ou celle qui lira. Moi par exemple. Il raconte aux humains quelque chose d'inhumain, où il aurait pu laisser son humanité à lui, et cette lutte de chaque phrase pour qu'on reste ensemble est d'une grande tendresse. Envers lui, envers certains de ses compagnons, et envers nous, donc. C'est cette délicatesse, cette douceur, que je trouve bouleversante. Lagen, camp de travail, côtoyant la machine à exterminer. Le camp de travail t'extermine aussi, mais lentement. Tu peux glisser un orteil dans la porte de la survie, puisqu'ils ne t'ont pas tué tout de suite. Voila le livre témoignage de Primo Levi. Ouiiii je sais, au sortir des camps, beaucoup des survivants qui avaient tenté de partager ce qu'ils venaient de vivre - se sont retrouvés face à un mur. C'était si terrible que ça ne passait pas. On pouvait raconter ses souffrances à manquer de nourriture quand on habitait en ville, ses peurs face à l'occupant, toutes les embûches d'une exode vers le sud, l'entière mauvaise foi dans la violence des salauds qui tord le ventre, quelques petites humiliations dont tu as été témoin impuissant... Mais ça, l'insoutenable : rejet. Et on sent dans l'écriture de Primo Levi qu'il a lutté contre ce rejet ligne après ligne. Non seulement son parti pris est bouleversant, mais emprunt d'une belle intelligence, au sens propre comme au sens figuré. Intelligere, comprendre, digérer, transmettre. Il veut nous faire confiance dans notre capacité à accueillir son témoignage mais aussi à le partager. Ah ça m'a touchée à chaque page ça. Il évite d'abord toute rancoeur envers ceux qui n'ont pas connu cet enfer. Il évite autant que faire ce peut de s'en vouloir à lui d'avoir survécu. Il évoque l'armada nazie qui l'entourait, mais à gros traits. Leur humanité à eux, qu'ils s'en occupent, faut pas non plus exagérer. N'empêche, il évite de les agonir d'injures et de haine, il les pose là sur la table, raconte leurs actes, décrypte la pyramide des bourreaux, et basta. Et s'applique à sauver ce qui peut l'être. Sauver, tout est dans le mot humanité. Si tu sauves chez toi une petite part d'humanité dans cette machine à asservir détruire nier effacer l'humain, alors tu as une petite chance de t'en sortir. Ton instinct joue à fond dans la survie : chaque miette de pain compte, chaque pas en moins à faire compte, chaque minute de repos compte, chaque mot appris en allemand aussi, l'instinct de survie balance tout ce qu'il peut à tous berzingues, parce qu'il y a du boulot pour gagner une journée de plus. Sorti de cet instinct purement pratique, il y a ce que j'appellerais l'intelligence des choses/de la vie, toujours instinctive. Comprendre que ton voisin compte moins que toi dans ta survie, que tu ne dois surtout pas éprouver de compassion, il faut rester concentrer sur toi à chaque instant pour tenir. Accepter cette terrible constatation. Puis t'ouvrir quand même à ce que peut apporter l'autre, un partage de regards, des instants de discussion dans la même langue, un acte gentil venu de l'extérieur, ou une aide que tu apportes furtivement. Rester en vie d'abord, rester humain ensuite. La première mission est totalement épuisante et laisse peu de place à la seconde mission, mais ce sont ces micro-détails qui te permettront de rester sur terre. Parmi les autres. Dans ton humanité. Primo Levi parle de son cas, et semble-t-il, il n'a pas commis de ces actes dont on peut difficilement se relever : dénoncer/sacrifier/écraser l'autre, un autre, pour gagner une tranche de pain, une nuit de sommeil, une journée de vie. La frontière est ténue. Passer de l'autre côté. Etre responsable de la mort de quelqu'un. Comme tu es déjà en enfer, sur le moment, ça ne doit pas te donner de cauchemars. Mais après, bordel... Survivre aux camps, et survivre à ça. Mandieu quelle saloperie cette machine nazie... Les questions-réponses à la fin permettent de nouveau de souffler. De mettre à plat. De dégager un peu du fardeau en le partageant. Les élèves qui ont échangé avec Primo Levi quand il a accepté de parler de son expérience, ils ont dû ressentir eux aussi cette douceur, cette délicatesse, cette intelligence, du moins je l'imagine. J'aurais aimé en être, le rencontrer. Et très virtuellement, le serrer dans mes bras - pas en vrai, pour ne pas le gêner. Le remercier. D'être des nôtres. De nous placer parmi les siens.
Hauchama
• Il y a 1 mois
Si c’est un homme est un témoignage bouleversant sur l’expérience concentrationnaire, écrit avec une sobriété glaçante. Primo Levi y raconte sa déportation à Auschwitz sans pathos, avec une précision presque scientifique qui rend la lecture d’autant plus percutante. Loin de tout effet dramatique, il nous confronte à l’inhumanité du système nazi et à la lente déshumanisation des détenus. Ce récit est d’autant plus dur à lire lorsqu’on connaît la trajectoire de Levi lui-même, chimiste de formation, rescapé du camp, mais profondément marqué à vie par cette expérience. Son regard lucide, presque détaché, n’atténue en rien l’horreur : il l’amplifie. Chaque détail compte, chaque mot est pesé, comme pour mieux témoigner de l’indicible. C’est un texte essentiel. Non pas seulement pour ce qu’il raconte, mais pour ce qu’il transmet : la mémoire, la dignité, la nécessité de comprendre pour ne pas oublier. Un classique incontournable, à lire au moins une fois dans sa vie – et peut-être à relire, différemment, en vieillissant.
kapacontrol
• Il y a 1 mois
Si c’est un homme n’est pas un livre, c’est un choc. Une plongée nue, directe, presque muette dans ce que l’homme peut avoir de plus cruel, mais aussi de plus digne. Dès les premières pages, je n’ai plus été un lecteur : j’étais un témoin. Et pas n’importe lequel. J’étais celui à qui Primo Levi confie l’essentiel, presque à voix basse, avec une précision terrifiante et une humanité bouleversante. Ce qui m’a le plus frappé, ce n’est pas seulement ce qu’il raconte – la faim, l’humiliation, la peur – mais la manière dont il le fait. Sans haine. Sans colère. Avec une clarté sèche, pudique, presque scientifique. Et c’est justement cette retenue, cette rigueur dans le regard, qui fait surgir l’émotion la plus pure. Il ne cherche pas à faire pleurer, il cherche à faire comprendre. Et c’est mille fois plus fort. En lisant Levi, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Une journée d’Ivan Denissovitch, ce chef-d’œuvre de Soljenitsyne où le froid, la faim et l’absurde du système sont décrits avec une économie de mots déchirante. Mais chez Levi, il y a autre chose. Une conscience presque douloureuse d’être un survivant. Et cette question lancinante qui plane à chaque page : comment rester un homme quand tout est fait pour t’en priver ? Levi ne nous décrit pas seulement Auschwitz, il nous met face à nous-mêmes. À ce que nous sommes capables de faire, ou de laisser faire. Il nous parle de la mémoire, de la responsabilité, de la fragilité de la civilisation. Et il le fait avec une telle intelligence, une telle élégance morale, que j’en suis ressorti bouleversé. Ce livre m’a suivi bien après l’avoir refermé. Il m’a appris à regarder l’Histoire autrement. À écouter plus attentivement. À mesurer le poids des mots, des silences, des gestes simples. Si c’est un homme ne m’a pas seulement éclairé. Il m’a réveillé. C’est une œuvre vitale. Une œuvre qui transforme.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782221199831
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- Collection ou Série
- Pavillons
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 324
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- Dimensions
- 216 x 138 mm
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17,00 € Grand format 324 pages