Cent millions d'années et un jour : Le livre de Jean-Baptiste Andrea, Alexandre Pavloff

Eté 1954, dans les replis glacés des Alpes, J-B Andrea nous convie à une ascension vertigineuse, tant physique qu'émotionnelle, avec son roman "Cent millions d'années et un jour". Ici, les rêves d'enfant se heurtent aux âpres réalités de l'âge adulte. #x1f9ed Stan, paléontologue en fin de carrière, s'accroche à un rêve : découvrir le squelette d'un dinosaure enfoui dans les neiges éternelles. Commence alors une quête insensée, reflet de ses propres blessures, creusées par une enfance marquée au fer rouge de la violence paternelle. #x2744 L'auteur tisse avec une délicatesse exquise la trame d'une expédition périlleuse, où chaque pas sur le glacier est aussi un voyage dans les méandres de l'âme de Stan. Le "Commandant", figure paternelle aussi glaciale que les sommets à conquérir, et une mère dont l'absence résonne comme un écho infini dans les vallées de son cœur, ont façonné un homme en quête perpétuelle de reconnaissance. #x1f58bAndrea nous offre une prose ciselée, où chaque mot semble avoir été poli par les vents d'altitude. Les descriptions de la montagne, tantôt majestueuse, tantôt implacable, se font le miroir des tourments intérieurs des personnages. L'amitié liant les membres de l'expédition comme seul rempart contre la folie des cimes et les souvenirs qui assaillent Stan. Les rapports familiaux complexes, la douleur d'une enfance volée, et le vide laissé par une mère souffrante sont autant de couches géologiques que Stan tente de traverser pour atteindre son trésor enfoui. ."Cent millions d'années et un jour" est bien plus qu'une simple aventure en haute montagne. C'est une exploration des profondeurs de l'âme humaine, où chaque crevasse peut cacher un souvenir douloureux, où chaque corniche peut offrir une vue vertigineuse sur nos propres abîmes. Cette ascension littéraire laisse le souffle court et l'âme bouleversée, avec la certitude d'avoir touché du doigt quelque chose d'aussi rare et précieux qu'un fossile préservé dans la glace depuis des millénaires.

1954, Stan est un paléontologue vieillissant, le feu qui animait son désir de fossiles depuis sa plus tendre enfance tend à disparaitre. Un peu comme sa vie qui s’éteint doucement. Une petite fille qui lui parle de dragon enfoui dans la montagne ranime la flamme. Stan retrouve sa ferveur (sa folie?) Il voit l’occasion de se prouver à lui-même et au fantôme de son père qu’il est quelqu’un de bien, un ,homme, un vrai. Au printemps, une expédition de quatre hommes entreprend l’ascension dans les Alpes du sud, il seront bientôt rejoint par un étrange invité. La quête peut commencer. Au fur et à mesure la recherche du dragon re-plonge Stan dans son enfance, les éléments fondamentaux qui l’ont constitué reviennent à la surface, par petites touches, ils éclaircissent son mauvais caractère, sa solitude, ses angoisses, son absolutisme. Les ombres de la mère suicidée et du père maltraitant se font envahissantes, dans le même temps, la montagne révèle les êtres et les failles de ses compagnons. Un livre d’aventure car la quête de ce fossile est prenante, les rebondissements sont nombreux, parsemés de joies intenses et de déceptions abyssales. Un récit qui s’attarde sur l’humain les personnages révèlent leur tragique avec beaucoup de délicatesse et de pudeur. Un roman qui raconte l’enfance, la violence subie par celui qui se sent différent, qui dit la maltraitance aussi. L’écriture précise qui magnifie la montagne, l’enfance et l’humain s’appuie sur une construction parfaite qui maintient le suspense jusqu’aux dernières pages tout en multipliant les péripéties et les révélations. J’ai beaucoup apprécié cette lecture.