Derrière les panneaux il y a des hommes : Le livre de Joseph Incardona

Ce roman montre bien le désespoir de la perte d'un enfant. On connaît dès le début le coupable, de ce fait, ça change la donne l'objectif et on se centre plus l'histoire sur le ressenti, les sentiments et sur ce que font les parents. En particulier, le ressenti du père que je trouve formidablement retranscrit. Par contre gros bémol sur le langage vulgaire (dégueulasse), qu’il y a tout au long du livre, ainsi qu'un gros côté sexuel présent qui m'a énormément dérangé. Si Séverine N’avait pas décrit ce livre comme un livre exceptionnel, je ne l’aurais pas fini et je l’aurais abandonné bien avant la fin, car tout ceci m'a beaucoup gêné.

C’est violent, c’est cru, c’est obscène, l’écriture est saccadée, dure, pas de place pour les sentiments ou les émotions… C’est noir, très très noir… Mais je l’ai dévoré! L’auteur a un style bien à lui, et cela change de ce qu’on (ou en tout cas moi) peut lire ailleurs. A réserver à un public averti tout de même…

Un récit noir haletant aux phrases ciselées, directes et sans détours qui m’a happé. Joseph INCARDONA écrit la réalité sans filtre, les images vraies éclairées par les lampadaires blafards des aires d’autoroute mettant à nu l’humain déshumanisé….la violence des relations, la bestialité, la sexualité crue telle qu’elle existe dans notre société et que certains préfèrent ne pas connaître où feignent de l’ignorer. Ce roman est saisissant car il est cruellement réaliste et met en lumière ce que nos barrières morales nous empêchent de voir. Les personnages sont d’une authenticité rare et font la qualité majeure de ce récit. J’ai aimé le traitement fait par l’auteur. Un coup de cœur de lecture.

Toute la noirceur sordide de ce roman s'est exprimée tel une incantation jazzy, tonitruante de douleur, vociférant peines et solitudes, expressions de tant d'impuissance face à l'inadmissible. Et c'est dans le cadre anonyme et glauque des événements que bruissait un blues désenchanté et confiné. Souffle mélodie ! et laisse-lui encore un peu de temps.