La Soustraction des possibles : Le livre de Joseph Incardona
La fin des années 1980 est la période bénie des
winners. Le capitalisme et ses champions, les
golden boys de la finance, ont gagné : le bloc de l'Est explose, les flux d'argent sont mondialisés. Tout devient marchandise : les corps, les femmes, les privilèges, le bonheur même. Un monde nouveau s'invente.
À Genève, Svetlana, jeune financière prometteuse, rencontre Aldo, prof de tennis vaguement gigolo. Ils s'aiment mais veulent plus. Plus d'argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance. Leur chance, ce pourrait être ces fortunes en transit. Il suffit d'être assez malin pour se servir. Mais en amour comme en matière d'argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi...
Prix Relay - 2020
De (auteur) : Joseph Incardona
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
aa67
• Il y a 2 semaines
De la Suisse au Mexique en passant par la Corse, ç’aurait pu être un moment dépaysant. Résumé ainsi on pourrait penser qu’on va vivre une aventure prenante et culturellement intéressante. Pour moi l’intérêt n’aura pas été si flagrant. Je m’attendais à lire un auteur suisse de belle facture, mais ça a sonné plus creux qu’escompté. Les points positifs de ce livre ont été commenté par d’autres, je n’y reviendrai pas. Par contre je me dois de dire pourquoi j’émets quelques réserves concernant ce roman. Qu’un écrivain suisse laisse à croire qu’il puisse exister un parrain corse capable de régner sur la Suisse depuis sa bergerie, cela m’a dérangé. Qu’un écrivain voisin de la France créé des situations aussi improbables que des mineurs détenus avec des majeurs en France, laisse perplexe quant à la préparation de son roman. Qu’un bon écrivain décrive aussi banalement un pays tel que Cuba alors que misère, délabrement et sensualité l’habitent intensément, là encore j’ai été déçue. Voulait-il en faire un polar ou une étude de meurs ? Là non plus la réponse n’est pas flagrante. La trame de fond : le capitalisme, la finance à la fin des années 80, période bénie des winners, l’explosion du bloc de l’Est, la circulation de monstrueux flux d’argent. Au milieu d’une fresque annoncée comme ambitieuse en 4ème de couverture, une histoire d’amour entre une jeune financière genevoise et un gigolo tennisman. Pour ma part. Les critiques dans les médias ayant parlé très positivement de cet auteur, j’avoue avoir été curieuse de voir ce que ce suisse avait pu en faire. J’ai l’impression d’avoir sincèrement cherché des atouts à ce roman, des raisons pour ranger cet auteur parmi les meilleurs écrivains suisses mais j’ai échoué. Il en a probablement écrit de meilleurs livres que celui-ci, et je vais tacher de m’en procurer d’autres car je sais que mon état d’esprit actuel a pu interférer avec mon ressenti.
Drogo25
• Il y a 1 mois
Un ex joueur de tennis de haut niveau reconverti en professeur pour conquérir et plumer les riches genevoises de plus de quarante ans rencontre l’amour en la personne d’une belle cadre bancaire, bien décidée, comme lui, à se constituer un joli matelas de millions et à gagner le sommet de la hiérarchie sociale. Le duo se lance alors à l’assaut du monde en apparence lisse et policé des financiers suisses. Évidemment, tout ne va pas se passer exactement comme prévu. L’intrigue se situe en 1989, période où les Suisses, assis sur le secret bancaire, se moquent éperdument de la provenance des valises de billets qui affluent dans le pays. Joseph Incardona en fait un roman très noir, où les personnages pourraient sembler caricaturaux mais sont à prendre comme archétypes : les deux amoureux « mal nés » qui cherchent à s’extraire de leur milieu, les époux Bovary, le banquier cynique et prêt à tout, les mafieux déguisés en esthètes. Joseph Incardona ne se contente pas de dérouler le récit et le suspens. Il joue avec ses personnages, s’introduit lui-même dans l’histoire, commente l’action et ponctue le texte d’éclairages historiques, littéraires, de réflexions philosophiques parfois obscures. Le style est percutant et parfaitement accordé à cette tragédie, très critique du système financier dérégulé, de ses excès et du gouffre béant qui ne cesse de se creuser entre les ultra nantis et les autres. Petit détail qui m’a beaucoup plu : les épigraphes de chaque chapitre sont de petits bijoux d’humour noir, citations de Mesrine, Al Capone, en passant par Coco Chanel, Bill Gates ou Kennedy.
Patoux16
• Il y a 2 mois
La soustraction des possibles « Un dictateur qui meurt, c'est une banque suisse qui ferme » la Suisse me renvoie à quelques souvenirs d'enfance dans les années septante : L'horlogerie, les chocolats, les journées au bord du lac de Neufchâtel… Cette impression d'un pays respectueux des règles, de l'ordre public, ce souci de propreté ! Tout est propre dans les rues, dans les montagnes, les vallons … Ce qu'on disait de la Suisse : Un très beau pays habité par « des confédérés » « Pas de sous pas de suisse » Joseph Incardona brosse ici une fresque sombre et cruelle. D'une froide lucidité, il dissèque ce monde où tout est marchandise où les valeurs humaines ne sont pas cotées en bourse. Le roman du tragique ! Le monde de la malveillance ! Genève fin des années 80, le capitalisme spéculatif domine la planète et cette ville est le centre de ce système où se mêlent les flux d'argent de toutes provenances, celui des affaires, du grand banditisme ou de la fraude fiscale. Dans son prologue Joseph Incardona me promet une histoire d'Amour. Je l'espère ! Car dans cet univers glacé, cette absence de douceur, je ressens surtout une profonde solitude, l'ennui, la violence physique et verbale. le désir se monnaye, le rapport dominant-dominé est omniprésent . Je la devine lorsque je rencontre Aldo Bianchi, prof de tennis, beau gosse, un loup solitaire. Son objectif, monnayer sa vigueur et sa jeunesse au service de l'assouvissement du plaisir des femmes proches de la quarantaine. Des femmes désoeuvrées dans cet espace qu'est le luxe, délaissées par leurs maris, qui eux choisissent des plus jeunes. Odile, femme d'un homme extrêmement riche, s'ennuie. Le personnage qui m'a le plus touchée par sa lucidité au seuil de la vieillesse, sa fragilité dans ce vide existentiel. Elle a fait le choix de la sécurité qui la rend esclave et prisonnière d'un monde qui ne la satisfait plus. Elle est amoureuse d'Aldo. Lui, aime l'argent, il va la divertir pour arrondir ses fins de mois. Le coup de foudre arrive avec Svetlana, d'origine tchèque aussi belle qu'ambitieuse, elle s'est hissée haut dans la banque où elle travaille mais elle sait qu'elle ne fera jamais partie des grands. Ils se sont reconnus. Ils s'aiment dans une relation gangrenée par leur obsession de richesse .Ils veulent s'extraire de leur condition quitte à se vendre, se trahir ou se perdre. Deux destins dans un monde où le pouvoir, l'argent et la séduction sont des armes. Et puis Svetlana qui a toujours tout maîtrisé dans sa vie, se laisse aller… L'un des aspects les plus glaçants de ce roman est cette manière dont l'auteur expose la mécanique implacable du capitalisme déshumanisant. La narration incisive et percutante, renforce cette atmosphère suffocante où chaque personnage semble pris au piège d'un système qu'il méprise mais auquel il ne peut échapper. La particularité de ce roman réside dans l'intervention de l'auteur lui-même qui interpelle le lecteur, le guide, l'implique dans cette réflexion. La soustraction des possibles est une lecture exigeante qui ne ménage personne. Une oeuvre qui laisse un goût amer mais terriblement lucide sur ce monde de pouvoir et d'argent. Je referme ce roman avec un sentiment ambivalent, un "je t'aime, moi non plus" entre admiration pour le talent incontestable de l'auteur et malaise inspiré par cet univers. De la noirceur enrobé de clinquant ! Dans cette Suisse où tout semble si propre, sous le vernis du luxe et des apparences, Tout est sale ! .............................................. Quelqu'un a inventé ce jeu Terrible, cruel, captivant Les maisons, les lacs, les continents Comme un légo avec du vent... La faiblesse des tout-puissants Comme un légo avec du sang La force décuplée des perdants Comme un légo avec des dents Comme un légo avec des mains Alain Bashung
974JerLab34
• Il y a 4 mois
Aldo Bianchi n'a pas le palmarès de Roger Federer, ni celui de Stan Wawrinka, pas même celui de Marc Rosset. Pourtant, il pratique le même sport et possède la même nationalité que ses glorieux ancêtres. Aldo, beau gosse porté sur le luxe, est devenu professeur de cette discipline dans ce pays de raquettes et de raclettes. Il a ainsi l'opportunité d'enseigner l'art du lift et du passing shot à des clientes dont le compte en banque ferait rêver une héritière des ciments Lafarge. Besogneux tennisman, Aldo est un émérite penisman. Just a Gigolo end every where he goes, il tente d'arrondir ses fins de mois en tentant de dégotter celle dont il se dit : « faisons en sorte qu'elle ait faim de moi ! ». Seulement, Aldo a bien conscience, le QI d'un tennisman n'ayant rien à voir avec celui d'un surfeur, qu'une carrière d'escort-boy est à peine plus longue que celle d'un autre sportif professionnel. Victime de la mousse du coach, Aldo va donc se diriger vers d'autres activités lucratives. Car, chez ces gens-là, je parle des Helvètes, la propreté des rues est inversement proportionnelle à l'opacité des magouilles bancaires pouvant s'avérer fructueuses. Et puis, il y a Svetlana, qui est belle comme un soleil et qui va faire pousser dans le petit coeur d'Aldo, une fleur bleue contondante là où naguère ne fleurissaient que des cactées. Et tant pis, si les histoires d'amour finissent mal en général… Présenté comme ça, vous vous dites que « La soustraction des possibles » ce n'est pas pour vous. Que ça sent la caricature sur fond d'argent sale, de dessous chics avec des personnages tout droit sortis de séries Z, veuve corse et proxénète albanais en produits d'accroche des gondoles du roman noir. Incardona sort habilement du piège de la grosse ficelle en introduisant régulièrement des sortes de didascalies, en s'impliquant dans le récit et en assumant parfaitement l'ambiguité de son rôle de démiurge. Les viles tentations qui mènent parfois au crime fascinent autant qu'elles révulsent et surtout nourrissent et irriguent la création artistique depuis les Grecs jusqu'à aujourd'hui en passant par Balzac et le Far West. La littérature est bien ce temple ou de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles. Les Correspondances n'engagent que ceux qui les écrivent mais cette troisième rencontre avec Jo Incardona renforce l'impression que cet auteur ressemble à « mon » Dubois : l'humour, aussi présent que la vermine dans une barbe de clodo ou encore cette faculté de vous plonger dans un irrépressible désir de connaître le destin de tous ces personnages aussi improbables que ceux que l'on croise parfois dans la vraie vie. Derrière cette impolitesse du désespoir que l'écrivain suisse maîtrise aussi brillamment que son homologue toulousain ne se dissimule même pas une vision cruelle de la comédie humaine, ce théâtre où nous sommes tour à tour acteurs et spectateurs. Sur fond de dérégulation du monde financier, dans ces années où le Mur de Berlin s'effondrait sans que ne se lézardent aucunement les remparts du capitalisme, ce roman faussement potache est une critique sans appel d'un monde où argent, sexe, pouvoir, mots masculins semblent s'opposer à la tendresse, l'enfance et l'innocence, mots féminins. Pourtant, dans cette putain d'humanité, si les assassins sont souvent des frères, les Miss Maggie sont moins rares que l'on pourrait l'espérer. À défaut de pouvoir vous offrir un séjour dans un palace du Léman, Genevois aucune raison de ne pas vous conseiller de vous vautrer sans aucun scrupule dans les draps de soie de ce roman cinq étoiles.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782266311250
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 464
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
9,00 € Poche 464 pages