Hannibal : Le livre de Thomas Harris

Quelqu'un m'a prêté ce livre en me disant qu'il était vraiment bien. Comme l'édition que j'ai lue ne comportait pas de quatrième de couverture et que je ne connaissais pas la saga (juste de nom), j'y suis allé totalement à l'aveugle ! Le fait de commencer directement avec ce tome ne dérange aucunement, chacun des faits et des personnages sont décrits et expliqués comme s'il s'agissait du tout début. Malgré que j'ai eu un peu de mal à le démarrer, j'ai par la suite été happé par l'histoire, et surtout par les personnages qui sont majestueusement travaillés. Chacun d'eux possède une psychologie unique et poussée jusqu'aux tréfonds, ainsi qu'un passé criant de vérité. Difficile de ne pas s'attacher à eux, même et surtout à Hannibal Lecter. Ce livre démontre que l'être humain n'est jamais tout blanc ou tout noir, mais toujours tout en nuances. Ce roman date de 1999, mais je ne l'ai pas ressenti pendant ma lecture ! Il ne vieillit pas ! Je trouve cependant qu'il est un peu poussif. Il y a de beaucoup de longueurs, voire même certains passages inutiles. Par exemple on pourrait sans mal retirer au minimum la moitié des chapitres sur Pazzi. Je regrette aussi un peu les nombreux passages où la foi est dénigrée. Par contre on ne peut enlever à l'auteur les nombreuses recherches effectuées ! C'est un travail immense et admirable qu'il a fait là ! Tous les aspects du livre sont admirablement bien traités, que ce soit les métiers qu'on y retrouve, l'anatomie du corps humain et animal, la psychologie comme susmentionné, la musique, la cuisine, l'art, et j'en passe. Tout est écrit dans le détail, et chaque acte est pensé avec soin (on pourrait presque dire ironiquement que... c'est digne du docteur Lecter ! Ah ah). C'est pourquoi certaines longueurs sont nécessaires, afin de pousser le sens du détail et le réalisme encore plus loin. C'est aussi à cela que l'on reconnaît la qualité d'un auteur. Outre ce travail de recherches exceptionnel qui a été réalisé, ce livre nous offre aussi des thèmes très intéressants et poussés, par rapport à certains personnages. Le harcèlement, le rabaissement, le dénigrement de la femme et ses effets (Paul Krendler), les traumatismes de l'enfance et leurs répercussions ainsi que la puissance de la mémoire et des sens (Hannibal Lecter), les relations parents-enfants, le sentiment d'abandon, l'estime de soi, et la recherche constante et inconsciente d'une personne à travers les autres (Clarice Starling, et un peu Hannibal Lecter aussi pour le dernier point)... Des thématiques toujours plus actuelles dans l'époque présente. Comme beaucoup de gens je pense, le personnage du docteur Lecter est mon préféré. Non pas par son côté tueur en série ou cannibale, mais par son raffinement, son intelligence, sa classe. C'est un personnage hors du commun, et hyper intéressant à suivre et à voir évoluer. C'est un pur régal d'entrer dans sa tête et de suivre son mode de pensée, ses réflexions, sa logique. J'ai toujours aimé les personnages de ce type. Le docteur Lecter est un personnage admirable de profondeur et de détails, et tellement captivant ! J'en redemande ! Des personnages comme ça, je voudrais en lire tous les jours ! Je serais même tenté de dire que s'il n'était pas fictif, ni tueur, j'aurais aimé le rencontrer en vrai. C'est quelqu'un de qui l'on pourrait beaucoup apprendre. Dans un autre genre, j'ai également beaucoup aimé suivre Mason Verger. Je n'ai pas spécialement d'empathie pour lui, mais j'ai apprécié le fait qu'il soit un peu (beaucoup) dérangé. Sa folie m'a bien fait triper, et le voir s'enfoncer petit à petit était délectable ! J'ai par contre trouvé le personnage de Crawford un peu bâclé. Pas tellement dans sa psychologie, mais plutôt dans son intrigue. Ce qui lui arrive à la fin tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et c'est vraiment dommage. Encore plus dommage quand on voit à quel point le reste est abouti. À côté de ça, c'est un roman addictif à souhait ! Autant j'ai été tenté de lire quelques pages en diagonal (mais ne l'ai pas fait car j'ai toujours du mal à ne pas lire un livre en entier), autant certains moments m'ont énormément captivé, au point de vouloir revenir à ma lecture le plus vite possible ! Et d'en dévorer les pages. Le suspense (surtout concernant Lecter) tient en haleine, notamment dans le dernier quart du livre environ, et les retournements de situation n'en finissent pas ! *ATTENTION MINI SPOIL* Je me suis même dit à un moment (page 432 du broché) "C'est pas possible, il est increvable ce mec !" du docteur Lecter, ah ah *FIN DU MINI SPOIL* En ce qui concerne les derniers chapitres, j'avoue que je n'avais pas imaginé ça. D'une part, ces ultimes pages m'ont énormément passionné (moins par le fait que c'était la fin et que c'est par conséquent plus addictif que le reste, que par "l'expérience" qu'opère le docteur Lecter !), d'autre part je trouve ce final un peu dérangeant. Outre le côté gore, c'est assez malsain et j'avoue qu'en plus ce n'est pas la fin que j'attendais vraiment. Je n'en suis pas déçu, ce n'est pas le terme, mais je dirais... surpris, un peu gêné peut-être. Mais je ne peux pas en dire bien plus, de peur de spoiler. Je dirais toutefois que c'est quand même une fin digne de ce nom, et que malgré tout elle est satisfaisante, quelque part. Maintenant que je l'ai terminé, ce rendez-vous lecture (et avec les personnages, surtout Lecter) va beaucoup me manquer ! En conclusion, je ne regrette pas d'avoir lu ce livre et découvert cet univers qui m'était jusqu'alors inconnu ! Lire à l'aveugle a parfois du bon ! En jetant un œil au résumé par moi-même, sans qu'on me prête ce roman, je ne suis pas sûr que j'aurais eu envie de le lire. Mais je serais passé à côté d'une perle ! Ça aurait été regrettable. Je ne sais pas encore si je lirais les deux tomes précédents, par contre je pense me laisser tenter par le tome 4, celui sur le passé de Lecter, si l'occasion se présente. Il promet de receler de nombreux trésors !

Un roman excellent 17/20 Avant de lire Thomas Harris, j'avais vu les films tirés de la quadrilogie "Hannibal Lecter". Parmi ces films, "Le Silence des agneaux" est tout simplement excellent au point de figurer parmi mes films favoris. Et bien pour ce qui est des romans et avant d'avoir lu le dernier opus, ce 3ème acte est pour moi le plus réussi. Tout d'abord parce que cette fois Clarice Starling devient un personnage secondaire pour laisser le personnage complexe d'Hannibal au centre de l'intrigue ce qui la rend très intéressante. Les détails concernant le célèbre Docteur sont bien plus développés et le livre, en plus d'être un bon thriller, fait la part belle à l'histoire, à la littérature, à l'art et à Florence. Ce livre est rempli de références souvent très intéressantes quinle rendent "intelligent" en plus d'être captivant. Bref, une réussite pour moi et un grand bravo à son auteur.

Je me sens un peu flouée après avoir fini ma lecture , et de faire la comparaison avec le film de Ridley Scott. Finalement, ce dernier n'avait pris que l'histoire en surface et n'avait rien compris. Thomas Harris nous prouve encore dans ce troisième opus (date chronologique de publication) à quel point, ils poussent ses protagonistes au bout de leur psyché. Certains crient à l'outrage avec cette fin assez choquante, mais pourtant tout est écrit depuis le début dans les détails de chacun de ses personnages. Le récit se décompose en plusieurs points de vue : Starling, Lecter,Krendler, les Verger... Même si parfois, il faut avouer que tous ces petits détails ajoutent de la lourdeur au texte (même je soupçonne plus la traduction que l'original), je me suis très prise au récit , quand nous voyageons en Italie. La chasse à l'homme de Verger pour essayer de se venger de Lecter est très prenante. A partir de ce moment, je n'ai plus décroché du livre. Starling qui a une vie plus compliquée après 7 ans de l'évasion de Lecter. Surtout au niveau professionnel. Pour elle , retrouver le docteur Lecter lui permettrait de redorer son blason au niveau hiérarchique du FBI. Les Verger ont une histoire sombre et déroutante. Je ne sais pas après ma lecture qui est pire entre Mason et Hannibal... Ce qu'ils leur arrivent finalement, ils le méritent tous deux. Cette fin est grandiose pour ma part, on s'y attend pas du tout. Pourtant, elle fonctionne très bien. Et en repensant à la série TV de Bryan Fuller , je me dis que lui au moins avait tout compris aux œuvres de Thomas Harris. Car je retrouve aisément, cette lourdeur, cette noirceur et ce côté malsain qu'on retrouve dans les romans. Je dois désormais lire les origines d'Hannibal, bien qu'on connaisse les bribes ici. J'espère ne pas être déçue sur sa psychologie qui jusqu'ici est un sans faute de l'auteur.

Thomas Harris nous convie une nouvelle fois à la table du Dr. Hannibal Lecter, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le menu est audacieux. *Hannibal* se veut une plongée encore plus profonde dans l’esprit labyrinthique de son protagoniste, un homme à la fois monstre et esthète, dont le charisme morbide continue de fasciner. Harris, avec sa prose élégante et ses descriptions minutieuses, réussit à maintenir une atmosphère envoûtante, presque hypnotique. On sent qu’il cherche à élever son récit au rang d’opéra baroque, mêlant violence et sophistication avec un certain panache. Pourtant, malgré ses qualités indéniables, le roman peine à tenir la promesse de ses prédécesseurs. L’intrigue, bien que riche en rebondissements, semble parfois s’égarer dans des détours superflus. Les développements autour de Mason Verger, par exemple, bien que grotesquement divertissants, alourdissent le récit sans toujours apporter de réelle valeur ajoutée. On a l’impression que Harris, emporté par son propre génie, a voulu trop en faire, au point de perdre de vue l’essentiel : la tension psychologique qui faisait la force de *Le Silence des agneaux*. Et puis, il y a cette fin. Une conclusion qui, sans dévoiler trop de détails, laisse un goût étrangement dissonant. Certains y verront une audace narrative, une manière de bousculer les attentes du lecteur. D’autres, comme moi, y trouveront une trahison des fondements mêmes du personnage. Harris prend des risques, c’est incontestable, mais ces risques ne sont pas toujours payants. Au final, *Hannibal* est un roman qui séduit par son ambition et son style, mais qui déçoit par son manque de cohérence et ses choix narratifs discutables. C’est un plat somptueux, certes, mais dont certains ingrédients gâchent l’harmonie d’ensemble. Harris reste un maître incontesté du thriller psychologique, mais ici, il semble avoir perdu un peu de sa recette secrète.