Il est à toi ce beau pays : Le livre de Jennifer Richard

Fresque historique, pour se remettre en mémoire comment s’est passée la colonisation de l’Afrique fin 19eme siècle (cruauté et avidité des pays blancs ) , un peu romancé certes, un peu long à certains moments…. Hommage quand même à ces explorateurs et aventuriers, surtout Livingstone

''Il est à toi ce beau pays'' retrace plus ou moins l'histoire de la colonisation de l'Afrique subsaharienne à travers le portrait de personnages historiques qui ont contribué à formater ce continent tel qu'il est devenu à l'aube du XXe siècle. Ce livre est une fresque se déroulant sur plusieurs années et sur plusieurs continent, l'Afrique bien sûr mais également les Etats-Unis d'Amérique et bien évidement l'Europe. Bien que les innombrables atrocités commises par les européens sont en partie relatées dans ce roman, je n'ai pas senti de parti pris de la part de l'autrice, elle ''se contente'' de retranscrire l'Histoire sans chercher à faire dans le larmoyant ou le mélodramatique. Bien sûr certaines scènes sont tout de même particulièrement dures à lire, je pense en particulier à la scène d'attaque d'un village par Tippu Tip et ses hommes que j'avais hâte de terminer. C'est un roman presque documentaire et bien que ce soit très enrichissant, ce coté chronique m'a justement empêché de vraiment m'immerger dans l'histoire et de me prendre d'affection pour les personnages. Les personnages semblent pourtant très bien travaillés, chose d'autant plus difficile qu'il sont historiques comme l'explorateur Henri Morton Stanley, le roi des Belges Leopold II, l'esclavagiste Tippu Tip ou encore le pasteur George Washington Williams pour ne citer qu'eux, mais je n'ai pas réussi à ressentir une forte empathie pour eux. Peut-être est-ce parce que la plupart des personnages sont des personnes qui ne méritent pas vraiment de sympathie, le roman suivant surtout des personnages plus ou moins antipathiques. D'ailleurs j'ignore si je dois placer cela du coté négatif ou non, mais les portraits que l'on suit sont surtout ceux de non africains, on ne suit le parcours de ceux qui subissent cette colonisation de plein fouet qu'à de très rares moments. Est-ce une chose négatif à mettre sur le compte de ce livre, je n'arrive pas à m'y décider car les africains eux-même n'avaient pas vraiment leur mot à dire pour ce qui est de la répartition de leurs territoires, situation parfaitement représentée par une ''blague'' récurrente dans la bouche de plusieurs personnages du livre. Est-ce don négatif quand ça ne fait que retranscrire la vérite? Est-ce justement le manque de représentation des personnages subissant leur sort qui m'a empêche de ressentir de un vrai affect pour l'histoire, j'ai du mal à répondre à cette question. Toujours est-il qu'il est terrifiant de voir l'évolution du continent et des africains entre le début et la fin du roman que moins de deux décennies séparent. Ce fut donc dans l'ensemble une très bonne lecture qui semble très bien documentée et que je recommande pour qui s'intéresse à cette partie de l'Histoire

Ce beau pays, c'est le Congo. Au fil des 825 pages de l'ouvrage, on y lit le destin de plusieurs personnages réels qui ont vécu, imposé ou subi cette période (de fin) d'esclavage, mise en place de la colonisation sur le continent africain ou de ségrégation sur le continent américain. C'est dense et très documenté. Mais cela reste bien un roman, époustouflant de fluidité, de clarté, avec un style enlevé qui frappe vraiment fort. À la réception du coffret, j'avais programmé un temps plutôt long pour cette lecture - naïve que je suis, je ne pensais qu'au nombre de pages qui m'impressionnait un peu. Finalement, j'ai pris ce temps pour découvrir avec délectation ce récit intense, et pouvoir le digérer (en faisant quelques pauses - indispensables pour moi je le reconnais). À travers le parcours d'Ota Benga, depuis la forêt d'Ituri jusqu'à l'usine américaine dans laquelle il travaillera au début du 20ème siècle, on (re)découvre l'Histoire de ces peuples et territoires Jennifer Richard fournit ici une restauration nécessaire de la mémoire sur les motivations de l'entreprise coloniale, et on admire son engagement. Elle pose également un hommage vibrant à ce pays malmené, dont les conséquences des turpitudes passées se font encore sentir. Un coup de coeur-coup de poing comme on les aime, à mettre entre toutes les mains #10084;        #12298;La phrase à retenir#12299; "Avant lui, on a colonisé l'Afrique au nom de la civilisation. Après lui, on l'a pillée au nom des droits de l'Homme."

Alerte coup de coeur! Au bout de quelques pages seulement j'ai compris que j'étais tombé sur une pépite! (Il faut dire que ce livre m'avait était recommandé par un ami). Le ton est vite donné, avec cette petite phrase qui illustre le propos à venir: "ici (Amérique) il y a la ségrégation et là-bas (Afrique), il y a la colonisation..!" Tout au long du livre, nous allons alterner entre des chapitres relatant les expéditions en Afrique afin de découvrir des terres inconnues, les chapitres en Europe avec des conférences et des intrigues entre français, belges, Anglais.. afin de se partager les richesses africaines et les chapitres en Amérique avec les noirs qui luttent afin d'avoir les mêmes droits que les blancs. Les aventures des explorateurs sont passionnantes avec la découverte de territoires encore vierges mais aussi écoeurantes quand on pense à l'exploitation des locaux. Les luttes entre blancs et noirs en Amérique sont également autant passionnantes au niveau politique, sociale et spirituel et l'écoeurement vis à vis du traitement des noirs est également très fort! Enfin il est intéressant de voir avec quel hypocrisie les européens ont colonisé l'Afrique sous couvert d'abolir l'esclavage, de libérer les tribus noires des massacres arabes et d'apporter la civilisation alors qu'ils se sont simplement accaparés les richesses en maltraitant les populations indigènes. Ce qui est d'autant plus atterrant c'est de savoir que tout ceci se passe fin 19ème, hier finalement au niveau de l'histoire de l'humanité!! Avec un personnage comme Jules Ferry, ministre français qui parlait encore de races supérieures et inférieures. La conclusion est édifiante et conclue magistralement ce chef d'oeuvre.