La chambre aux échos : Le livre de Richard Powers

J'ignore pourquoi ce livre figurait dans mon pense-bête mais le fait est qu'il y était et que je l'ai donc emprunté à la bibliothèque. Un livre immense de 470 pages dans son édition du Cherche Midi. 686 grammes impossibles à emporter dans ses bagages sans être taxés pour surpoids et que j'ai entamés avec appréhension. Il m'aura fallu deux semaines pour en venir à bout avec une semaine de pause iodée bienvenue. Et tout compte fait, je ne regrette pas de m'être accrochée jusqu'à la dernière page. Je ne connaissais pas cet auteur qui doit sa renommée à ses romans mêlant sciences, technologie et art. Et croyez -moi, de sciences il est question dans ce récit ! Et plus particulièrement du cerveau humain. Son personnage principal, Mark Schluter, est victime d'un accident de la route un soir d'hiver aux abords de la Platte, dans le Nebraska. Lorsqu'il sort du coma, il ne reconnaît plus sa sœur, accourue à son chevet. Plus précisément, ne ressentant aucune émotion à sa proximité, il soupçonne un complot, quelqu'un qui aurait engagé un sosie chargé de l'espionner. Paniquée, la jeune femme fait appel à un célèbre neurologue, spécialiste des troubles du cerveau, qui identifie le syndrome de Capgras. Aux prises avec ce syndrome, Mark tente de comprendre ce qui lui est arrivé et d'identifier le témoin anonyme qui a prévenu les secours et laissé un mot étrange, tandis que le neurologue, de son côté, fait face à une crise d'identité et de légitimité. Tout cela se joue sur fond de biodiversité et de bataille écologique autour d'une population de grues en migration sur la rivière. Bien que truffé de réflexions scientifiques et de jargon médical, ce récit a su retenir mon attention. On est évidemment motivés par le désir de savoir ce qui s'est réellement passé le soir de l'accident. Mais le discours scientifique n'est pas dépourvu d'intérêt et est plutôt bien vulgarisé évitant ainsi la nausée. Je me suis plutôt attachée à Mark, victime impuissante d'une modification de comportement et devenu méfiant de son environnement familier. À la merci de décisions parfois arbitraires prises par le personnel médical ou ses proches, il tente de refaire surface. Une bonne lecture assurément mais à petites doses sous peine d'encombrement neuronal...

Sur une route du Nebraska, alors que les grues ont fait leur retour dans la région, Mark Schulter est victime d’un terrible accident avec son camion. A son réveil après plusieurs semaines de coma, il apparait que Mark est atteint du syndrome de Capgras. Il ne reconnaît pas sa sœur, Karin, et est persuadé qu’une usurpatrice a pris sa place. Celle-ci appelle alors à l’aide Gérald Werber, spécialiste des troubles neurologiques et auteur à succès. Tandis que Mark essaie de faire remonter dans sa mémoire ce qui est arrivé cette nuit-là, Karin renoue avec un amour de jeunesse, engagé dans la sauvegarde de la nature. La rencontre entre Mark, Karin, Werber et Barbara, une aide-soignante très présente, va provoquer des changements importants dans leurs destins. Richard Powers livre ici un récit foisonnant de sujets et pourtant très accessible et captivant. Les méandres du cerveau humain et de la psyché, la préservation de l’environnement et les us et coutumes des grues, les relations humaines qu’elles soient amicales, familiales ou amoureuses... autant de thématiques qui rendent ce roman particulièrement riche d’une très grande pertinence. Surtout, Richard Powers ne prend pas son lecteur de haut mais l’entraine au contraire dans son sillage grâce à des personnages à la psychologie très travaillée et des explications claires sur des sujets parfois ardus, notamment lorsqu’on aborde les évolutions de la neurologie et les mystères du cerveau. On suit avec une grande attention les évènements qui se déroulent sous nos yeux. Comprendre ce qui est arrivé à Mark et pourquoi il a eu cet accident, voir évoluer les relations entre lui et sa sœur, tenter de comprendre le rôle exact de Barbara, assister aux remises en question de Gerald Werber... autant de fils auxquels le lecteur s’accroche pour tisser le canevas complet de ce récit aux nombreuses ramifications. Signe que le pari littéraire est réussi : on n’éprouve aucun ennui tout le long des 700 pages et on regrette de fermer le livre et de quitter ces personnages si denses et profonds.