Sidérations : Le livre de Richard Powers

Lecture du moment > Sidérations - Richard Powers ~ 3/5 ° Ce que j'en ai pensé Dans un coin de ma tête, j'ai une liste d'écrivain.es dont il "faut" que je découvre la plume ; Richard Powers en faisait partie et si je pensais le rencontrer avec son Arbre-monde, c'est en fait Sidérations qui est arrivé entre mes mains. Il nous raconte une relation père-fils comme on aime en lire, entre complexité et complicité, incompréhension et évidence. Robin est un enfant à part, neurodivergent sans qu'un diagnostic clair soit posé, et j'ai été touchée par son entièreté. Comme sa mère avant lui, il est très proche de la nature et de la cause environnementale, sujet qui me parle beaucoup. L'astronomie est aussi au cœur de ce roman, Theo étant astrobiologiste et aimant inventer des planètes pour son fils ; on en "profite" nous aussi au cours de chapitres fréquents dédiés à ces planètes, qui ne m'ont pas passionnée je dois l'avouer. Et les chapitres, parlons-en ! Le rythme du roman est assez particulier, les chapitres étant très courts, deux/trois pages en moyenne, et c'est peut-être là que le bât blesse pour moi. Je suis malheureusement restée extérieure au récit, ce qui réduit toujours mon plaisir de lecture. Et que dire de la fin qui m'a laissée... sidérée (oui c'est facile, mais ma cousine présente à ce moment-là peut témoigner que le mot est adapté !). ° En quelques mots Ça parle de : relation père-fils / neurodiversité / astronomie ° En quelques phrases Quand Robin, enfant de neuf ans neurodivergent, se fait renvoyer de l'école, son père qui se refuse à le médicamenter se tourne vers une thérapie expérimentale. Grâce à l'intelligence artificielle, l'enfant va accéder à des enregistrements du cerveau de sa mère décédée deux ans auparavant pour apprendre à contrôler ses émotions.

Après avoir lu "L'arbre monde", j'ai été surpris du changement de ton et de style de cet autre roman de Richard Powers. On suit l'histoire de Theo Byrne et de son fils Robin, deux êtres, à leur façon, en dehors de la société des humains. Des êtres différents. Voilà peut être le cœur des romans de Powers : la différence. Beauté de l'amour père-fils, contemplation de la nature, questionnements métaphysiques, satyre politique : les thèmes sont variés mais pourtant unis dans un continuum qui rendent le tout absolument splendide et captivant. Un très beau roman.

Aly et Theo ont appelé leur enfant-surprise "Robin" du nom du rouge-gorge qu'Aly avait désigné comme son oiseau préféré lors de leur première sortie ornithologique. Une preuve de leur intimité. En réalité tous les oiseaux étaient ses oiseaux favoris et son métier consistait à les défendre dans les tribunaux, eux et toute la faune en danger. Aujourd'hui, Aly n'est plus là et Theo accompagne Robbie du mieux qu'il peut dans ce monde en plein effondrement qui non seulement ne contient plus sa maman mais qui court vers la destruction de tout ce qui lui était cher. Comment accompagner un enfant sensible, conscient, intelligent dans cet amas de non-sens où il fait partie des stigmatisés bizarres? De ceux que l'on doit diagnostiquer et soigner comme si c'était lui le problème à résoudre ? Comment faire lorsque imaginer des planètes lointaines peuplées d'êtres différents et regarder des vidéos de sa mère ne suffisent plus à canaliser ses révoltes et ses tristesses? Une science expérimentale capable d'entraîner à l'empathie serait-elle le début d'une solution pour l'humanité ? J'ai adoré retrouver Richard Powers et surtout son esprit aiguisé. À la fois gangrené par une ecoanxiété que ne peuvent éviter les lucides et la positivité infatigable de ceux qui ne connaissent aucune résignation. Ce père, ce fils, l'esprit d'une mère et l'infini de l'univers pour horizon m'ont fait rêver à un avenir meilleur, m'ont accompagnée dans les micro-mondes qui peuplent encore le nôtre et qui ont, depuis toujours, toute mon attention. Si à titre personnel j'ai quand même préféré "L'Arbre-monde", "Sidérations" m'a ravie et j'ajouterais qu'il était nécessaire. Contrairement au premier, il semble avoir à cœur de moins se disperser, de ne plus perdre le lecteur mais de lui faire ressentir l'immensité, la beauté, toutes les portes qu'il a la capacité d'ouvrir dans son quotidien. La fragilité aussi. Celle de l'environnement comme la nôtre car nous ne sommes qu'un. Pour accompagner l'œuvre de Robin, j'ai envie de vous renvoyer vers le compte instagram d' @antoine_lavorel qui vaudra mieux que tous les mots que je pourrais ajouter.

Théo élève seul son fils Robin après le décès accidentel de sa femme. Lorsque commence l'histoire, Robin a neuf ans, et beaucoup de mal à vivre en société. Atteint par ce qui ressemble à de l'autisme, il est sujet à de fréquentes crises de rage et rencontre beaucoup de problèmes à l'école. Il ressent presque physiquement le mal fait par les humains aux animaux, un peu comme sa mère avant lui. Son animal préféré est le nudibranche. Ne souhaitant pas le mettre sous médicaments, son père, un astrobiologiste, l'emmène camper dans la nature et lui propose fréquemment d'explorer des exoplanètes. Cela semble apaiser Robin. Mais après la crise de trop, Théo se tourne vers un neurologue qui vient d'inventer une technique révolutionnaire de neurofeedback qui permet de connecter l'esprit du patient à celui d'une autre personne. Une lueur d'espoir pour le père et le fils... Comme dans L'arbre monde, Richard Powers bâtit un roman qui amène le lecteur à réfléchir à sa propre perception de la nature. Et si les êtres vivants, humains ou non, étaient reliés entre eux ? Si on formait un tout ? Il étaye sa théorie avec des données scientifiques. (Le paradoxe de Fermi par exemple) Au début du roman, Théo fait lire à Robin Des fleurs pour Algernon. Ce roman est un peu comme un fil rouge tout le long de la narration, c'est une très bonne idée de Powers car si on a lu Des fleurs pour Algernon, on sait comment va se terminer le roman de Powers, et cela crée une tension narrative. Un très bon roman donc, même si la traduction n'est pas toujours très heureuse.