La chambre des officiers : Le livre de Marc Dugain

" Je reprends mon chemin jusqu'au troisième occupant de la salle. Son profil est plat. Le projectile lui a soufflé le nez, lui laissant les sinus béants. L'absence de lèvre supérieure lui donne un rictus inquisiteur. Je comprends pourquoi notre salle se remplit si lentement, pourquoi nous sommes au dernier étage. Dans cette grande salle sans glaces, chacun d'entre nous devient le miroir des autres". Adrien raconte son histoire. Son histoire de gueule cassée, avant même d'avoir fait la guerre aux Boches. Son histoire d'amour avortée avec Clémence. La vie après la guerre et avec des blessures. La construction est lente, la reconstruction l'est d'autant plus, mais elle est possible, même pour une gueule cassée : surtout pour une gueule cassée.

Une merveilleuse trouvaille pour quelques centimes chez un bouquiniste et que je vais m'empresser de faire circuler pour que d'autres découvrent si besoin ce grand roman. Un magnifique bijou de justesse, de sobriété et de constats fatalistes pour ce livre qui aborde la douloureuse et tragique question (qui n'en est plus une désormais, oui oui, c'est une question passée) des gueules cassées. Marc Dugain, que j'avais découvert avec L'emprise et continué à lire avec La malédiction d'Edgar, a quand même un sacré talent pour pouvoir dire des choses sans en faire trop et sans jamais se cacher ni cacher la vérité de ce qu'il veut dire. Ce savant travail d'équilibriste qui ne déborde jamais sur le pathos et l'éventuelle répétition que provoque l'introspection a le mérite de sa clarté. Bref, c'est bouleversant et pourtant il n'a rien fait. A lire absolument.

Lu dans le cadre de ma première année de licence en histoire, La chambre des officiers de Marc Dugain fut une lecture plaisante malgré une deuxième partie de roman moins intriguante. Structuré comme une pièce de théâtre, j’ai particulièrement apprécié la première partie du roman. Ayant ressenti des émotions et un dégoût rares quant à la description des plaies et des blessures et surtout aux détails appliqués aux opérations de « chirurgies esthétiques », cette première partie nous tord les boyaux. Je me suis transposé aux souffrances, joies et peines vécues par ces camarades et, à de nombreuses reprises, je me suis demandé comment il était possible de ne pas se donner la mort en de pareilles circonstances… Ce qui m’a en revanche dérangé, c’est l’insistance sur les femmes : leur absence, leur présence, le désir qu’elles suscitent presque malgré elles… Cette répétition lasse rapidement. Le seul intérêt que j’y ai trouvé est de montrer comment les blessures physiques profondes bouleversent la vie intime et amoureuse de ces hommes.

Très bon livre qui nous parle de la vie d'Adrien, une "gueule cassée", vivant à l'hôpital Val-de-Grâce durant la première guerre mondiale. C'est un livre très facile à lire malgré le thème abordé même si quelques passages sont évidemment difficiles à lire (surtout à imaginer)