La Faucheuse - tome 1 : Le livre de Neal Shusterman

Je sortais d’une longue panne de lecture, et La Faucheuse a réussi à me raccrocher. C’est déjà un exploit. Dès le prologue, on est plongé dans l’action : pas de lente exposition, pas de 50 pages d’installation. Le roman commence tout de suite, avec un univers clair, une idée forte et une tension morale immédiate. Le concept est fascinant : un monde où la mort a été vaincue, et où des “Faucheurs” sont chargés de glaner des vies pour maintenir l’équilibre. Mais ce monde n’est pas viable économiquement ni psychologiquement. Shusterman bâtit un postulat purement philosophique — l’abolition de la mort — sans jamais en explorer les conséquences sociales, démographiques ou économiques. La société décrite ne pourrait pas fonctionner : sans rareté ni urgence, la plupart des gens cesseraient d’agir. C’est une idée puissante, mais traitée comme un décor moral plutôt qu’un système crédible. Malgré ces limites, l’intrigue reste solide. Le rythme fléchit légèrement à partir de la moitié — quelques longueurs, une mécanique un peu répétitive — mais la réflexion éthique et le contraste entre les Faucheurs (compassion, dérive, pouvoir) maintiennent l’intérêt. L’écriture, simple et directe, sert bien le propos : pas de fioritures, mais une efficacité qui permet de se concentrer sur les dilemmes. J’ai apprécié la tension morale, la structure claire et l’intelligence du concept, même si le monde manque de fondations concrètes. En somme : une lecture stimulante, imparfaite mais marquante. Et, personnellement, un retour en lecture réussi après une longue période d’immobilité — ce qui donne au livre une résonance particulière.

Je crois que je suis passée à côté. Et pourtant, je comprends parfaitement pourquoi "La Faucheuse" fascine autant. Le concept est brillant, d'une originalité saisissante. Ce monde sans mort (ou presque), où des êtres triés sur le volet portent la lourde charge de "faucher" les vivants... Tout, dans l'idée, m'intriguait profondément. Et d'ailleurs, le début m'a portée. Je l'ai ouvert avec envie, l'ai dévoré sur une centaine de pages, persuadée de tenir entre les mains un roman fort et marquant. Mais très vite, la flamme s'est éteinte. J'ai eu du mal à m'attacher - aux personnages, à leurs émotions, à l'intrigue elle-même. Tout me semblait distant, froid, presque clinique. Je voyais la profondeur du propos, cette dimension philosophique qui pousse à réfléchir sur la vie, la mort, le pouvoir... Mais je ne ressentais rien. Et peut-être que c'est là tout le paradoxe : le roman parle d'humanité, mais j'ai eu l'impression d'en être tenue à l'écart. Je n'ai pas été surprise non plus. J'avais deviné presque toutes les révélations avant qu'elles ne viennent, et cette absence de mystère a emplifié la sensation de platitude. Et puis, les cent dernières pages. Celles où tout bascule. Où les émotions reviennent, où l'histoire prend enfin une ampleur que j'attendais depuis le début. Ces pages-là m'ont raccrochée, émue, tenue en haleine. Assez pour que je referme le livre avec un sentiment plus doux que prévu. Alors oui, je reste mitigée. Mais pas déçue, pas vraiment. Juste... en marge. Comme si ce livre et moi, nous nous étions effleurés sans jamais nous rencontrer. Peut-être que ce n'était pas le bon moment. Ou peut-être qu'il ne m'était pas destiné. Mais je garde le souvenir d'une oeuvre brillante, forte, dérangeante. Et qui sait ? Peut-être qu'un jour, je reprendrai ma faux et je retournerai marcher entre la vie et la mort.

Un roman tres bien pensé, où l'idée d'un futur regenté par l'IA et la quête de l'immortalité trouvent leur comble. Rien n'est laissé au hasard, l'auteur a travaillé les moindres détails de son intrigue. Seul petit bémol pour ma part, je trouve que la psychologie des personnages est un peu simpliste. Mais les autres tomes me detromperont peut-être...

4,5stars. Everytime I was starting to find it predictible, it ended up with surprising and pleasant twists! I have to read the sequel!