L'Attrape-coeurs : Le livre de J.D. Salinger

En nous faisant entrer dans la tête de son personnage, Salinger rentre dans la nôtre. Il est de ces auteurs qui arrivent à chaque page à faire échos à notre vie. Holden Caufield restera comme une des meilleures rencontres que j’ai pu faire, bien qu’elle fut très courte. Je refuse d’en dire plus. C’est un livre dans lequel il faut se jeter sans se renseigner et le laisser nous touche ou non.

[masquer]J’ai lu le bouquin en anglais donc je ne commenterai pas la traduction en français. Ce que je peux dire, c’est que le livre est réellement rafraîchissant. Salinger nous confronte à un narrateur jeune, Holden, débordant d’énergie et cynique malgré lui, à cause d’un drame qui l’a touché trop tôt. Il refuse de grandir, parce que grandir, c’est souffrir - et préfère voir sa sœur jouer sur un carrousel car rien n’est plus stationnaire qu’un manège qui tourne en rond. Il s’oppose à tout : à ses camarades, à ses professeurs, aux filles hardies, aux filles timides, aux acteurs, aux comédiens,… le défaut qu’il déteste le plus : être un phony - aucune idée de comment c’est traduit, mais je dirais probablement d’être « faux ». Il souffre d’un manque flagrant de social awareness, mais on l’en excuse bien facilement, puisqu’on comprend qu’il a perdu son frère d’une leucémie, et il est également sous entendu qu’il a subi / assisté des scènes d’agression sexuelle ou de viol. [/masquer]

Haulden Caufield est un ado faisant partie de la bourgeoisie New Yorkaise. 3 jours avant Noël , il se fait exclure de son lycée. Il décide de fuguer pour partir en quête d'une liberté rêvée, en attendant d'avoir le courage d'affronter ses parents. Une histoire de jeune homme qui se cherche, complètement perdu, révolté, colérique, le tout ancré avec la peur. Un roman cru, qui nous emporte dans les tourments de cet adolescent qui semble brisé, tourmenté et qui, si il ne se laisse pas aider pourrait tomber, pire chuter.

Le seigle mal mûri de l’adolescence « Où vont les canards quand le lac est gelé ? » C’est l’une des interrogations du narrateur, le jeune et fragile Holden qui se lance dans une fugue à travers les rues de New-York et Central Park où il finit par toujours par revenir, sans pour autant parvenir à tourner définitivement la page de son adolescence. Renvoyé de son école, lassé de ses professeurs, de ses camarades de chambrée, de ses parents, il fait entendre sa voix brisée et se met à errer et à chercher à recontacter les quelques figures tendres ou dérisoires qui, pour une raison ou pour une autre, l’ont marqué et qui l’aident, chacune à sa façon, à démêler les fils compliqués de son adolescence et de son psychisme. Ses sentiments sont divisés et, à travers les rues sombres de la grande ville, il navigue entre désillusion, sarcasme, inquiétude et angoisse, obscurément tenaillé par cette chanson écrite à partir d’un poème de Robert Burns : « Si un cœur attrape un cœur venant à travers les seigles » (If a body meet a body coming through the rye ») Et justement, avant d’être cet « attrape-cœur » qui le hante et de devenir celui qui sauverait « les milliers de petits gosses » menaçant de tomber « du haut de la falaise », il faudrait que lui-même grandisse et mûrisse, comme le seigle qui cherche à attraper le bon vent.