Le chemin des larmes : Le livre de Christian Laborie

Ruben Lapierre vient d'une famille de paysans cévenols. A douze ans, son père lui offre un voyage en train, au cours duquel il rencontre Paulin Talabot, l'homme qui est à l'origine des chemins de fer français. Facsciné, Ruben rêve d'aventures, de grands espaces, de voyages. A vingt ans, contre l'avis de son père, il part s'engager sur le chantier du monstre de fer... Christian Laborie, à travers la vie de Ruben, retrace la construction de la ligne dans les Cévennes : le percement des tunnels, les rudes conditions de travail et de vie des ouvriers, le contexte politique de l'époque, ... Même si le style est par moment un peu grandiloquent, ce roman est intéressant et on passe un bon moment.

Vivant chichement, la famille cévenole recueille une indigente et son enfant la veille de Noël. Ruben prend la jeune Marie sous son aile protectrice comme un grand frère. Puis vient l'âge où l'enfance semble déjà loin, même si elle est encore toute proche. Et un jour, une rencontre l'aiguille vers la voie dont il a toujours rêvé pour lui qui rêve à d'autres horizons au risque de froisser le paternel ayant la terre chevillée au cœur et au corps. Ruben découvre le chemin de fer. Et à la fin du XIXème, c'est une révolution. Les voies de chemin de fer forment une toile d'araignée à travers le pays. Mais surtout elles sont au cœur de bien de combats. Le chemin de fer a-t-il rallié les citoyens ? Le chemin de fer a-t-il relié les peuples en raccourcissant les distances ? "Personne n'ignore que tu dévores la gazette de ton grand-père et tout ce que tu sais, tu le puises là-dedans." Ce récit nommé par certains de roman-terroir fleure bon les valeurs d'autrefois dans des contrées où la vie est dure. L'action se déroule du temps de mon arrière-grand-père où lui-même travaillait comme chauffeur au PLM. J'ignorais que ce récit relaterait la construction du chemin de fer car je l'ai choisi pour l'auteur. Et j'y apprends que forgeron pouvait être un métier recherché pour accéder à celui de mécanicien.

Le destin de Ruben est d’être paysan comme son père. Pourtant, depuis qu’il sait lire, le petit garçon dévore la gazette, en cachette. Il est passionné par les grandes inventions et par les innovations techniques. Les articles sur le chemin de fer lui procurent des rêves d’évasion et de voyages. Pour ses douze ans, son père lui offre un voyage en train. Il est émerveillé. Il rencontre alors Paulin Talbot, l’ingénieur qui a dirigé la construction de Nîmes-La Grand-Combe. Ruben n’oubliera jamais cette fabuleuse journée. Quelques mois plus tard, la famille, qui est protestante, recueille une petite fille catholique. Marie et Ruben sont élevés comme frère et sœur. Le jeune homme se déclare quand il comprend que ses sentiments sont de nature amoureuse. Hélas, Marie ne partage pas ses émois. Vivre sous le même toit devient difficile, aussi Ruben décide de partir. En 1864, il rejoint les chantiers de chemin de fer. Il a vingt ans. Travailleur, il est employé à différents postes et il participe à plusieurs étapes de la construction du rail. Il est fier de contribuer à ce projet d’avenir qui permet de relier les villes et les gens. Mais son plus grand rêve est de conduire un train. A travers les expériences de Ruben, nous découvrons le travail de ceux qui ont bâti ce que nous, nous avons toujours connu. Le travail est éreintant et dangereux. Hélas, certains perdent la vie. La sécurité n’est pas toujours respectée et la révolte commence à gronder. Christian Laborie décrit la solidarité qui unit les ouvriers. Tous les corps de métier ont le même objectif et sont animés par la même passion. Tous ont conscience qu’ils œuvrent pour l’avenir, que leur travail marquera l’Histoire. J’ai ressenti cette fierté et ce sentiment d’appartenir à une famille. Hélas, comme dans toutes les familles, il y a des rivalités, des jalousies et certaines nationalités sont prises pour cible. La division concerne, également, les convictions religieuses et politiques. Les opinions exprimées et défendues par chaque camp sont une photographie de la société, à la fin du XIXe siècle. Les oppositions entre catholiques et protestants provoquent des drames au sein du foyer de Ruben… Le Chemin des larmes retrace la construction du réseau ferroviaire, à travers le regard des hommes et des femmes, qui ont contribué à cette avancée et à la transformation des campagnes en les reliant aux villes. Christian Laborie rend hommage aux travailleurs manuels et aux ingénieurs. Il rappelle, également, les sacrifices, les injustices et les scandales au sujet de la sécurité. C’est passionnant. Enfin, j’ai, énormément, aimé les Lapierre. J’ai été touchée par leur bienveillance et leur générosité. Aussi, j’ai été émue par leurs joies et par leurs chagrins. Leur histoire apporte de l’authenticité au récit.

Le chemin des larmes de Christian Laborie est un bon roman sur la vie à la fin du 19ème siècle dans la campagne cévenole. On y suit la vie de la famille de Ruben et sont attrait, très vite, pour le chemin de fer. Il va quitter la vie familiale et paysanne pour travailler sur les chantiers de chemin de fer, avec ses amitiés, ses dangers et les révoltes de la vie d'ouvrier. C'est très bien écrit ça se lit facilement et ça m'a fait une pause au milieu de mes lectures de polars !