Les Bonheurs de Céline : Le livre de Christian Laborie

Ce roman est de ceux qui ne racontent pas seulement une vie, mais toute une mémoire qui respire entre les pages. 1974 - Céline, 75 ans, quitte son mas cévenol, ce lieu qui a vu grandir les siens, s’user les corps et vibrer les cœurs. Elle rejoint la maison de retraite « Les Heureux », malgré cette sensation de déracinement qui la serre à la gorge. Là, privée de ses gestes quotidiens, elle décide de préserver ce qui lui reste de plus précieux : ses souvenirs. En secret, sur un simple cahier d’écolier, elle écrit pour ne pas disparaître. Des décennies plus tard, ce cahier devient un livre. Sa voix et sa liberté sont intactes. Et Céline se raconte, sans ordre, sans fard, comme on pense à voix basse : Adrien, son grand amour. Les repas familiaux du dimanche qui sentaient la terre, le bois et l’amour. Les deux guerres qui ont marqué les corps autant que les silences. La maternité, les renoncements, ces femmes qui endurent sans jamais le dire. Et cette modernité qui débarque : le téléphone, la télévision — intrusion et miracle à la fois. Ce n’est pas un récit de nostalgie. C’est un chant de vie, un hommage pudique à ces femmes qui donnaient avant de demander, qui se sont construites sur la transmission, la dignité, la résistance silencieuse. Céline m’a bouleversée. Elle m’a rappelé une de mes mamies, de celles qui faisaient passer le bonheur des autres avant le leur, avec ce sens du devoir mêlé d’une douceur désarmante. De celles qu’on regrette avant même de les perdre. Un roman qui sent la terre, le linge séché au vent, le temps qui passe et l’amour qui reste. Une plume délicate, intemporelle, qui touche au cœur autant qu’elle apaise. Je remercie Virginie et la ME pour l’envoi de ce magnifique roman en #servicedepresse

Céline est née en 1900 et a toujours vécu à Saint-Paul dans le mas où elle est née, dans les Cévennes. Suite à un problème cardiaque, sa fille décide de la mettre en maison de retraite à Montpellier. Pour meubler son temps dans cette minuscule chambre, cette mamie écrit dans un cahier d'écolier, ses souvenirs, ses bonheurs, ses peines afin de rester là-bas par la pensée. J'ai adoré ce récit où l'on côtoie la vraie vie.

La douceur de "Les bonheurs de Céline" m'a fait un bien fou de tendresse dans le cœur. Et quelle douceur qui me ramène à un temps si court si lointain auprès de ma Mamie. Céline, soixante-quinze ans, quitte son mas qu'elle n'a connu comme seul abri depuis son tout premier jour où le Mont-Aigoual était son phare. Pour soulager ses enfants, elle s'installe bon gré mal gré dans la Résidence des Heureux pour une vie en vase clos où elle regrette de ne ne plus pouvoir totalement agir à sa guise. Elle se met alors en quête du temps passé (perdu ?) pour laisser un témoignage et raconte dans un cahier d'écolier son enfance dans la campagne cévenole et un lien très fort se tisse avec sa petite-fille France. "J'avais grande envie de lui dire qu'on n'est bien que chez soi, et qu'une chambre meublée dans une maison de retraite, si confortable soit-elle, ne remplace pas le toit sous lequel on a vécu toute sa vie." La réalité d'une fin de vie pour des seniors valides (en réalité, le cœur de Céline est fatiguée par une vie de labeur) ... ou Céline met en avant son besoin d'être aimée avant ses propres nécessités pour lesquelles elle n'avait jamais eu besoin de personne. À partir du moment où sa fille Catherine l'amène dans ce lieu, Céline se sent comme vivre dans une chambre d'hôpital. C'est triste. Je compatis pour cette paysanne qu'on arrache à sa terre dans les années 1970 (et ce récit peut se dérouler à de nombreuses époques). Puis Céline nous dévoile peu a peu ses souvenirs. J'ai une pensée affectueuse pour Marcel, mon grand-père qui a tant souffert en raison des Guerres. Je referme ce beau récit. Christian Laborie conte si bien ces chères Cévennes, région qu'il aime tant.