Le Loup des Cordeliers : Le livre de Henri Loevenbruck

Quand on veut toucher du doigt l'histoire en marche en ce mois de mai 1789, c'est à Paris qu'il faut se trouver. Cela, Gabriel Joly et Anne-Josèphe Terwagne l'ont bien compris. Espérant embrasser une carrière de journaliste, sur fond de révolte populaire, le jeune Gabriel se passionne pour un mystérieux justicier et son loup noir qui sème la peur avec le fil de son sabre. de mai à juillet, entre le Procope et les souterrains parisiens, de la Bastille à Versailles... se joue l'avenir des français et du Loup des Cordeliers. Henri Loevenbruck nous fait vivre les semaines qui ont précédé la prise de la Bastille essentiellement du côté des représentants du peuple en nous plaçant à la table de Danton, Mirabeau et les autres. Annonçant dès l'entrée qu'il a doté Anne-Josèphe Terwagne d'un destin plus romanesque que la réalité, l'auteur nous propose un roman très bien documenté et a fait le choix de passer par la porte moyenne de l'Histoire, celle empruntée par ceux qui ont laissé leur trace dans les livres tout en n'étant pas vraiment à la manette. L'enquête policière menée par le personnage principal, ce Gabriel Joly qu'on voit grandir en quelques semaines, sert surtout de prétexte pour sortir des considérations politico-politiiques de la Révolution. Ce qui donne un roman bien dosé entre réalité historique pour poser le cadre et fiction pour sillonner Paris et ses alentours. L'auteur balaie large puisque le lecteur pourra pénétrer dans les appartements de Louis XVI et Marie-Antoinette, explorer les souterrains de la ville, assister à une séance de la toute neuve Assemblé Nationale et visiter les cellules de la Bastille. Ce qui donne un roman foisonnant dans lequel on ne se perd pourtant pas. Les chapitres ne sont pas trop longs, chaque détail (et ils sont nombreux) sert l'intrigue d'une manière ou d'une autre et on se prend au jeu des déductions pour tenter de démasquer le Loup. Henri Loevenbruck démontre encore une fois, s'il en était besoin, être un auteur éclectique qui se renouvelle sans cesse tout en étant toujours très pointilleux pour fabriquer des ambiances très immersives.

Un jeune journaliste mène l'enquête. Il se retrouve au coeur de l'action avec le serment du jeu de paume, la prise de la Bastille. L'auteur nous fait un bon résumé historique de l'époque en ne nous épargnant pas les massacres. Il mène aussi une enquête sur un redresseur de torts qui se promène la nuit avec un loup. C'est enlevé, précis, et... il va falloir lire le tome 2 !

A la manière d'un Eric Fouassier, cet auteur qui a écrit un chef d’œuvre intitulé "J'irai tuer pour vous", nous fait vivre une enquête policière à l'aube de la révolution française. Les références historiques sont très précises et ont dû demander un travail de recherche considérable. C'est très réussi et j'entame illico le deuxième tome. Le seul bémol de ma part - mon épouse pense le contraire ... - tient à ce que la partie historique est un peu trop importante par rapport à l'intrigue criminelle principale. Cependant il y a de nombreuses intrigues politiques qui compensent ce petit déséquilibre.

C'est un excellent roman historique avec une certaine dose de polar et de mystère. Un voyage extraordinaire dans le temps qui nous plonge en pleine révolution française de 1789. On assiste, comme si on y était, au serment du Jeu de paume et à la prise de la Bastille. On découvre la naissance de l'Assemblée nationale, et de la déclaration des droits de l'homme, mais aussi les revendications féminines. D'excellentes réflexions et analyses sur les différents enjeux politiques et sur les prétextes à ce soulèvement populaire. Henri Loevenbruck nous emmène merveilleusement dans cette société de la fin du 18e avec les prémices de ce changement et du déclin de la monarchie. L'auteur a un excellent coup de plume pour nous entraîner dans ce récit aussi addictif que instructif, et sans nous lasser. Chaque chapitre est une découverte soit historique soit des lieux et architectures parisiens ou versaillais. La plume est fluide et sait maintenir un certain suspense en alternant les chapitres entre Histoire et enquête. On retrouve les grands personnages de l'époque mais il y a aussi ceux créés pour le récit. Ils ont tous un côté attachant, même le pirate ! J'ai adoré Anne Josèphe, tellement investie dans cette révolte que je la voyais en Marianne du tableau de Delacroix "La Liberté guidant le peuple". Quant à Gabriel on l'imagine bien 2 siècles plus tard sous les traits de Poirot. J'avais deviné l'identité du loup avant Gabriel mais l'auteur referme ce livre avant que je ne puisse connaître ses motifs. Ils me faut donc sortir au plus vite "Le mystère de la main rouge" de ma PAL.