Les Disparus de Blackmore : Le livre de Henri Loevenbruck

Ah c’était bien agréable de retrouver ce type d’histoire qui apparait un peu désuet lorsque l’on lit des histoires de science-fiction parues récemment. Je suis retournée quelques années en arrière, lorsque ma bibliothèque contenait principalement ce type de livres délicieusement mystérieux écrits par des auteurs quasiment tous disparus, Howard Philipps Lovecraft, Clifford D Simak Catherine L Moore . Mais bien évidemment ce livre est principalement un policier, avec deux enquêteurs hauts en couleurs - même s’ils sont légèrement stéréotypés - qui pour des raisons diverses, sont venus sur cette ile perdue et s’attèlent ensemble à la résolution de ces surprenantes disparitions. L’enquête est à la fois physique et intellectuelle, et suit un rythme croissant. A peine démarré, tout de suite continué et terminé dans la foulée ! J’ai passé un bon moment avec ce roman, grâce entre autres aux échanges savoureux des protagonistes principaux, au fil d’une histoire sans temps mort.

Attiré par la couverture, comme bien souvent, permettant de se plonger directement dans l'ambiance du roman, j'ai passé un moment de lecture très agréable sur cette île et ses secrets. L'aventure se déroule en 1920, ce qui nous permet de voyager dans le temps, magie de l'écriture et de la fiction. Agréable à suivre donc, notamment grâce à nos 2 personnages principaux et leurs légèretés, ils n’arrêteront pas de se lancer des piques tout au long de l'aventure, ne prenez donc pas ce qu'ils disent entre eux au premier degré sinon vous penserez qu'ils sont désagréables, partez du principe de : qui aime bien, châtie bien! J'ai été surpris par les événements du dénouement (en bien...), difficile de ne pas spoiler, mais pour faire simple : un peu de légèreté fait du bien dans ce monde de brutes!

Une agréable découverte. Je ne suis pas férue de polars, j'ai du mal à m'intéresser au processus d'une enquête, mais pour une fois j'ai trouvé le duo d'enquêteurs vraiment sympathiques, et bonus : les accents lovecraftiens que prend le récit ont aiguisé ma curiosité. J'ai bien aimé aussi avoir le sentiment que l'auteur savait de quoi il parlait, s'était documenté sur les années 20, sur la mécanique des "motocyclettes" de l'entre-deux guerres... plein de détails qui donnent son épaisseur au récit et rendent l'ensemble crédible et foisonnant. J'ai relevé quelques tics de langage qui m'ont agacée par leurs répétitions, entre autres "des plus" (un incident des plus mystérieux / une voiture des plus rapides / un dialecte des plus anciens...) et "lors". (lors, la détective ralentit / lors, monsieur machin cessa de répondre). J'ai passé un bon moment !

La couverture attire l'oeil avec les deux personnages principaux et le phare en fond d'image. C'est une ambiance et une période que j'apprécie de trouver dans un policier. Une île, lieu assez fermé, avec son histoire et sa population qui vit centrée sur elle même avec peu de sang neuf pour éviter la consanguinité et ses effets délétères. Les personnages représentent bien les divers statuts et la place des uns et des autres selon leur naissance et leurs richesses. Les bâtiments, encore debout ou en ruine, sont implantés dans un petit bourg ou plus à l'écart selon leur usage. Au fil de l'enquête, on en apprend beaucoup sur les Celtes, des dieux, des demi dieux et toute un tas de mythes plus sanglants les uns que les autres. C'est assez classique, mais les personnalités de la criminologue et du détective donnent un bon rythme à leurs diverses péripéties. Il y a un bibliotaphe, rempli de livres aux titres alambiqués, des souterrains bien mystérieux, sans oublier le sanatorium/asile d'aliénés incontournable dans ce genre de récit. Et, bien sûr, cela se situe à la fin octobre, au moment d'Halloween.