Le pays où les rêves prennent vie - tome 2 1926-1946 : Le livre de Olivier Cojan

Après avoir laissé les familles Franquin et Callac en 1919, essayant de se reconstruire à la fin de la Première Guerre mondiale et de faire le deuil de leurs morts, le deuxième tome de la saga d'Olivier Cojan les retrouve en 1926. Les enfants ont grandi, les adultes ont vieilli et la Blaize continue de couler paisiblement à Saulnières. Malgré les nombreux motifs, aussi bien sociétaux que politiques, pouvant opposer Hubert Franquin et Joseph Callac, leur amitié, liée dans leur enfance, a résisté aux événements, devenant indestructible. Les garnements sont devenus des hommes dans la force de l'âge. Pensant à leurs rêves communs de jeunesse, ils entrent dans le temps de la désillusion. Chaque membre de leurs deux familles, impliqué de diverses façons dans la vie sociale et politique, permet de vivre de l'intérieur les bouleversements de l'époque. Abordant la période trouble de la situation politique, la naissance du Front Populaire par union de la gauche, les grèves, le mécontentement social, l'auteur insuffle de la vie à cette page d'histoire, aux axes étrangement similaires à ceux d'aujourd'hui. Le prolétariat est heureux de voir enfin les lignes bouger, espérant une nouvelle politique, plus sociale, afin d'améliorer leurs conditions de vie et de travail. Le patronat est inquiet pour ses intérêts personnels face à la montée du communisme avec l'exemple de la puissante et menaçante URSS, dans laquelle la "purge" va bon train, Staline décimant tous ses opposants ou supposés comme tels. En réaction, un certain nombre de Français tombent dans l'extrême conservatisme radical et revendiquent leur racisme, leur antisémitisme et leur nationalisme. L'armée française, empêtrée dans l'affrontement communistes-anarchistes-conservateurs, n'a pas un comportement très clair ni très digne lors de la guerre civile espagnole, opposant les Nationalistes aux Républicains. Les uns poussent Franco à prendre le pouvoir, les autres veulent préserver la démocratie de la république. La deuxième période de 1940 à 1946 aborde la Seconde Guerre mondiale et son lot d'horreurs. D'abord, l'espoir, la combativité et la confiance mise dans l'armée, la persuasion que les erreurs, vieilles de 25 ans, ne vont pas se reproduire ; puis viennent la sidération, le désespoir et la peur qui jettent les Français hébétés et désorientés sur les routes dans l'Exode. La grande vague de migrants fuyant le conflit et l'occupant est quasiment oubliée aujourd'hui, pourtant... Le héros de la Grande Guerre, le maréchal Pétain, est rappelé au pouvoir. Les Français ont confiance, néanmoins beaucoup doutent. Ils se rebellent contre les directives du vieux chef fantoche et pétochard qui demande de se coucher devant l'assaillant. Les deux familles phare sont emportées par le tourbillon de la folie nazie et leurs membres les plus combatifs s'engagent dans la guerre de l'ombre, contre les volontés de "l'État croupion du maréchal gaga", du côté d'un militaire militant inconnu, De Gaulle. Depuis le tome précédent, les différentes personnalités sont apparues avec tant de netteté et de divergence que l'orientation de chacune d'entre elles est prévisible entre la collaboration, la résistance et l'attentisme. La liesse provoquée par la libération ne fait pas oublier l'angoisse de l'avenir dans un pays dont il faut reconstruire les fondations, l'inquiétude face à l'absence des disparus dont on ne sait s'ils vont réapparaître, la stupéfaction devant les revenants taiseux, conscients d'émerger de l'enfer, la culpabilité du syndrome du survivant, les violences de l'épuration, toutes les émotions humaines sur fond de tractations politiciennes, entre l'Est et l'Ouest pour s'attribuer la direction des territoires libérés. Cet opus se termine sur une France blessée, dans laquelle les cartes ont été rebattues. Les industriels exsangues ont perdu de leur superbe d'antan, les prolétaires ont prouvé leur courage et leur engagement. Franquin et Callac sont prêts à aider la nation à relever la tête avec Joseph et Hubert, les combattants de la première heure. D'autres, honteux, reconnaissent leurs erreurs, et surtout la nouvelle génération de ses deux familles étroitement liées l'une à l'autre depuis plusieurs générations, a l'enthousiasme de la jeunesse pour relever le défi de l'avenir du pays, et moi, celui de les suivre dans leur dernière tranche de vie de 1947 à 1989 dans "Le pays où les rêves existent".