Le Père Goriot : Le livre de Honoré de Balzac

Numérique

12-21

0 personnes ont réagi

Tous les chemins de la Comédie humaine partent du Père Goriot et de la sinistre pension Vauquer. La grande saga de l'Occident dont rêve Balzac commence par le martyre d'un père éperdu d'amour pour ses deux filles qui le bafouent, le torturent et le ruinent. Témoins de cette tragédie, le jeune Rastignac, qui va défier Paris, et le fabuleux Vautrin, ancien forçat, que l'on recroisera ultérieurement dans d'autres œuvres.
Un galérien des Lettres criblé de dettes imagine et crée sous nos yeux une fresque éternelle avec une puissance de visionnaire. Mystère du génie car personne, depuis, n'a réussi à démoder Balzac.

De (auteur) : Honoré de Balzac
Préface de : Gérard Gengembre

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

Jusol

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 jours

Le Père Goriot voit les débuts d'une des figures les plus connues de notre littérature, Rastignac. Devenu une antonomase, on y découvre son apprentissage des difficiles lois du monde qui feront de ce garçon naïf et empreint de vertu, une figure de l'ambitieux sans scrupule, symbole d'un système qui broie les consciences, enterre les sentiments naturels au profit des chemins les plus courts vers la fortune, seule valeur encore capable d'élever les hommes. L'histoire débute à la pension Vauquer, sordide maison où vivent des misérables. Nous y retrouvons Rastignac, jeune étudiant en droit, dont le nom ouvrira certaines portes que sa petite fortune fermera bien vite ; un dénommé Vautrin, personnage mystérieux, jovial et grossier ; Jean-Joachim Goriot, dit le Père Goriot, ancien vermicellier ayant fait fortune pendant la Révolution, désormais ruiné et souffre-douleur attitré de la pension. C'est à l'occasion d'un bal donné par sa cousine éloignée, Madame de Bauséant, la fameuse Femme abandonnée, que Rastignac aura un avant-goût de ces soirées mondaines, pleines de belles personnes et qui fera naitre chez lui un profond désir d'appartenir à ce monde qui ne le quittera plus. Il y découvre la dureté de ses lois, la vanité et la félonie, la luxure et l'égoïsme, la difficulté d'y tenir son rang, sa duplicité intrinsèque. Mais l'opposition complète entre sa vie quotidienne et ce monde aux allures d'Olympe inatteignable ne peut que le charmer et faire naitre une profonde passion dans son âme juvénile. C'est l'avantage de la richesse, recouvrir ses ordures d'or, éblouir les âmes pour faire disparaitre ses tâches. Le Père Goriot est avant tout une histoire de filiation. Filiation entre Vautrin et Rastignac d'abord. le premier se révèle en vérité être Jacques Collin, criminel échappé du bagne et connu sous le nom de Trompe-la-Mort. Conscient des ambitions de Rastignac et de son potentiel, il lui offre un moyen de faire fortune rapidement : séduire la jeune Victorine, elle aussi pensionnaire, fille de Frédéric Taillefer, un banquier véreux qui l'a écartée de son généreux héritage pour tout offrir à son fils. Mettre à l'ombre ce dernier, c'est faire de Victorine la seule héritière légitime de Taillefer et faire de Rastignac un homme riche. Cette relation est l'occasion pour l'auteur de mettre à jour le caractère révolté et cynique de ce Vautrin, dont le rôle dans l'apprentissage de Rastignac est essentiel : « Si vous voulez promptement la fortune, il faut être déjà riche ou le paraître. Pour s'enrichir, il s'agit de jouer de grands coups, autrement on carotte… Tirez-en vos conclusions. Voilà la vie telle qu'elle est. Ce n'est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant et il faut se salir les mains si l'on veut fricoter ; sachez seulement vous bien débarbouiller : là est toute la morale de notre époque. » Cette proposition est insupportable à Rastignac mais le trouble et se couple à une deuxième filiation non moins importante. La cousine de Rastignac, la vicomtesse de Bauséant offre également à ce dernier un apprentissage capital. Elle connait les dures lois du monde, elle-même amante du marquis d'Adjuda-Pinto, elle se sait au bord du gouffre quand celui-ci, pour un mariage fortuné, s'apprête à la quitter sous les regards cruels de ses « amies ». En héritage, elle offre à Rastignac les clés de cet univers sans merci. Louvoyer, séduire une femme riche, connaitre les secrets et les faiblesses de chacun : « Cher cousin, traitez ce monde comme il mérite de l'être. Vous voulez parvenir, je vous aiderai. Delphine de Nucingen est très jalouse de sa soeur. Elle serait prête à tout pour entrer dans mon salon. Je vous permets de la séduire en utilisant mon nom. Mais restez honnête et ne faites rien de compromettant ». Voilà les deux voies qui s'offrent à Rastignac, celle du crime et celle de la flagornerie, celle du sang et celle du mensonge. La troisième filiation est évidemment la plus centrale, c'est celle du fameux Père Goriot et de ses filles Delphine, mariée au riche banquier de Nucingen et Anastasie, mariée au comte de Restaud et amante de Maxime de Trailles. Goriot fait preuve d'un amour illimité pour ses filles. Riche, il leur donne tout et leur offre un mariage qu'elles n'auraient pu espérer. Seulement, la richesse acquise par Goriot pendant la Révolution n'est plus au goût du jour sous la Restauration, et ce dernier est presque renié par ses filles sous ordre de leur mari respectif, par peur que la réputation du père ne ternisse leur image. Reclus dans la sombre pension Vauquer, il vit par procuration le bonheur de ses filles et leur excuse tout. Cette figure est à double tranchant pour Rastignac, elle lui offre l'image quasi christique d'un père que Balzac voulait comme « la peinture d'un sentiment si grand que rien ne l'épuise, ni les froissements, ni les blessures, ni l'injustice ; un homme qui est père, comme un saint, un martyr est chrétien », tout autant qu'elle lui signale que dans un monde sans scrupule, la foi et les sentiments sont le chemin le plus court vers la ruine et le malheur. Alors que l'amour entre Delphine et Rastignac semble s'épanouir au grand bonheur de Goriot qui aime celui qu'il considère désormais comme un fils, tout s'écroule. Delphine est ruinée par son mari qui a spéculé sa dot, Anastasie est ruiné par son amant de qui elle a payé les dettes. le père, voyant tous ses sacrifices réduits à néant par des filles inconséquentes s'effondrent. Alors qu'il se meurt, il les attend désespérément mais elles ne viendront pas. La première se repose après son bal, la seconde est en vive discussion avec son mari. Seul Rastignac assiste à l'agonie du père accompagné d'un domestique de la maison Vauquer et qui, après avoir maudit ses filles, les bénit une dernière fois avant de rendre l'âme. C'est Eugène qui paiera l'enterrement auquel seules les voitures armoriées et vides des filles Goriot assisteront. Rastignac passe alors du côté des habiles, des calculateurs. La mort de Goriot sonne comme la fin de ses idéaux, l'étouffement de sa morale naturelle, tuée par le monde. Véritable héros du roman, Goriot symbolise à la fois la sacralité du sentiment paternelle tout autant que l'inadaptation à un monde social dont il ne veut ou ne peut reconnaitre les lois. Paris ici encore est peint comme l'univers impitoyable où s'entrechoquent les passions et les intérêts, où l'argent nie toute valeur puisque pour lui tout se vaut, un bal et l'amour d'un père, la vie d'un homme et un riche mariage. Ce nihilisme ambiant finira par emporter Rastignac qui, contemplant Paris du haut du Père-Lachaise, hurlera comme signe de sa transformation et Deus Vult ! personnel : « À nous deux maintenant ! »

Signaler

Chaaman

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 semaines

J'ai pris curieusement beaucoup de plaisir à lire ce livre où l'intrigue reste cantonnée à quelques lieux. Tous les personnages développés par l'auteur comme le père Goriot, Eugène ou Vautrin sont pertinents et apportent une vision éclairée du monde parisien de ces années. D'ailleurs, cette vision me semble encore pertinente sur certains points avec le Paris d'aujourd'hui. J'ai également apprécié le fait de ne pas crouler sous les descriptions et autres passages longuets. Ce ne sera sans doute pas le meilleur livre de votre vie mais c'est un classique intéressant.

Lishbks

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

«Vous qui tenez ce livre d'une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va m'amuser. Après avoir lu les secrètes infortunes du Père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettent votre insensibilité sur le compte de l'auteur, en le taxant d'exagération, en l'accusant de poésie. Ah ! Sachez-le : ce drame n'est ni une fiction, ni un roman. All is true.» C'est ainsi que Balzac nous introduit son histoire avant de nous amener rue Neuve-Sainte-Geneviève à Paris et de nous faire passer le pas de porte de la Maison Vauquer. Certains devront prendre leur mal en patience, d'autres celui d'admirer la longue description de la pension qui s'en suit. Nous y sommes, de la vaisselle à la poussière, mais surtout avec les habitants et la propriétaire Madame Vauquer qui permet à tout ce petit monde de se loger et de se restaurer modestement. Parmis eux, émerge particulièrement le jeune Eugène Rastignac. Monté de sa province pour faire des études, portant les espoirs de sa famille qui n'hésite pas à se saigner pour lui, il porte, chevillées au corps, son ambition de faire partie du beau monde et sa naïveté face à son fonctionnement. Alors que Tony Montana nous expliquait dans "Scarface" que pour avoir les femmes, il fallait d'abord conquérir le pouvoir, notre Rastignac reçoit et de sa cousine Mme de Bauséant et de son voisin Vautrin, l'enseignement inverse : le cœur d'une femme bien choisie serait la porte idéale vers l'argent et l'ascension sociale. Comme en miroir de son arrivisme, il découvrira dans l'ascétisme d'un autre voisin (le fameux père Goriot) et l'opulence de ses filles, le prix à payer pour ce jeu des apparences. Derrière les frou-frou des jolies robes, Balzac nous a en fait invités au bal des aveugles. Les yeux brûlés par l'argent, l'amour, ou le besoin de reconnaissance, autour des personnages emblématiques que sont Rastignac et Goriot, c'est de toute une galerie de portraits ciselés dont on dissèque l'âme jusque dans ses tréfonds.

Signaler

joriscm

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Un superbe résumé des ambitions et des mesquineries humaines, de l'Amour et de l'Égoïsme, une histoire facile à suivre, et un plaisir de lecture. Balzac introduit ici des personnages auxquels on s'attache. Une excellente introduction à son oeuvre/univers !

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782823873412
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Honoré de Balzac

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

3,99 € Numérique