Le Tour du monde en 80 jours - Une oeuvre une voix : Le livre de Jules Verne, Amélie Berthou-Sergeant

Petite fille, je l'avais lu dans une édition abrégée de la bibliothèque verte. Je m'étais ennuyée. Et puis, je l'ai relu à haute voix à mes enfants: ils aimaient le rituel de la lecture du soir, mais ce n'est pas le roman qu'ils ont préféré, loin s'en faut. Moi non plus. Et je le relis encore, pour des raisons plus professionnelles cette fois: décidément, l'impression persistante de pesanteur, de listes interminables, de détails inutiles domine. C'est qu'il en fallait des pages pour honorer le contrat avec le grand Hetzel! Ni roman, ni reportage, ni manuel de géographie, mais un peu tout cela: une intrigue improbable qui devient le prétexte à des digressions technologiques ou scientifiques, il ne manque que la bibliographie ou une revue des sources pour en faire un manuel scolaire. Curieusement, les discours de Jules Verne conseiller municipal me paraissent plus vivants que ce roman, au succès indéniable. Et je l'avoue, je préfère les produits dérivés, du tour du monde luxueux en dix mois avec escales à l'extravagant papier peint... Il reste un voyage imaginaire, et surtout, la formidable scène finale. Si vous vous ennuyez à la lecture, allez au dernier au chapitre!

Le Tour du monde en 80 jours est d'abord la mise en avant d'un personnage charismatique : Phileas Fogg. Flegmatique, pragmatique, toujours posé et réfléchi, le gentleman dégage l'aura des grands personnages de roman. Mais son mutisme n'a d'égal que l'expansivité de son valet Passepartout, élément qui lui causera beaucoup de souci. D'autres personnages viendront se greffer temporairement (ou du moins en cours de route) à l'aventure comme l'inspecteur Fix ou la jeune indienne sauvée du bûcher. Le récit est efficace, simple, plein d'humour et de surprise (jusqu'à la fin). Le dénouement réserve même une belle séquence émotion avec une confession émouvante, quoique sobre et épurée comme toujours avec Fogg, du gentleman sur sa solitude. Il est dommage que le tout soit quand même assez convenu et que le récit balance entre le roman et la nouvelle. En effet certains passages sont relatés rapidement, manquent de détails (comme la délivrance de Passepartout, otage des indiens) à tel point que Jules Verne ait semblé faire montre de paresse, ou n'ai point jugé essentiel d'étoffer son récit. Ce manque de densité fait que l'on ne s'attache pas plus que ça aux périples de cette bande de voyageurs dont le capital sympathie de départ était pourtant très élevé. Pourtant le titre annonçait un périple intéressant mais le tout se révèle un poil court, rapide mais heureusement bien mené.

Une pensée m’est venue instinctivement au fil de la lecture, j’ai trouvé ce livre quelque peu « enfantin » et je comprends qu’il peut être une porte d’accès de l’univers riche de JV. Cependant ce n’est pas le meilleur opus, car on est dans le registre de la comédie. Et en cela c’est réussi. Car les péripéties nous amusent. Personnellement j’ai toujours adoré cette dernière traversée « je vous prie de me vendre votre bateau, car je vais être obligé de le brûler ». C’est totalement fantasque, spirituel et plein d’humour « Je viens d’apprendre que nous pouvions faire le tour du monde en 79 jours !!!!!! » En tant que lecteur passionné, je préfère donc les opus plus dramatiques, plus passionnés. Mais ici on a quand même tout ce qu’il nous faut pour s’extasier d’une course totalement échevelée.

Phileas Fogg, flegmatique anglais, n'est pas un homme à bouleverser ses habitudes. Sa vie est réglée comme du papier à musique. Ce qui convient très bien à son nouveau domestique, Passepartout, un français ayant roulé sa bosse un peu partout en Europe et ravi enfin de poser ses bagages. Mais quelle ne fût pas sa surprise lorsque le jour même de son embauche, son maître rentre beaucoup plus tôt de son club de gentlemen et lui demande de préparer des bagages : Suite à un pari avec plusieurs membres du Reform's Club ils partent le soir-même pour faire le tour de monde en 80 jour maximum. Phileas Fogg et son loyal domestique vont ainsi traverser 3 continents et 2 océans, braver les intempéries et les obstacles, poursuivis par l'inspecteur Fix, persuadé que le gentleman anglais est l'auteur du vol commis à la banque de Londres quelques jours avant son départ. Lu pendant mes années collèges, j'avais quelques maigres souvenirs de ce monument de la littérature française. Et je me rappelle également que sa lecture ne m'avais pas déplu. C'est donc avec un plaisir renouvelé que je me suis replongée dans les aventures de Phileas Fogg et de Passepartout. Et je suis épatée par tous les détails techniques (surtout sur les différents moyens de transports utilisés) et géographiques que Jules Verne livre dans ce livre écrit à la fin du 19ème siècle. Alors j'avoue avoir sauté quelques passages justement trop techniques pour mon pauvre cerveau, mais j'ai savouré chaque description des lieux visités par nos globe-trotteurs. J'avais l'impression d'y être. Je ne regrette d'avoir relu cette oeuvre de Jules Verne seule que j'ai jamais lu d'ailleurs. Je ne manquerai pas de lire d'autres titres connus tels que 5 semaines en ballon ou 20 000 lieux sous les mers qui m'ont toujours attirés sans que j'ose me lancer.