Les Heures indociles : Le livre de Éric Marchal

Le prolifique écrivain français Eric Marchal , que l'on compare habituellement au britannique Ken Follet, a choisi dans ce roman de faire revivre une époque, le début du 20è siècle et chacun des trois personnages principaux illustre cette période historique en Grande Bretagne. En premier lieu le combat des suffragettes avec Olympe est amplement documenté, qu'il s'agisse des actions pacifiques ou violentes, des conditions épouvantables de la détention de ces femmes qui revendiquaient en vain le statut de détenues politiques, du rejet sociétal dont elles ont fait l'objet même de la part des autres femmes. En second lieu, les avancées de la médecine (n'oublions pas que l'auteur a une formation de pharmacien )à travers Thomas ,médecin talentueux au diagnostic infaillible (un Docteur House avant l'heure ?) qui s'est formé dans son pays de naissance à l'acuponcture et à la médecine chinoise ce qui lui permet de mieux venir en aide à ses patients qui forment un bel éventail social , du roi d'Angleterre aux pauvres de l'East End sans oublier les malfrats londoniens. Enfin en troisième lieu ,l'humour britannique qui résiste à tout en la personne de Vere Cole dandy aristocrate qui ne vit que pour organiser des canulars plus réussis les uns que les autres. Ces trois personnages sympathisent et vivent au fil du roman des aventures échevelées qui se succèdent sans temps morts. Certes on ne s'ennuie pas et les 850 pages du roman en format poche passent comme une lettre à la poste. L'amour n'est pas absent bien entendu et les plus sentimentales des lectrices y trouveront leur compte. Toutefois passer de l'un à l'autre des univers centrés sur chacun des personnages, donne parfois une impression de dispersion et de manque de cohérence dans la trame narrative, trop ambitieuse pour se centrer sur un point qui aurait pu structurer tout le roman. J'ai apprécié le soin apporté à la description de la vie quotidienne dans le Londres du début de siècle. J'ai moins apprécié certaines "ficelles " qui m'ont paru bien grosses, notamment le caractère rigide d'Olympe qui se refuse à toute faiblesse ce qui fait que son personnage perd toute l'ambiguïté qui l'aurait rendue attachante, mais aussi les succès inespérés des opérations de Thomas et la récupération ultra rapide de ses patients ( mais quel optimisme !). On est clairement dans le grand roman populaire à thème médical (à une époque lointaine Slaughter excellait dans cette veine ...) qui est sauvé par l'ironie de Vere Cole et son anticonformisme viscéral. Voici une lecture d'été sans prise de tête qui distraira ses lecteurs par temps de canicule.

Une plongée réussie dans l’Angleterre victorienne du début du XXè siècle avec ce roman d’Eric Marchal. Des héros cabossés attachants, des rebondissements en pagaille et une atmosphère so British: nous voilà transportés des demeures luxueuses aux rues crasseuses de l’East end. L’auteur réussit à mêler les petites histoire à la grande avec une plume parfaite. Un roman historique très plaisant que je recommande.

J'ai beaucoup aimé ce livre ! "Incontrôlable". C’est bien le mot le plus approprié pour qualifier ce trio éclectique ! Et j’ajouterai « attachants ». J’ai eu un gros coup de coeur pour le personnage de Thomas et son histoire. Mais aussi pour le duo qu’il forme avec Olympe. J'ai accroché très rapidement avec le style très riche d’Eric Marchal, et le rythme de l’histoire qui ne souffre pas de longueur alors qu’il jongle entre trois personnages principaux différents. Et bien sûr, j'ai adoré la description de cette aristocratie coincée dans son temps, bousculée par la révolution industrielle et le vent de liberté qui soufflait en ce début du XXe s. Toutefois, il y a quelques points négatifs pour moi. Comme l’entêtement d’Olympe. Même si c’est qui fait son attrait principal, ce trait de caractère m’a agacé à plusieurs reprises. Le personnage de Horace de Veyre Cole est un autre point noir. Je n’ai absolument pas compris ce personnage. Peut-être est-il trop éloigné de moi ? Peut-être est-il trop excentrique pour moi ? Je ne sais pas. Mais cette excentricité était trop grande, et desservait parfois le récit.

On m'a vivement recommandé ce roman depuis quelques années et j'avoue avoir repoussé l'échéance devant l'ampleur de ces 853 pages. C'est avec grand enthousiasme que j'ai pu découvrir la plume d'Eric Marchal, une plume dynamique, experte en Histoire et en Médecine, une plume romantique et féministe. Nous suivons les aventures de la suffragette Olympe Lovell, du médecin Thomas Belamy et de l'aristocrate subversif Horace de Vere Cole, dans un décor londonien post-victorien bouillonnant, de 1908 à 1910. Des personnages riches et attachants, dont il est difficile de se séparer lorsqu'on ferme le livre. Un roman choral épais, mais qui ne perd jamais en dynamisme et en originalité. J'ai particulièrement apprécié les détails historiques, sociaux, médicaux et politiques de l'auteur; preuves de ses longues recherches, afin de documenter méticuleusement son écriture.