Les rois maudits T01 Le roi de fer : Le livre de Maurice Druon

Une histoire de jeu politique, trahison, secret, héritage et tout ce qui s’en suit mais dans le contexte du XIVeS français. Ce premier tome nous entraine sous l’ère de Philippe le bel, qui marquera également la fin des templier et la fameuse malédiction. J’ai trouvé ça très entraînant, bien écrit, on a envie d’en savoir plus sur les manigances menés par… à peu près tous les personnages !

Ce premier tome des Rois Maudits est une sorte d'introduction d'un siècle tout aussi maudit et horrible que les grands personnages qui le façonnent. Jacques de Molay, dernier grand maître de l'ordre Du Temple, est torturé puis brûlé vif sur l'île aux Juifs, à Paris en 1314. Alors que les flammes commencent à le dévorer il aurait lancé cette malédiction à ses bourreaux : le Pape Clément V, l'horrible Guillaume de Nogaret, Garde des Sceaux et le Roi Philippe IV dit Philippe le Bel. « Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races ! » (Historiquement parlant cette malédiction est contestée mais la légende a traversé les siècles sous différentes versions.) Parallèlement à cela, un scandale éclate parmi les membres de la famille royale. La Guerre de Cent ans et la fin des capétiens est en marche ! Ce premier volet m'a séduite car il y règne un souffle romanesque incroyable grâce à la plume de Maurice Druon qui nous permet de plonger pleinement dans ce siècle maudit à la façon d'un cinéaste. Je n'ai vu aucune des adaptations télévisées mais je comprends aisément que cela puisse inspirer des réalisateurs. Druon parvient à décrire de façon fluide et détaillée chaque scène en y insérant une dynamique constante, de l'émotion, des personnages denses - tout cela sans nous perdre. Les scènes sont parfois d'une grande densité voire d'une cruauté sans nom mais Maurice Druon nous entraîne ensuite ailleurs dans un mouvement perpétuel. On navigue entre la cour d'Angleterre et la France, parmi les puissants, les argentiers, ceux qui veulent se faire une place au soleil, les fourbes, les traitres, les courageux, les amoureux, les provinciaux… Le vocabulaire est précis et riche. Les intrigues s'enchaînent. On assiste à une chute de dominos dont les conséquences, j'imagine, font l'objet des volumes suivants.

Emportée, littéralement, littérairement, par ce "Roi de fer" qui constitue le premier opus des Rois Maudits. De l'action, de l'intrigue, des complots et de l'amour, mais aussi tantôt de la cruauté tantôt de la dignité chez ces personnages historiques hauts en couleur décrits si finement par la plume de Druon ! J'aime particulièrement les passages édifiants, où la morale succède à l'événement - à la manière des mémorialistes ou des fabulistes. Nous sommes en 1314, à la fin du règne de Philippe IV le Bel, au moment de l'affaire de la Tour de Nesles et du procès des Templiers. Chaque chapitre est une pépite descriptive et narrative, et ce Roi de fer la première pierre d'une cathédrale que je regrette de n'avoir pas visitée plus tôt...

C'est la deuxième fois que je lis l'œuvre de Maurice Druon et toujours avec un grand plaisir. Ce premier tome qui retrace la fin du règne de Philippe le Bel est passionnant. Le style d'écriture de l'auteur est très moderne. C'est la raison, j'imagine, qui fait le succès de cette œuvre encore aujourd'hui.