Les rois maudits T01 Le roi de fer : Le livre de Maurice Druon

Les rois maudits est une série mythique de sept tomes que j'avais commencé il y a de ça quelques années, sans jamais en venir au bout. Ayant conservé de très bons souvenirs de ma première lecture, c'est avec plaisir que je me suis replongé dans ce premier tome. Celui-ci permet de poser le cadre d'une intrigue qui s'étalera sur bien des décennies et qui provoquera la Guerre de 100 ans, apogée de la rivalité sanglante entre la perfide Albion et la fille aînée de l'Eglise. On y découvre les différentes familles, leurs relations et les jeux de pouvoirs qui se déroulent dans cette cour du règne tardif de Philippe le Bel. On retrouve tout ce qu'on attend d'un roman historique, nourri en cela par le style très avenant de Maurice Druon et son travail d'archives. La fin des Templiers et la malédiction prononcée par Jacques le Molay sont particulièrement saisissantes. Il est par ailleurs amusant de constater la division des conseillers du roi entre réaction (Charles de Valois) et progrès (Enguerrand de Marigny) qui permet de retranscrire la montée en puissance précoce d'une classe en devenir, la bourgeoisie, face à l'ordre féodal.

J'avais quatorze ans quand j'ai entendu à la télé la fameuse phrase de Jacques de Molay : "Pape Clément !... Chevalier Guillaume !.. Roi Philippe!... Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races!..." Je garde un formidable souvenir de ce feuilleton qu'on n'appelait pas encore une série, avec des acteurs magnifiques, tels que l'irremplaçable Jean Piat en Robert d'Artois. Ce n'est que 50 ans plus tard que j'entreprend a lecture de ce chef d'œuvre et je ne suis pas déçu : c'est passionnant. Maurice Druon a réussi l'exploit de romancer l'Histoire en la rendant accessible, de la même façon que Marcel Jullian et Claude Barma l'avaient fait en 1972. La France se passionnait pour les Rois Maudits, ce qui prouve s'il en était besoin que lorsqu'on propose de la culture au peuple, on s'aperçoit qu'il en est friand. Bernard Pivot lui aussi l'avait compris.

Un premier tome fascinant. Toutefois, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire avec une écriture parfois vétuste et quelques longueurs inutiles. De plus, j'ai lu ce livre sur un laps de temps assez long. Je lirai la suite d'une traite pour avoir un avis plus précis sur cette saga.

Autant le dire tout de suite : le bandeau qui précise que si on a aimé Game of Thrones, on va aimer les rois maudits, ce n’est pas très vendeur pour ce qui me concerne : ça m’a totalement rebuté. Passant au-delà de ça, j’ai tout de même commencé ma lecture, prête à affronter l’Histoire avec un grand H, avec des dialogues imaginés par Maurice Druon. Ce premier tome raconte la légende selon laquelle le chef des templiers aurait déclamé « Tous maudits, jusqu’à la treizième génération » lorsqu’il était sur le bûcher, à quelques minutes avant d’être brûlé vif. Cette malédiction visait 3 personnes : le roi Philippe le Bel, le Pape et le garde des sceaux et va les poursuivre. Entre intrigue amoureuse, complot, trahison, ou mensonges, les personnages du roman, qui ont donc réellement existé, sont hauts en couleurs. Dès les premières pages, j’étais plongé dans l’intrigue. L’auteur nous raconte des intrigues propres à plusieurs personnages (un arbre généalogique n’est pas de trop) de manière claire, si bien que ce n’est qu’en tournant les pages que l’on va découvrir comment vont se dépatouiller chacun d’eux de situations inextricables. J’ai adoré ma lecture. Mes cours d’histoire remontent à un temps que les moins de 20 ans ( et je n’accrochais pas trop à ces cours, et la période du XIVème siècle me semblait être un temps trop éloigné pour que je m’y intéresse vraiment. Je suis ravie d’avoir découvert ce premier tome et c’est avec un grand plaisir que je vais continuer cette saga. Une vraie bonne surprise.