Les rois maudits T05 La louve de France : Le livre de Maurice Druon

La louve en question est la reine Isabelle de France, fille de Philippe le Bel, épouse humiliée d'Edouard II d'Angleterre. Sans rien diminuer des malheurs qui continuent de s'abattre sur le royaume de France, notamment avec la disparition prématurée de Philippe le Long sans héritier, la mort de Mgr de Valois, l'histoire se déplace vers le destin de la reine Isabelle. On pourrait croire que la malédiction la poursuit, elle aussi, tant sont grands ses malheurs et sa misère en raison des frasques de son bougre de mari et de l'amant de ce dernier, Hugh le Despenser. Mais il y a un héros pour la reine, Roger Mortimer, ennemie intime du roi Edouard qui parvient à s'évader de la tour de Londres et à se réfugier en France où il va retrouver la reine, alors en voyage diplomatique dans le royaume de son pâlot de frère Charles IV (qui, lui non plus, n'aura pas d'héritier mâle pour lui succéder...) Les belles amours (publiques) entre Isabelle et Roger s'épanouissent sur le sol de France et vont apporter aux amants félicité, en dépit de la colère d'Edouard qui rameute toute la chrétienté pour exiger le retour de sa femme et de son fils, l'héritier. Rien n'y fait, pas même les ultimes trahisons ou intrigues de Mahaut qui aurait voulu se venger de celle qui a dénoncé ses filles, alors qu'elle-même vit publiquement l'adultère avec Mortimer. S'étant éloigné de la cour de France pour des raisons de sécurité, afin de gagner les terres du Hainaut, le couple, sur les conseils voilés de Messer Tolomei arrive à lever une petite armée qui leur assurera la reconquête. C'est bien là ce qui se produit ; Isabelle et Roger et leurs partisans retrouvent le sol anglais, aidés par les chevaliers français. La Reine et Mortimer peuvent, alors, donner libre cours à leur vengeance qui se révèle particulièrement cruelle, notamment pour Hugh le Despenser l'amant du roi. Quant au roi Edouard, en fuite, il sera retrouvé, malmené et finira, sur les instances de Mortimer, par être assassiné de manière horrible. En ce temps là, il n'y avait pas de pitié pour les sodomites. Le fils de la reine est couronné roi Edouard III, tout semble rentré dans l'ordre mais Mortimer le plus puissant baron du royaume est réellement dévoré d'ambition... et Isabelle est perplexe. Attendons la suite. Pat

Malgré le renouvellement des personnages et la focale placée sur la conquête de la couronne d'Angleterre par Edouard Fils, j'ai senti un peu de lassitude à quelques passages. Même si la lecture reste plaisante, il me semble que le récit commence à s'essouffler et on ne le suit pas avec la même frénésie qu'à ces débuts. Sans doute celui que j'ai le moins apprécié des cinq que j'ai pour l'instant lu. Espérons que le sixième tome, qui signera sans doute la fin d'un autre roi, saura raviver cette flamme.

La saga continue toujours aussi addictive. Et c'est de l'Histoire réelle ! On change un peu des habitudes ici puisqu'on n'est plus dans une suite chronologique immédiate. Le règne de Philippe le long (qui accédait au pouvoir à la fin du tome précédent) fait simplement l'objet d'un résumé de cette période et de ce qui s'y passa en Europe, une sorte de condensé rapide, pour passer immédiatement à son successeur, l'incapable Charles IV. Autre renouveau : après une première partie "française" on passe de l'autre côté de la Manche voir ce qui se passe chez les anglais, guère mieux lotis que nous avec leur souverain puisque Edouard II se révèle aussi lamentable que Charles IV. Mais l'histoire côté anglais est tout aussi passionnante à suivre, et de toute façon, tellement liée à la notre qu'elle nous concerne tout autant. Je recommande donc toujours cette lecture historique très accessible et passionnante.

Quelle étrange suite à ces rois maudits. La fin du règne de Philippe V est rapidement résumé dans le prologue. Ironie du sort, c'est à cause de sa « loi des mâles » que ses filles sont écartées du trône en faveur de son frère Charles IV. Qu'importe, la réelle personnalité qui gouverne la France reste le puissant comte de Valois. Changement de décors. Comme son nom l'indique, La Louve de France narre le destin de la fille de Philippe le Bel et reine d'Angleterre, Isabelle. Malheureuse reine, humiliée par son mari le roi Edouard II qui préfère la compagnie des hommes et ne s'en cache point. La lecture s'avère laborieuse au départ avec cette pléthore de nouveaux noms ainsi que l'exposition de la situation politique outre-manche. Le roi est en disgrâce, en conflit contre les barons et les évêques du royaume. Pour contrer la rébellion armée, il a enfermé et exécuté de nombreux nobles. L'un des prisonniers de la Tour de Londres, Roger Mortimer et baron de Wigmore se trouve au centre des conspirations et deviendra un personnage majeur de ce cinquième tome. De plus, des questions géopolitiques complexes sont traitées avec le duché d'Aquitaine lié à la couronne d'Angleterre, sans parler des gallois et des écossais. On ressent toujours l'influence glauque que cette série historique a apportée à l'auteur américain George RR Martin. L'atmosphère brumeuse au milieu des tours sombres, les coassements des corbeaux ainsi que des cachots où il ne vaut mieux ne pas s'endormir au risque de chuter... mais surtout la cruauté des hommes qui se manifeste dans les sentences des procès ou dans les meurtres. A cet égard, le déferlement de violence ainsi que la fin abrupte m'ont longuement perturbée et je crois avoir touché l'extrême limite de ce que je pouvais supporter : « Vraiment, une mort sans traces ; dans ce temps si inventif en matière d'assassinat, ils pouvaient s'enorgueillir d'avoir découvert là une parfaite méthode. »