À l'ombre de Winnicott : Le livre de Christian Niemiec, Ludovic Manchette

Bienvenue à Winnicott Hall ! Sussex, 1934. Un lieu enchanteur à première vue, berceau de nombreux écrivains et d'histoires, comme Winnie l'ourson et sa forêt enchantée. Et pourtant... Des tableaux qui bougent, des coups frappés dans les murs, des parquets qui grincent, un piano qui joue tout seul... Le côté thriller n'est pas franchement pas ma tasse de thé. Surtout quand je lis avant de m'endormir le soir, en prévision d'une bonne nuit. Mais ce thriller là n'est pas réellement angoissant, tout au plus un peu étouffant. Je n'aimerais pas vraiment pas passer la nuit à Winnicott Hall, et je comprends ceux qui se sont enfuis. L'histoire est prenante malgré quelques incohérences [masquer] comment, même en 1934, Lucille peut cacher la mort de son mari pendant 15 jours ?? Et petit détail : les catholiques commémorent leurs défunts le 2 novembre comme les anglicans, et pas la veille, le jour de la Toussaint. L'histoire de l'espèce de viol par des fantômes qui prennent le corps de deux vivants pour pouvoir s'aimer charnellement m'a clairement dérangée .[/masquer] Le positif l'emporte de peu, mais l'emporte quand même. La galerie des personnages est très réussie, du duo formé par Georges et Viviane, au couple Lucille-Archie, extrêmement touchant. L'atmosphère anglaise est omniprésente : tea time, la comptine des Three Blind Mice, Agatha Christie,... Plein d'humour malgré tout dans les dialogues, avec les maladresses que Pearl et Ruby accumulent en s'adressant à Georges, ou encore le "Kenavo"... d'Inde. Et surtout... Tout est bien qui finit bien, la fin est remarquablement bien réussie, et pleine d'espérance.

Alors j'ai lu des avis mitigés sur ce roman mais moi j'ai A-DO-RÉ !!! Dans un vieux manoir du Sussex, en Angleterre, en 1934, une préceptrice française arrive pour enseigner à un jeune garçon de 10 ans, aveugle. Elle ne convient guère à Mrs Montgomery car elle n'a pas d'allure ni la langue dans sa poche. Mais George se sent immédiatement à l'aise avec sa nouvelle enseignante et Mr Montgomery est charmé par sa culture. Tout pourrait donc être pour le mieux dans le meilleur des mondes s'il ne se passait des choses bizarres au château : des bruits de pas inexpliqués, des objets qui changent de place, des apparitions furtives, etc. Les histoires de fantômes ne sont pas mon quotidien de lecture mais j'ai adoré l'humour des personnages. D'aucuns ont trouvé qu'ils étaient stéréotypés, moi je les ai trouvés truculents ! Et j'ai beaucoup ri ! J'ai passé un excellent moment de lecture et j'en remercie les auteurs que je suis avec plaisir depuis mon coup de cœur sur "Alabama 1963" ! Donc moi, je vous conseille vivement de vous enfermer au manoir de Winicott Hall !

Dès les premières pages, c’est dans une veille demeure que nous plonge le roman, posant ainsi que cadre d’un récit qui s’annonce sombrement gothique, dans la lignée de ceux de Susan Hill ou Shirley Jackson. En 1934, une préceptrice d’origine française, Viviane Lombard, arrive dans le Manoir Winnicott où vient de s’installer une famille, dont elle devra être la préceptrice de l’enfant qui est aveugle, George. Elle y découvre une maisonnée haute en couleurs, entre Archibald, le père archéologue, sa femme Lucille, qui a entrepris de redécorer entièrement le manoir, et les domestiques#8239;: les deux jeunes femmes qui s’occupent de l’entretien, la vieille cuisinière qui a travaillé toute sa vie dans le manoir, et Mr Talbott qui prends son rôle de majordome très à cœur. Peu à peu, notre préceptrice qui rappelle quelque peu une certaine Mary Poppins, va se rendre compte que ce manoir n’est pas ce qu’il semble être, avec des bruits de pas à des heures ou personne ne se déplace, les tableaux de l’escalier qui se balancent tout seuls… Bientôt, évènements surnaturels et apparitions fantomatiques ne vont que croitre, mettant à l’épreuve le moral des habitants du manoir. Plein d’humour, les auteurs jouent avec les codes du genre, faisant de ce roman de maison hanté une lecture divertissante et réjouissante. Le narrateur, avec beaucoup de tendresse pour les personnages, s’amuse gentiment d’eux pour notre plus grand plaisir. C’est une lecture que j’ai adorée, et qui saura, je l’espère, séduire et amuser un grand public.

C’est une lecture en demi-teinte pour moi. Sont réunis dans ce roman beaucoup d’éléments qui avaient tout pour me plaire : un vieux manoir, la brumeuse campagne anglaise, une famille isolée, des bruits étranges, des événements inexplicables et des fantômes. L’époque choisie pour situer le récit est également intéressante. Les années 30 sont encore imprégnées des conséquences de la première guerre mondiale et voient monter de nouvelles craintes politiques, ce qui ajoute au sentiment d’oppression de l’histoire principale. Ce qui m’a le plus convaincue, cependant, ce sont les personnages : la description fine de leur psychologie m’a permis d’avoir une image précise de leur personnalité, tourments intérieurs et motivations. Je les ai tous trouvés sympathiques à leur manière et c’est pour eux que j’ai continué à lire. Pour le reste, je me suis tout de même bien ennuyée. En effet, si l’histoire ne manque clairement pas d’ambiance, celle-ci n’évolue pas au cours des presque 500 pages du roman. Elle prend son temps pour s’installer, ce qui n’est pas un reproche, mais le malaise ressenti face aux situations bizarres ne va pas beaucoup plus loin. Il y a des fantômes, les personnages finiront par s’occuper de cela, de la façon la plus classique qui soit, et c’est tout. Entre temps, les quelques explosions de peur n’aboutissent à rien. J’ai été étonnée de la facilité avec laquelle les personnages retournent régulièrement à leur vie comme si de rien n’était. Les frissons et questionnements restent donc très légers. J’aurais bien aimé trembler un peu plus. C’est donc à mon avis une histoire de fantôme de plus, sans aucun bouleversement, sans rien de nouveau. Cela reste très agréable et facile à lire, c’est un bon divertissement mais j’en attendais beaucoup plus.