A l'ombre des jeunes filles en fleurs : Le livre de Marcel Proust

Ce second volume de La Recherche est divisé en deux histoires distinctes. La première, Autour de Mme Swann, raconte les émois amoureux du narrateur pour Gilberte Swann et les déceptions qui les accompagnent. La seconde partie, Noms de pays : Le pays, nous emmène à Balbec, station balnéaire où le narrateur passe plusieurs mois avec sa grand-mère et où il rencontre un groupe d’adolescentes, dont Albertine, que nous retrouverons. Ce roman montre le narrateur grandir et s’interroger sur l’amour et sa passion pour les arts. L’analyse de la société de l’époque, avec ses différentes castes, ses conventions et obligations, est approfondie, de même que l’analyse des relations sentimentales au sein de cette société. Bien que riche en descriptions, l’intrigue est plutôt calme. Proust est capable de décrire le couteau et la serviette posés sur la table de la salle à manger ou les pinceaux du peintre Elstir sur plusieurs pages. L’écriture est magnifique, mais je me suis parfois ennuyée et ai trouvé la lecture laborieuse. Peut-être est-ce juste mon état d’âme du moment.

Qu’il est dur de se replonger dans cette lecture d’à La recherche du temps perdu…cependant même si le style d’écriture est difficile à intégrer, il est aussi à la fois plaisant à lire, j'aime beaucoup ces descriptions des personnages, des paysages et des faits historiques qui marquent son temps… Je ne lâche pas, je continuerai à lire la suite… Un style inégalable, à part… Extraits : “ Nos désirs vont en s'interférant, et dans la confusion de l'existence, il est rare qu'un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l’avait réclamé.” “ Nous sommes tous obligés pour rendre la réalité supportable d’entretenir en nous quelques petites folies.” “ On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner.”

Avec ce deuxième roman (la suite direct de "Du côté de chez Swann"), Proust fait avancer son personnage principal dans l'âge et le pousse dans le début de l'adolescence. A cet âge où l'esprit s'émancipe, où le sens critique se développe, à cet âge aussi des premiers émois, de l'éveil à l'amour et à l'amitié. L'ambiance cependant reste la même, celle de la petite et moyenne bourgeoisie et noblesse, avec ces convenances, ces non-dits et ces discussions mondaines. Mais c'est aussi le roman des rencontres, celle du peintre Elstir, celle aussi avec Saint-Loup, avec M de Charlus et la plus importante pour le narrateur: celle avec Albertine et son amie Andrée... Des nouveaux personnages, avec aussi un nouveau cadre, car c'est l'été et le narrateur passe ses vacances à Balbek, une station balnéaire ou se réunie toute l'aristocratie et la bourgeoisie parisienne. Mais ça reste toujours du Proust avec ses très longues phrases aux tournures alambiquées et qui procurent un grand plaisir de lecture, mais aussi parfois des longueurs interminables et des dizaines de pages où il ne se passe rien qu'un long monologue intérieur.

C’est l’éveil amoureux du narrateur, qui papillonne d’une jeune fille à l’autre avec la maladresse touchante d’un adolescent en pleine tempête hormonale. Il y a des instants de grâce dans cette errance sentimentale, entre fascination et frustration. Une immersion subtile dans l’apprentissage de l’amour et du désenchantement. Un grand classique, à raison.