L'orage qui vient : Le livre de Louise Mey

"L’orage qui vient" est un roman qui surprend autant par sa simplicité narrative que par la profondeur de ses thèmes. J’ai beaucoup apprécié cette lecture, car elle se déploie avec une fluidité qui permet de s’immerger sans peine dans son univers. Le récit nous entraîne dans un hameau isolé, peuplé uniquement de femmes. Les hommes, par choix, disparition ou tragédie, ne sont plus là. Cette communauté féminine, soudée et ingénieuse, parvient à subsister grâce à ses savoir-faire, ses récoltes, son bétail, mais aussi grâce à une ressource mystérieuse et précieuse : une eau aux vertus médicinales. Remède contre la fatigue, le sommeil ou les maux du corps, elle constitue autant une richesse qu’un danger, puisqu’elle attire les convoitises du monde extérieur. Au cœur de ce village, nous suivons une adolescente de quinze ans, héroïne singulière et secrète. Elle inspire la crainte, non seulement aux femmes qui l’entourent mais aussi aux animaux. Pourtant, sous ses airs timides, elle cache une nature redoutable : elle est louve, héritière d’une lignée de loups-garous et de protecteurs. Son père, tombé pour défendre le hameau, lui a laissé un héritage lourd mais vital : la mission de protéger les siens, coûte que coûte. L’irruption d’un étranger bouleverse cet équilibre fragile. Présenté comme un allié envoyé pour aider à la construction, il se révèle bientôt un imposteur, mû par la cupidité et prêt à trahir la communauté pour s’emparer de leur ressource. Là où les autres femmes se laissent séduire par son habileté et ses manières, la jeune louve perçoit, grâce à ses sens exacerbés, l’ombre de son mensonge. S’ensuit une montée de tension haletante, où ruse, courage et solidarité féminine se conjuguent pour sauver le village. La force du roman réside dans ce mélange de huis clos féminin et de fable initiatique. On y trouve une atmosphère à la fois oppressante et protectrice : ce cocon de femmes, bienveillantes entre elles, mais constamment menacé par le monde extérieur. Le fantastique, incarné par la métamorphose de la jeune héroïne, s’entrelace subtilement avec une réflexion sur la survie, la transmission et la peur de la différence. La scène finale, où la louve révèle toute sa puissance pour protéger les siennes, est à la fois brutale et cathartique. En refermant le livre, on garde l’impression d’avoir assisté à un rite de passage : celui d’une adolescente qui, en embrassant sa part de monstruosité, devient pleinement la gardienne de son peuple. L’orage qui vient est donc bien plus qu’un récit de survie : c’est une ode à la solidarité féminine et au courage d’assumer sa vraie nature, même lorsqu’elle effraie. Ps Spoiler : À la fin, elle charme l'homme en révélant ses courbes et l'emmène dans les bois. Celui-ci pense qu'il va pouvoir la "dévorer". Mais c'est finalement elle qui le dévore en lui révélant sa véritable nature. Elle se jette sur lui, lui empoignant l'épaule et faisant craquer ses os, puis l'éventre et se nourri de sa chair. On apprend qu'il n'est plus question d'attendre la pleine lune, elle peut se transformer à sa guise. Avant de rejoindre les femmes du hameau, elle se débarbouille et nettoie le sang accumulé sur son corps pour ne pas effrayer les siens. [/masquer]

J’ai découvert Louise Mey cet été, avec son roman Saint-Marie-des-Haines-Infinies dont l’écriture m’a interpellée pour son ton direct et sa justesse. J’ai voulu lire un autre titre de cette autrice, je me suis donc plongée dans L’Orage qui vient. Après lecture de celui-ci, je reste confortée dans mon idée que Louise Mey est une très bonne autrice qui réserve très certainement encore des surprises. Bienvenue au Hameau, un lieu isolé où vivent des femmes et leurs enfants, un endroit de paix et sain dissimulé aux yeux des hommes. Dans cette communauté féminine et solidaire, on retrouve Mila, une adolescente qui chérit plus que tout le Hameau. Cependant, cette tranquillité qui y règne est bouleversée par l’arrivée d’un homme qui va chaleureusement être accueilli. Mila se méfie, Mila n’a pas confiance en lui et tous ses sens sont en alerte. Le Hameau se situe à l’écart de la ville, perdu au milieu des bois, là où on ne peut le trouver, ni perturber la quiétude des femmes y vivant. Cette communauté est autosuffisante grâce au travail et à la production de ces femmes. Elles se rendent parfois dans la ville la plus proche afin de faire affaire et de vendre leurs mystérieuses Eaux miraculeuses. Mais leur paisible quotidien est ébranlé par l’arrivée de Natan, un homme qui serait envoyé par le grand-père de Mila dans le but d’aider les femmes du Hameau pour leur chantier du hangar qui doit se terminer au plus vite. Mila sent que Natan est un intrus dans leur sérénité. Mais les femmes votent, elles ont besoin des bras de cet homme afin de mener à bien leur construction du hangar. Natan est accepté, apprécié, il se montre mielleux, aimable, serviable. Toutefois, Mila persiste à douter de lui et son instinct animal la trompe rarement. Mila est un personnage que j’ai beaucoup aimé. Elle reste fidèle à elle-même du début jusqu’à la fin et garde cette réticence à l’égard de Natan. Elle reste sereine malgré le trouble dans ses émotions ; elle est dotée d’une grande sagesse et d’une maturité qui font d’elle un membre essentiel à la communauté. La puissante sororité du Hameau est assez spectaculaire tant les femmes sont toutes en osmose avec leurs convictions, malgré la situation inconvenante dans laquelle les met Natan. Ce dernier est un personnage assez complexe. Il sait se montrer vulnérable, il sait comment plaire et comment manipuler les autres afin d’arriver à ses fins. Il est l’incarnation de l’homme malsain et vicieux, véritable menace pour la pérennité du Hameau et les différents secrets qui s’y trouvent tels que les Eaux mystérieuses que créent ces femmes, mais aussi la véritable nature de Mila. L’intrigue que nous offre Louise Mey en moins de 200 pages est riche en émotions. Durant la lecture, à l’image de Mila, on reste sur nos gardes. J’ai aimé les diverses sensations que fait naître ce roman : on est sans cesse à fleur de peau au moindre égarement des personnages, on partage le secret de Mila qui fait toute sa force et surtout, on veut que les mystères du Hameau ne soient jamais dévoilés. À notre tour, on prend à cette communauté qui doit être préservée. L’Orage qui vient est un roman que j’ai trouvé bluffant. Bien qu’il soit court, il se révèle être très intense et puissant, au point où sa lecture en devient une obsession. Louise Mey signe un très bon roman et il me tarde d’en découvrir d’autres d’elle.

Louise Mey, l’auteure de ce livre, avait plutôt écrit des thrillers jusque-là ; ce livre-ci est sa première incursion dans le monde des littératures de l’imaginaire. Et c’est une première plutôt encourageante, très clairement. Ce récit est une sorte de fable éco-féministe, qui soulève plusieurs questions intéressantes. Comme, par exemple, la question de savoir si le fait de s’isoler, de se couper « des hommes » est un ressort efficace. Visiblement, la communauté du Hameau ne le croit pas elle-même : elles savent, toutes, que leur survie tient, jusque-là, de cet isolement, mais qu’il n’est obligatoirement que provisoire. En poussant même plus loin, on observe, au fil du livre, que cet isolement contient en lui-même des facteurs qui contribuent à empêcher sa continuation. Bon, ce roman n’est pas un essai, il n’est donc pas problématique que certains aspects soient laissés dans l’ombre. Mais il est évident que la séparation n’est pas une solution viable : au Hameau, un certain nombre d’hommes sont ou ont été acceptés, maris ou fils. Mais rien ne démontre que, parce qu’il a été élevé par des femmes, il ne peut pas y avoir, parmi les enfants, un garçon qui pourrait développer des penchants toxiques. De plus, le livre montre que, face à la rareté des hommes qui viennent, certaines réagissent en laissant tomber leurs barrières. Intéressant également, on pourrait imaginer qu’une société vivant ainsi dans une sorte d’autarcie bienveillante ne serait pas confrontée à la crainte de « l’autre ». Or, on comprend assez rapidement que Mila n’est pas exactement comme les autres… et cela contribue à ce que le regard de certaines des villageoises soit un peu… dubitatif, ou inquiet. Bref, ce livre nous propose une petite histoire qui semble simple, mais qui soulève en réalité, pour peu que vous en ayez envie, des questions de fond. Alors, viendrez-vous faire un tour au Hameau, si vous y êtes convié(e)s ?

Cela fait plusieurs fois que j'entendais parler de Louise Mey ce qui m'a donné envie de découvrir l'un de ses livres. Habituellement, je ne lis pas de littérature fantastique mais je suis ravie d'avoir fait une entorse à mes habitudes car cette histoire est passionnante et les touches de fantastiques sont bien dosées. Mila vit avec sa mère dans le Hameau, un village secret et isolé. Dans ce lieu résident de nombreuses femmes et enfants mais peu d'hommes. Le monde d'Avant n'existe plus, depuis la Rétractation, c'est un nouveau mode de vie qu'elles ont décidé d'adopter. Jusqu'au jour où un homme se présente pour faire partie de cette communauté. L'écriture est fluide et l'histoire est originale sans être complètement dans un monde imaginaire. Tout au long du récit, l'on sent la tension vécue par les personnages, leurs émotions. C'est fascinant.