On n'est pas sérieux quand on a 17ans : Le livre de Barbara Samson

Barbara Samson est née la même année que moi (1975)… et j’ai été (agréablement) surprise d’apprendre qu’elle est toujours en vie malgré sa séropositivité. Comme « Moi, Christiane F. » et « L’herbe bleue », son témoignage a marqué les esprits de l’époque car ils ont fait partie des premiers à évoquer le milieu de la drogue, de la prostitution et de la maladie. Dans cette autobiographie, on découvre avec stupeur et colère Antony l’irresponsable qui, malade depuis deux ans, l’a contaminée en toute conscience (« J’étais vierge et il le savait »)… Certes, dans les années 1990, l’éducation sexuelle était moins développée, mais lui aurait pu utiliser des préservatifs et elle s’est montrée particulièrement « imbécile et naïve ». Face à la trahison de « cet enfoiré, ce salaud », Barbara a « honte, mal, peur. Si peur. ». Pourtant, elle reste avec lui, considérant que « c’est trop tard », « tant pis pour ce qui arrivera »… Ils ne semblent même pas former un couple, lui étant obnubilé par « les copains, la bière et les joints » à chaque fois qu’elle le rejoint à Marseille. Elle n’apprécie même pas de faire l’amour avec lui (cet acte de mort) : « C’est encore une souffrance. Je ne ressens rien. Je subis. Tout cela n’est pas très romantique ». Antony est décevant, toujours plus minable (« Nous n’avons rien à nous dire ») et pourtant Barbara ne cesse de lui trouver des excuses et repousse sans cesse le moment de le quitter. Il lui faudra tout le soutien de sa famille pour enfin se montrer lucide (« Antony se fout des autres. Il est odieux. »). J’ai trouvé celle-ci admirable face à cette « adolescente à problèmes » colérique, violente et suicidaire. Barbara est en conflit perpétuel avec ses parents (« J’ai l’habitude des remontrances. Bouffe, amour, comportement au lycée, à la maison... »). Les scènes de repas, surtout, sont insupportables tant elle fait de comédie pour (ne pas) manger et pousser sa mère à bout. C’est d’ailleurs lors d’un internement pour anorexie (« Je suis affamée d’amour, pas de bouffe ») qu’elle a rencontré Antony le toxico « séropo ». La clinique est d’ailleurs également responsable de sa contamination. Elle était mineure, le médecin au courant de la santé d’Antony : on aurait dû la prévenir dès le départ. Or, « ils n’ont rien fait. Eux aussi m’ont tuée ». Dès lors, la jeune femme trouvera le salut dans la prévention auprès des lycéens (« Je sers à quelque chose »). J’aurais aimé qu’elle écrive un autre livre sur son quotidien avec le VIH, comment construire une vie amoureuse malgré la menace, comment apprendre à vivre avec la maladie, savoir comment sa santé a évolué. Un témoignage sur l’après afin de transmettre sa force et ne pas seulement « servir de mauvais exemple ».