Pyramides : Le livre de Romain Benassaya

Après avoir lu Terrariums (que j'ai adoré) du même auteur un an auparavant, j'ai eu envie de m'intéresser à la bande-dessinée Arca dans le même univers. Si je n'ai pas été très convaincu par cette lecture (d'avantage par le dessin que par l'histoire) je me suis rendu compte qu'elle était en lien direct avec le roman "Pyramides" que j'avais justement acheté quelques mois auparavant et qui attendait sagement d'être lu. Malgré l'appréhension d'en avoir trop lu dans la bande-dessinée, je me suis donc lancé, et je n'ai pas été déçu. Comme Terrarium, Pyramides contribue à la définition même de ce qu'est un "page-turner". Très difficile de décrocher du livre, avec un chapitrage très courts (entre 1 et 10 pages environ par chapitre) qui alternent entre plusieurs personnages, et de nombreux cliffhangher donnant l'irrépressible envie de continuer : "allez, un petit chapitre de plus, allez encore un autre..." Si la structure est faite pour stimuler la lecture, l'histoire est bien évidemment elle aussi responsable de cette envie de tourner les pages. Romain Benassaya excelle une nouvelle fois à donner le vertige de l'immense, du long, du grand, de l'infini tout en pouvant alterner avec la claustrophobie d'un espace clos. On se demande pourtant comment il est possible d'être claustrophobe dans un espace infiniment grand ? Vous aurez la réponse en le lisant, la dualité étant très bien traitée ! Les échelles temporelles sont également très bien amenées, même si elles sont moins vertigineuses que dans Terrariums. Elles apportent des respirations bienvenues dans la lecture et une autre manière d'aborder le vertige. Au delà du vertige spatio-temporel, il s'agit, aussi, d'une histoire sociale, d'une micro-société qui se construit, de ses conflits, de ses accomplissements, de ses questionnements, de ses rapports de force et de domination à grand coup de calculs politiques. Si j'avais un bémol je le donnerai sur le léger manque de profondeur dans le caractère des personnages. Leur psychologie est assez limitée et on ne rentre pas vraiment dans leur passé. Certaines de leurs aspirations sont des archétypes qui ne bougent pas vraiment dans le roman. Pour celles et ceux qui auraient lu la bande-dessinée, si les personnages et la situation initiale sont les mêmes, et si on retrouve certains rebondissement communs, l'histoire évolue de manière très différente et fini par ne plus rien avoir grand chose en commun. D'autant que je trouve les partis pris du livre bien plus intéressants. Je ne peux que recommander cette lecture pour celles et ceux qui aiment le vertige du space-opéra, les histoires de micro-société, leurs réussites autant que leurs conflits, l'exploration, l'inconnu, le mystère...

Un mystère entier particulièrement angoissant. Des tout petits morceaux de voile levés très tard dans l'intrigue pour nous tenir en haleine! Le décor est globalement esquissé; avec quelques touches plus précises comme la "forêt" au coeur du vaisseau ; au lecteur de se constituer son décor. Un scenario lineaire sans retour arrière, avec quelques sauts dans le temps. Pas trop de personnages plutôt bien caractérisés. Le pouvoir au sein d'une communauté isolée et sans espoir génère des périodes de tension très réussies, l'aspect politique de ce livre est aussi son point fort. Des scènes d'action vite passées pour mieux nous faire désirer le dernier quart du livre. Le livre devient rapidement un page turner efficace ! Bien écrit par un auteur que j'ai hate de poursuivre !

Ce roman est un excellent roman de science-fiction, qui ajoute une intéressante réflexion sur les relations à son histoire. L’auteur mène bien son récit et il est difficile de lâcher ce livre, surtout lorsque l’on atteint la seconde partie. L’univers mis en place peut permettre des suites intéressantes.

Space opera ou Planet opera ? C'est bien là le cœur du problème des passagers du Stern III, qui se réveillent et se rendent compte qu'ils ne savent pas où ils ont et quand ils sont. Leur destination, Sinisyys, n'est pas là, et les mystères s'accumulent tandis qu'ils essaient de comprendre pourquoi le vaisseau est ici et comment rejoindre leur but initial. La grande force de ce roman repose sur la diversité des personnages et leur évolution. On suit une petite dizaine de personnages dans l'œuvre sur un laps de temps assez conséquent et cela nous permet d'explorer la psyché de l'espèce humaine. Je pense notamment à Johanna, que j'ai adoré au début et finalement tant détesté, car sa vie ne l'a pas épargné et l'a poussé vers le pire. Comment gérer des centaines de personnes quand il était simplement prévu de les déposer dans un nouveau monde ? Les conflits s'intensifient considérablement dans les deux dernières parties du livre et c'est très agréable de suivre ce rythme avec l'écriture fluide de l'auteur. Le livre est structuré en différentes parties et la première est particulièrement efficace. L'univers se développe malgré l'espace restreint du vaisseau et on ne s'ennuie pas une seconde. Jusqu'au milieu du livre, où les mystères n'appellent aucune réponse. J'ai trouvé ça très frustrant de n'avoir ne serait-ce qu'une hypothèse même si elle s'avérait fausse par la suite. On nage dans l'obscurité complète et il faut attendre un petit moment avant que le rythme ne reprenne. L'écriture nous emmène rapidement vers les révélations qui s'enchaînent et vers une fin qui... m'a laissé interdite. Je n'ai rien contre les fins ouvertes, mais j'ai la réelle impression qu'on a choisi une solution de facilité plutôt que de prendre un parti-pris.