Sorcières : Le livre de Mona Chollet, Aline Afanoukoe

Avec beaucoup d'informations, une pointe de sarcasme et d'auto-dérision, l'autrice nous fait comprendre que, encore aujourd'hui, nous sommes toutes des sorcières. Que ce soit la thématique de la natalité, la vieillesse, l'autonomie et la nature, les arguments persistent à faire de la femme la victime du patriarcat, dans une pression sociale sécularisée de laquelle nous tentons de nous dépêtrer par divers moyens de détournement, retournement et transgression, pour une affirmation identitaire. L'essai était donc très intéressant, révoltant, me faisant prendre conscience d'à quel point je fais partie des quelques chanceuses, pas pas à l'abri de subir, un jour, les arguments qui feront de moi une sorcière.

Dans "Sorcières", Mona Chollet livre un essai percutant où elle réhabilite brillamment les figures féminines marginalisées. Entre histoire, sociologie et féminisme, elle tisse une réflexion fine, puissante et essentielle sur la liberté de la femme.

Saviez-vous que durant la mythologie grecque, la sorcière (femme avec des pouvoirs) était une déesse vénérée par la population. C’est durant le Moyen-Âge, que la femme de pouvoir devient l’ennemie publique numéro 1 car elle en sait trop. En effet, alors que les hommes scientifiques expérimentent de plus en plus pour faire évoluer la médecine, la femme savante (en l’occurrence celle qui a des savoirs) est celle qui dérange. Celle-ci est accoucheuse et réussit là où les hommes ne réussissent qu’à la force du forceps. Elle connait le secret des plantes et sait guérir certains maux encore inconnus. Le christianisme se développe, et c’est alors que la chasse commence. La femme savante devient la méchante sorcière que l’on représente dans les contes comme celle qu’il faut fuir, complice du diable, au nez crochu, chevauchant le balai à la forme phallique et aux cheveux grisonnants. Encore aujourd’hui, la femme vieillissante et ménopausée n’attire pas quand les hommes grisonnants sont convoités. Si vous avez envie d’en savoir plus, rien de mieux que de vous procurer Sorcières, La puissance invaincue des femmes de l’autrice Mona Chollet.

La figure de la Sorcière est abordée dans cette œuvre de Mona Chollet sous l’angle du féminisme. Que ce soit la Belle-Mère de Blanche-Neige, Maléfique ou encore les femmes brûlées lors de la grande chasse aux sorcières, elles incarnent en réalité ce que le patriarcat leur interdit : être indépendante, célibataire, sans enfant, vieille et puissante. Avec son écriture toujours aussi agréable à lire, Mona Chollet développe cette démonstration brillante et libératrice. Le dernier chapitre est à mon sens le plus intéressant, il établit un parallèle entre possession du corps de la femme et domination de la Nature et présente ainsi l’écoféminisme. J’ai encore une fois été assez déstabilisée par l’argumentaire de l’autrice qui préfère s’appuyer sur des références, citations, et témoignage que sur des chiffres et des analyses. Je regrette le manque de références populaires et historiques à la thématique des Sorcières, qui aurait pu fortement abonder dans le sens de l’autrice. Il s'agit davantage d'un essai philosophie , d'une théorie, qu'une recherche journalistique. A conseiller pour une bonne première lecture pour ouvrir les yeux sur le patriarcat et aborder les grandes thématiques du féminisme en un seul livre.