Tokyo : Le livre de Mo Hayder

Si j’ai apprécié ce roman, il en n’est pas moins que ma lecture a été en deux tons, comme cette double temporalité qu’on lit. La partie historique sur le massacre de Nankin est vraiment très intéressante et captivante. Pendant les six semaines que dure le massacre de Nankin, des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l’Armée impériale japonaise. On apprend la cruauté que peuvent engendrer les humains sous fond de pouvoirs politiques et l’histoire d’un de nos protagonistes principaux au cœur de cette guerre est oppressante et m’a tenue en haleine tout du long. Par contre la partie « à notre époque » avec la quête de Grey m’a fait subir pas mal de longueur. Pas que ce soit inintéressant non plus mais j’ai vraiment eu du mal à savoir où on allait. Le personnage ne m’a pas accroché plus que ça. Seules les russes étaient une petite bouffée d’air, les autres personnages paraissaient extravagants voir carrément fou. Par contre dans le dernier quart tout s’accélère, c’est intense parfois très gore, à la limite du supportable. Tout part à volo et on attend la finalité avec impatience.

Grey, obsédée par un épisode obscur de l'histoire du Japon (Le massacre de Nankin en 1937), débarque à Tokyo sans le sou afin de rencontrer un vieux professeur, Shi Chongming survivant du massacre, qu'elle pense être en possession d'un film pouvant prouver les atrocités. Elle croise le chemin de Jason qui la loge et lui propose un emploi dans le bar à hôtesses où il travaille. Elle y côtoie les Yakusas qui apprécient sa compagnie pour sa maîtrise de la langue. Peu à peu on découvre un lien troublant existant entre le vieux professeur et le chef des Yakusas. Mais que s'est-il passé pendant la guerre ? Un roman terrible et passionnant à la fois, empli de suspens. Impossible de le lâcher avant de savoir !

1937. Deux soldats s'affrontent pour récupérer une caméra. Nous sommes en plein cœur du conflit sino-japonais qui va conduire au massacre de Nankin. En parallèle on suit Grey, de nos jours. Une jeune anglaise qui arrive au Japon à la recherche d'un mystérieux film. J'ai découvert Mo Hayder avec Crâne d'os, une très belle découverte. Tokyo est une bonne lecture mais en deçà de Crâne d'os. J'ai eu du mal à retrouver l'écriture de l'autrice. C'est un roman qui souffre de longueurs et sans la partie historique concernant Nankin, j'aurais encore moins adhéré. Néanmoins certaines scènes de cette partie sont assez difficiles à lire. J'ai eu la nausée avec l'une d'elles. Et puis il y a les personnages auxquels j'ai mis du temps à m'attacher, notamment Grey. De nombreux autres personnages gravitent autour d'elle. Elle est plus touchante sur la fin car on se rend compte qu'elle se fait manipuler par tous ceux qui l'entourent.

#x1f4d6 LC avec Isabelle, Véronique et Vanessa. Mo Hayder, autrice de thrillers disparue trop tôt. J’avais lu Birdman il y a quelques années : une bonne lecture, mais l’engouement autour du livre avait sans doute placé mes attentes trop haut. En revanche, j’avais adoré Crâne d’os en LC avec Les Presses de la Cité : son côté ésotérique, son atmosphère et sa plume m’avaient totalement happée. Alors quand on m’a proposé Tokyo, je n’ai pas hésité. D’ailleurs, Pocket le présente comme un livre « à lire une fois dans sa vie ». Le prologue installe une scène puissante : deux soldats de la guerre du Pacifique s’affrontent pour une caméra. Pourquoi ce film est-il si précieux, au point de devenir un enjeu en pleine guerre ? Puis on suit Grey à l'époquecontemporaine, une étudiante marquée par un lourd passé, qui part frapper à la porte d’un érudit chinois installé à Tokyo. Elle croit qu’il détient une réponse vitale… autour d’un film dont on nie l’existence. Mo Hayder nous entraîne alors dans les ombres du passé, au cœur des atrocités de Nankin, tout en nous plongeant dans un Japon contemporain traversé par la mafia, la manipulation et la désolation. Sa plume, poétique et vibrante, contraste avec la brutalité des faits. Car même magnifiée par l’écriture, la guerre reste ce qu’elle est : sale, barbare, inhumaine. Ce roman m’a fait réfléchir. Oui, on « sait » ce qu’est la guerre, mais alors pourquoi en 2025 laisse-t-on encore faire, tant que cela ne bouleverse pas directement nos vies ? Alors non, ce n’est pas un coup de cœur (j’ai préféré Crâne d’os), mais Tokyo reste une lecture forte, marquante, qui m’a bousculée. Et surtout, une lecture partagée en LC qui m’a aidée à aller au bout malgré certaines séquences très difficiles, presque insupportables pour moi, « organiquement ». #x1f449 Et vous, l’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ?