Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon : Le livre de Jean-Paul Dubois, Jacques Gamblin

Ça faisait longtemps que j’avais ce livre chez moi, acheté pour son Goncourt. À court de livres, je m’y suis mise. J’ai vite été curieuse d’en savoir un peu plus sur le narrateur et sur ce qui l’a amené en prison... et je n’ai pas été déçue : l’histoire est originale et se lit très bien. Cependant l’histoire ne m’a pas emportée.

J'ai beaucoup aimé ce roman plein d'humanité et de drames : les vicissitudes et les fautes d'un père pasteur à la fin rédemptrice, le suicide d'une mère divorcée, libertaire, éloignée, indifférente au sort du père et du fils, la mort tragique de la femme du fils... Le narrateur, Paul est en prison et, de sa cellule, il se remémore sa vie : de son enfance à son installation au Canada, ses retrouvailles avec son père venu s'installer dans une petite bourgade minière et amiantée de ce pays, après avoir quitté la France et une épouse qui n'a rien fait pour le retenir ou le comprendre. Comment, en effet, diffuser des films pornographiques et organiser des débats "révolutionnaires" dans une salle d'art et d'essai, quand on a un mari pasteur, sans se préoccuper de sa situation vis-à-vis de ses fidèles ? Mais, elle ne voulait pas s'en préoccuper ! D'un autre côté, le pasteur Hansen a avoué à son fils qu'il avait perdu la foi. En tout cas, les voilà tous les deux dans cette même bourgade où le père finira par s'adonner au jeu, perdre beaucoup d'argent, endetter son église et s'en faire licencier par sa hiérarchie. Il s'effondrera sur place, lors d'une ultime prédication en forme de confession publique. Sa mère se suicidera sans explication, sans un mot, après avoir vécu en union libre avec un ressortissant Suisse. Sa femme, une métisse irlando- amérindienne périra dans l'accident de l'avion qu'elle pilotait et la chienne qu'elle avait recueillie mourra peu après. Il nous apprend qu'il a été intendant d'une résidence (l'Excelsior) de propriétaires plus ou moins âgés et dont il se fera aimer en raison de son humanité, de sa disponibilité, de son empathie, à leur égard, bien au-delà de ses obligations d'intendant. Jusqu'au moment où le nouveau président de la résidence décide de faire de sa vie un enfer. Ne pouvant plus supporter les injustices, les mesquineries de son employeur, il se révolte et, sous le coup de la colère, le roue de coups et manque de le tuer. Il se retrouve, par conséquent, en prison pour deux ans ; son compagnon de cellule, se nomme Patrick Horton, Hell-angel de son état. Dans cette insupportable promiscuité qu'impose l'enfermement carcéral une improbable fraternité naîtra entre une montagne de muscles facilement irritable (un homme et demi comme le surnomme Paul), mais qui, étrangement, a peur d'une souris, et le narrateur apprivoiseur. La narration alterne, ainsi, souvenirs doux-amers et description oppressante de la vie en prison. A sa sortie, il se souviendra de son compagnon de cellule et lui offrira des ouvrages sur les Harley Davidson ; il retrouvera son ami de la résidence qui ne lui avait jamais fait défaut, se baignera dans la piscine qu'il avait entretenue des années durant et dont l'accès lui avait été interdit par son employeur. C'est, d'ailleurs, pour avoir transgressé cet interdit qu'il avait été licencié par le président de la résidence qui l'avait, de surcroît, et dans une ultime humiliation, sommé de dégager de "sa" pelouse, lui et sa chienne qui s'y reposait, pendant qu'il effectuait ses dernières tâches avant de s'en aller. De-là le drame... Cette baignade, en tant qu'invité de son ami, face à son ennemi, sans réaction, sonnait comme une petite revanche. A la fin, il s'est souvenu qu'il n'était pas seulement français et canadien, mais aussi danois, comme son père le pasteur enterré dans son pays d'origine. Il est donc retourné au Danemark, pour une vie sans doute plus calme avec sa famille de pêcheurs et de pasteurs, qu'il avait rencontrée, longtemps auparavant, lors d'un voyage de 2000 km, dans une voiture capricieuse, avec son père et sa mère. Un très beau roman, dont le rythme et l'élégance du style m'ont rappelé le Testament français de A. M. Pat

Première rencontre pour moi avec cet auteur souvent recommandé . Pas inintéressant mais pas mémorable . Manque de surprises , tout est déjà deviné par le lecteur car rien n est dissimulé par l auteur . M a quand même donné envie de prochainement lire un autre roman de Monsieur Dubois , comme une seconde chance …

J'ai adoré ce roman et ses deux personnages principaux, tous deux dans une cellule de prison. Je ne veux pas gâcher l'histoire, alors chacun en pensera ce qu'il veut. Contrairement à ce qu'ils devraient être, délinquants ou assassins, ces deux personnages sont plein d'humanité, J'ai presque pleuré mais j'ai beaucoup souri aussi : ils sont, sous leur apparence de voyous, très tendres, et je pense qu'ils peuvent même nous faire rêver à une vie en roseHistoire que l'on n'a pas l'impression d'avoir déjà lue comme ça arrive souvent. Les évènements survenus à des époques et en des lieux fort différents s'imbriquent de si belle façon que tout se retrouve à sa place à la fin du roman et c'est un accomplissement total. Tout cela écrit dans un style très beau et efficace à la fois. À lire !